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LIN

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Lin d’hiver a déjà sa tige bisannuelle ; d’autre part, la forme distinguée par Jordan, sous le nom de Linum ambiguum, qui croît en touffes sur les coteaux arides du midi, bien qu’annuelle comme la plante cultivée,

77. — Linum

usitatissimum.

78. — Linum

anRUslifolium.

ressemble au type sauvage ordinaire par ses faibles dimensions, ses fleurS’pâles à pétales non denticulés. Aux mêmes caractères correspond encore un lin subspontané dans les cultures de l’Egypte et de la Syrie que Miller avait jadis décrit sous le nom de Linum humile.

F. Hy.

II. Exégèse. — 1° Plante. — Il ne fait de doute pour personne que le nom du lin en hébreu ne soit pêiéf, pistâh. Les Septante rendent ce mot parXivovet la Vulgate par linum. Saint Matthieu, xii, 20, citant un passage d’Isaïe, xlii, 3, où ce mot se rencontre, le traduit par Xtvov, linum. Le nom hébreu a deux formes, une masculine plus employée, pêSét, et une forme féminine, pistâh. Ce mot se rencontre dans Exod, , IX, 31, pour désigner la plante poussant dans les champs ; dans Jos., Il, 6, pour exprimer les tiges coupées et réunies en bottes, ou gerbes, pisfê hâ’ês (Septante : XivoxâXa|jw] ; Vulgate : stipula Uni) ; dans Prov., xxxi, 13 ; Is., xix, 9 ; Ose., ii, 5, 9 (hébreu, 7, 11), pour les filaments ou fibres détachées de là tige ; dans Jud., xv, 14, et Ezech., xl, 3, pour la corde en fil de lin ; dans Is., xlii, 3, et Matth., xii, 26, pour la mèche faite de ces fils ou de la filasse. L’étoupe de lin se nomme ne’ôi-êp. Jud., xvi, 9 ; Is., 1, 31.

Le premier endroit où la Sainte Écriture mentionne le lin nous marque sa présence en Egypte. Exod., ix, 31. Dans la plaie de la grêle, le Un fut frappé par le fléau quand il était en fleur, ou selon d’autres en bouton. Dans sa prophétie contre l’Egypte, Isaïe, xix, 9, nous montre « ceux qui travaillent le lin peigné dans la consternation ». Le lin était connu en Egypte depuis la plus haute antiquité : c’était un des principaux produits de ce pays. On le cultivait et le travaillait un peu partout, mais surtout dans la Basse Egypte. Pline, H. N., xix, 2, signale quatre espèces plus célèbres, le lin de Tanis, . celui de Péluse et celui de Bouto, tous les trois dans le Delta, . et celui de Tentyris dans la Haute Egypte. D’après Hérodote, ii, 37, 81, 86, 105, on en consommait d’énormes

quantités pour l’usage des vivants et pour les bandelettes des morts. On a reconnu en étudiant au microscope ces bandelettes que la plupart étaient en liii, un petit nombre seulement en coton. Les capsules de lin trouvées dans les tombeaux ont permis de reconnaître que l’espèce cultivée par les anciens Égyptiens était surtout le Linum humile : c’est encore celle qu’on cultive dans la vallée du Nil. V. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., Paris, 1892, p. 106. La mention du lin revient fréquemment dans les inscriptions funéraires soit sous la forme

archaïque J^ " = ~ l II > hémâ, soit sous la forme plus

récente et plus fréquente, _ jj *"" ». | t)t mdhi, conservée en copte, - « £., £1. Dès la fin de la troisième dynastie, nous voyons Amten préposé comme « directeur de tout le lin du roi » pour le nome Xoïte. Lepsius, Denkrn., ii, pi. 5 ; G. Maspero, Études égyptiennes, t. ii, fasc. 2, 1890, p. 160-161. Les peintures des tombeaux nous font souvent assister aux diverses opérations de la récolte et de la préparation du lin. Ici des ouvriers, selon la façon actuelle, arrachent les tiges à poignées sans les couper comme les céréales, et les lient en bottes (fig. 79). Rosellini, Monumenti delV Egitto, t. i, p. 133 et t. ii, pi. 35, 36 ; Mariette, Les Mastabas, p. 337 ; Lepsius, Denkm., ii, pi. 106-107. À côté, d’autres ouvriers tenant une botte ou petite gerbe de lin de la main droite, en frappent la main gauche pour faire tomber les graines. Lepsius, ibid. ; G. Maspero, Etudes égyptiennes, t. ii, fasc. 1, 1888, p. 85, 86. Les peintures de Beni-Hassan nous mettent sous les yeux les opérations du rouissage du lin qu’on fait ensuite sécher, du teillage et du peignage, Is., xix, 19 ; du filage et du tissage (fig. 80). Lepsius, Denkm., t. ii, pi. 126 ; Rosellini, t. ii, pi. 35, 41, 42 ; Wilkinson, t. iii, p. 138, 140 ; A. Erman, Life in ancient Egypt, traduct. Tirard, in-8°, Londres, 1894, p. 448 ; Fr. Wœnig, Die Pflanzen im alten Aegypten, in-8°, Leipzig, 1886, p. 184-186.

La Palestine connaissait le lin avant la conquête des Hébreux. Jos., ii, 6. Il est probable du reste que ce pays le cultiva avant l’Egypte : car selon Alph. de Candolle, Origine des plantes cultivées, in-8°, Paris, 1886, p. 102, les Égyptiens auraient reçu leur lin d’Asie. On sait que son usage en Chaldée se perd dans la nuit des temps : le lin a été retrouvé dans un tombeau de l’ancienne Chaldée, remontant à une époque très reculée. De Candolle, ibid. Quoi qu’il en soit de son antiquité, c’était un des plus importants produits de la Palestine. Ose., ii, 5, 9 (hébreu, 7, 11). D’après le Talmud, Kethouboth, v, 9, c’est en Galilée que le lin était le plus abondant. On trouve actuellement en Palestine diverses espèces de lin : à côté du Linum usitatissimum et de l’angustifoliimi, les espèces ou variétés, Linum humile, Linum orientale (fig. 81), Linnni spicatum (fig. 82), etc. Les Hébreux, qui avaient vu la culture et la préparation du lin chez les Égyptiens, leur ont sans doute emprunté leurs procédés, connus peut-être déjà du reste par les Chananéens. Cependant, l’eau étantplus rare en Palestine, ils pouvaient ne pas employer le rouissage et se contenter de faire sécher les chénevottes au soleil. Il y est fait allusion dans Jos., ii, 6 ; Rahab cache les espions juifs sous des tiges de lin étendues sur le toit plat de son habitation : elle était alors occupée, explique Josèphe, Ant. jud., V, I, 2, à sécher des bottes de lin sur le toit de sa maison. On fait mention du filage du lin dans Prov., xxxi, 13, 19 ; il y est dit de la femme laborieuse :

Elle se procure la laine et le lin Et travaille de sa main joyeuse… Elle met la main à la quenouille

Et ses doigts prennent le fuseau.

Le Talmud parle fréquemment de l’ensemencement,