Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/143

Cette page n’a pas encore été corrigée
285
266
LIN — LINDA


derniers livres de la Bible hébraïque. David et les lévites qui portaient l’arche avaient un vêtement (me’îl) de bûs. I Par., xv, 27. Les lévites chargés de chanter dans le temple avaient aussi des robes de bûs. II Par., v. 12. Le roi Hiram envoya à Salomon un ouvrier habile à tisser le bûs. II Par., H, 13. Le voile à l’entrée du Saint des Saints était de bûs. II Par., iii, 14. D’après Ézéchiel, xxvii, 16, parmi les produits que la Syrie apportait sur les marchés de Tyr se trouvait le bûs. Des cordons de bûs et de rouge pourpre soutenaient les tentures [de coton blanc et de pourpre violette dans le palais d’Assuérus. Esth., i, 6. Mardochée portait un manteau jie bûs et de pourpre. Esth., viii, 15. Le mauvais riche, Luc, xvi, 19, avait une tunique de byssus. Les auteurs entendent très diversement quelle étoffe est désignée par ce mot, que le grec rend par p-j<jao ; et le latin par byssus. Les uns y voient le coton, d’autres le liii, d’autres l’un et l’autre. Il faut remarquer que le mot bûs est d’usage plus récent que les noms précédents, et que le chaldéen traduit par ce mot pispim, Ose., ii, 9 ; XLrv, 17, 18, etc., bad, Le v., xvi, 4, etc., et 3êS, Gen., xii, 42 ; Exod., xxv, 4, etc. Les Septante rendent également par |315<x<to ; ou pûooivoi ; le mot bad, I Par., xv, 27, et le mot Ses, Gen., xii, 42. Il parait donc que le bûs n’est qu’un nom araméen du bad, et aussi du Ses, c’est-à-dire du lin. D’après plusieurs même le mot byssus viendrait du mot égyptien ses précédé de l’article, pe-seS on pi-SeS. Le piWoc d’Hérodote, il, 86, bandelettes dont on enveloppait les momies d’Egypte, était bien du liii, comme l’a montré l’étude microscopique de ces bandelettes. Il en est de même des baudriers de byssus que portaient les Perses. Hérodote, vii, 181. Mais les anciens ne paraissent pas avoir toujours nettement distingué dans leurs appellations les tissus de lin de ceux de coton. On signale, I Par., iv, 21, à Jérusalem ou aux environs une fabrique de byssus.

5° On trouve probablement des allusions au lin dans Prov., vii, 16, où le mot’êtûn signifie ou un fll de lin très fin dont on se senait pour fabriquer de belles couvertures de lit, ou l’étoffe même faite de ce fil (cf. le grec ôOdvïi ; voir t. ii, col. 2243) ; également dans Is., iii, 23, et Prov., xxxi, 24, où le motsôrfm désigne une tunique de dessous, faite de lin fin. Cf. le grec, <jiv81àv. Voir Vêteents, Tunique. Dans le livre de l’Ecclésiastique, XL, 4, on parle du pauvre vêtu de toile de lin grossière, (LudXtvov, traduit exactement par la Vulgate, linumcrudurn. Celsius, Hierobotanicon, t. ii, p. 94. Malheureusement le texte hébreu découvert a une lacune à ce motlà même. Dans l’Apocalypse, xv, 6, les anges sont vêtus de fin lin blanc. E. Levesque,

    1. LINCEUL##

LINCEUL (hébreu : sâdîn ; Septante : <xiv8<iv ; Vulgate : sindon), pièce d’étoffe servant à envelopper le corps. — 1° Le mot hébreu sâdîn, qui se retrouve en assyrien sous les formes sudinnou et satinnu, désigne originairement un vêtement de dessous, une sorte de chemise de lin qui se mettait sur le corps même, par dessous les autres vêtements. Cf. Buhl, Gesenius’Mandwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 559. Le mot grec <nv8<ôv, reproduit par le latin sindon, indique un tissu de liii, primitivement fabriqué dans l’Inde, ’IvSô ; . d’où lui est venu son nom. Cf. Hérodote, i, 200 ; ii, 95 ; Thucydide, il, 49 ; Strabon, 693, 717, etc. Il est donc probable que la traduction de sâdîn par <7tvSwv n’est qu’approximative et repose surtout sur une similitude phonétique. Samson proposa une énigme aux Philistins et leur promit, s’ils la devinaient, trente sedînîtn, b&6vioi., « tuniques de linge, s sindones, et autant de tuniques de rechange. Jud., XIV, 12, 13. Les sedînîm sont des . chemises de lin qui se portaient la nuit et se gardaient le jour comme vêtement de dessous. Cf. Rosenmûller, Jesaise Vaticin., Leipzig, 1810, t. i, p. 132. La femme louée dans les Proverbes, xxxi, 24, faisait elle-même des

