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LION


impunément et même s’éloigne à son approche. La réputation de générosité qu’on lui a faite ne parait guère méritée ; cette générosité n’est autre chose que de l’indifférence de la part d’un carnassier déjà repu. Le

s’effrayer ni de l’odeur ni de la vue du carnassier. Ils le forçaient, le perçaient de flèches et l’achevaient à coups de lance (fig. 87). Voir diverses autres chasses au lion, égyptienne (fig. 88), assyriennes et perses, t. i, fig. 215,

^ÊUffiÈ^

84. — Le lion chassant le cerf. Obélisque de Salmanasar. Brîtish Muséum.

lion se laisse pourtant apprivoiser aisément (fig. 85). Les anciens monarques orientaux avaient des lions qui servaient ainsi à leur agrément. Ramsès II en possédait un qui l’accompagnait docilement dans ses expéditions et donnait avec furie contre les ennemis (fig. 86), Cf. Rosellini, Monumenti storici, pi. lxxxvii, cvii ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. ii, Paris, 1897, p. 393. — 4° Le lion irrité ou affamé se bat les flancs avec sa queue et secoue violemment sa crinière* À ces indices, l’homme n’a qu’à se tenir à distance. Les rugissements que le lion fait alors entendre retentissent au loin, surtout pendant la nuit. Ce sont des accents profonds, mêlés par intervalles, de notes aiguës, qui terrifient tous les autres animaux, même ceux qui sont à l’abri dans des enclos. Ceux qui se sentent menacés s’enfuient, encore avertis d’ailleurs par les fortes émanations qui se dégagent du carnassier. Voir Rugissement. — 5° Pour prendre le lion, les anciens creusaient une fosse profonde, entourée d’un mur de pierres sèches, comme un parc à bestiaux ; au sommet d’une poutre, plantée au milieu de la fosse, ils attachaient un agneau ou un chevreau dont les bêlements attiraient le fauve. Celui-ci, pour s’emparer de la proie, sautait par-dessus le mur et tombait dans le trou dont il ne soupçonnait pas l’existence. Les Arabes et d’autres peuples africains se servent encore du même procédé pour mettre sans danger le lion à portée de leurs coups. On laissait l’animal dans la fosse jusqu’à ce que la faim l’eût exténué. On y descendait alors une cage, voir t. ii, fig. 12, col. 31, au fond de laquelle se trouvait un morceau de viande. Le lion une fois entré, on abaissait la porte, et la cage contenant le prisonnier était hissée à l’aide de cordes. Le lion passait alors dans les parcs royaux, où les princes se donnaient le plaisir de le chasser. Cf. Maspero, Histoire ancienne, t. iii, p. 401402. Les monarques orientaux considéraient la chasse des grands fauves comme un service rendu à leurs sujets ; c’était un office de leur charge au même titre que Ja guerre contre les ennemis. Ils poursuivaient le lion les armes à la main, à l’aide de chevaux et de chiens assez aguerris à cet exercice pour ne pas

col. 898 ; fig. 321, col. 1159 ; fig. 326, col. 1163 ; t. ii, fig. 477, col. 1300. Ils aiment à raconter dans leurs inscriptions leurs exploits cynégétiques. C’est ainsi que, sur l’une des siennes, Théglathphalasar I er nous infoi’me

85. — Lion offert en tribut par un Libyen

au pharaon Toutankhamen. Thèbes. XVIII" dynastie.

D’après Lepsius, Denkmaler, Abth. iii, Bl. 116.

qu’en cinq années seulement il a tué à pied cent vingt lions à coups de flèches et huit cents du haut de son char. Annales de Théglathphalasar 1°, col. vi, 1. 58-81 ; Maspero, Histoire ancienne, t. ii, p. 662 ; cf. t. i, p. 62, 558 ; t. ii, p. 621, 622 ; t. iii, p. 699. Voir aussi Ctésias Persic., 40.