sedinîm, oivôôvaç, sindonem, et les vendait aux marchands. Isaïe, iii, 23, cite ces sortes de chemises fines, ta pû<xoivo, les étoffes de byssus, sindones, parmi les objets de toilette dont s’enorgueillissaient les femmes de Jérusalem. — Dans le Nouveau Testament, le <riv8<5v n’apparaît qu’une seule fois avec le sens de vêtement de dessous. Au moment de l’arrestation du Sauveur, un jeune homme, réveillé sans doute par le bruit de l’escorte qui passait près de sa maison, revêtit à la hâte sa chemise de liii, que les Juifs d’alors ne gardaient pas au lit, cf. lken, Antiquitates hebraicse, Brème, 1741, p. 544, et sortit pour voir ce qui se passait. La conleur blanche de son vêtement attira l’attention de l’escorte, désireuse avant tout d’éviter qu’on fût averti dans la ville de ce qui se préparait. On mit la main sur le jeune homme ; mais celui-ci s’enfuit en abandonnant ce qui le couvrait et échappa à la faveur de la nuit. Marc, xiv, 51, 52. Comme le mot nudus, « nu, » s’appliquait souvent, chez les anciens, à celui qui n’avait quitté que ses vêtements de dessus, cf. Joa., xxi, 7, il se pourrait que le jeune homme en question eût jeté, par-dessus sa chemise, une sorte de drap qu’il abandonna ensuite pour s’enfuir. Mais, en Orient, on ne se sert guère, pour dormir, que de couvertures de couleur en laine, voir Laine, col. 34, Lit, et ces couvertures ne peuvent être désignées par le mot sindon, qui ne convient qu’à une étoffe de lin. La première explication est donc plus probable.

2° Dans l’Évangile, il est surtout question du linceul à propos de l’ensevelissement du Sauveur. Les écrivains sacrés distinguent très nettement entre le a-tvSeàv, sindon, linceul qui enveloppait tout le corps, Matth., xxvli, 59 ; Marc, xv, 46 ; Luc, xxiii, 53, et le <jov81piov, sudarium, pièce de lin beaucoup moins ample qui n’entourait que la tête du mort. Joa., xi, 44 ; xx, 7. Le linceul de Notre-Seigneur était une pièce d’étoffe de liii, toute blanche, qu’acheta Joseph d’Arimathie et dans laquelle fut enseveli le corps du Sauveur. Voir Ensevelissement, t. ri, col. 1816, 1817. À partir du XIIIe siècle, on donna au mot sudarium, « suaire, » le sens qui appartenait proprement au mot sindon, linceul. C’est donc sous le nom de suaire qu’on parle le plus habituellement du linceul de Notre-Seigneur. Voir Suaire. — Les morts étaient ordinairement enveloppés dans un linceul ; mais on ne repliait sur eux cette pièce de lin qu’au sépulcre. C’est ce qui fait que le jeune homme de Naïm peut se relever dans son cercueil ouvert sans être embarrassé par son linceul. Luc, vii, 15. Quand Lazare ressuscité parut à la porte de son tombeau, il avait les mains et les pieds iiés de bandes d’étoffe et la tête entourée d’un suaire qui était attaché. Joa., xi, 44. Le linceul proprement dit enveloppait le tout ; mais il avait dû rester sur la banquette de pierre du sépulcre, car l’Évangéliste ne le mentionne pas, et d’ailleurs le linceul eût empêché de voir les bandelettes des extrémités et le suaire de là tête. Le cadavre avait évidemment une autre enveloppe que ces bandelettes et ce suaire pour paraître aux yeux des assistants. Au moment des fiançailles, les deux futurs époux se donnaient mutuellement un vêtement de dessous, un sindon ou chemise, qu’ils mettaient par dessus leurs autres vêtements le jour de l’Expiation et aux jours ^de jeûne, et avec lequel il était de règle qu’on les ensevelit. Cf. Iken, Antiq. hebr., p. 544, 610. Cette coutume, que les Juifs prétendent ancienne, était probablement déjà en vigueur à l’époque évangélique. En tout cas, Lazare ressuscité portait quelque chose d’équivalent. Il n’en est point question dans la sépulture de Notre-Seigneur, parce que son ensevelissement était provisoire et que les soldats avaient pris possession de tous les vêtements qu’il portait avant sa crucifixion.

H. Lesêtre.
    1. LINDA##

LINDA (Guillaume Damase van), prélat catholique hollandais, né à Dordrecht en 1525, mort à Gand le