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LIÈVRE — LIGHTFOOT

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d’Esdrelon..Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 185. Il est semblable à celui de nos pays, avec les oreilles plus courtes et la tête plus large. Le lepus Judseœ {dg. 74). fréquente les régions méridionales de la Ju 74. — Lepus syriacus.

<lée et la vailée du Jourdain ; il abonde dans les lieux les plus arides. Il a la taille plus petite que le précédent, de longues oreilles et le pelage fauve. On trouve des levrauts à toutes les époques de l’année, les deux espèces précédentes ayant quatre petits à chaque portée. D’autres espèces, peu différentes d’ailleurs, mais de moindre taille encore, se rencontrent accidentellement du côté de la frontière du sud-est, le lepus sinaiticus, qui est le lièvre d’Arabie, le lepus segyptiacus, commun en Egypte, et le lepus isabellinus, ainsi nommé à cause de sa couleur chamois. Cf. Tristram, The natural History of the Bible Londres, 1889, p. 99. Lortet, Là Syrie d’aujourd’hui, p. 413, 455, a constaté dans les environs de Jéricho la fréquence en nombre du lepus sinaiticus. Les Hébreux avaient connu dans la terre de Gessen le lièvre sinaïtique et le lièvre d’Egypte. Les monuments figurés les représentent (fig. 75), et Je nome central de la. Moyenne 75. — Égyptien portant un lièvre et deux hérissons dans des

cages. Beni-Hassan. XII’dynastie.

D’après Lepsins, Denkmàler, Ahth. D, H. 120.

Egypte s’appelait le « nome du lièvre ». Les Arabes estiment beaucoup la chair du lièvre. La loi mosaïque la défend aux Israélites, Lev., xi, 6 ; Deut., xiv, 7, sans doute parce que cette nourriture est lourde et facilement indigeste, surtout dans les pays chauds. Les Syriens d’aujourd’hui ne mangent pas la chair du lièvre, qui pourtant abonde autour d’eux ; ils prétendent que cet aliment peut donner la fièvre. Cf. Vigouroux, Les

Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., Paris, 1992, t. lv, p. 434. Pour permettre de distinguer le lièvre et de le ranger parmi les animaux impurs, le texte sacré dit qu’il rumine. Or, on sait que le lièvre ne peut prendre rang à aucun titre parmi les ruminants. De là une ditflculté, soulevée déjà au sujet du daman, voir ChœrogryllE, t. ii, col. 714, et qu’on ne se lasse pas de mettre en avant. Cf. L’encyclique et les catholiques anglais et américains, Paris, 1894, p. 36-37, traduction d’un article de la Conteniporary Review, avril 1894. L’expression hébraïque que la Vulgate rend par le mot ruminare est hë’élâh gêrâh, que les Septante traduisent par àvayeïv (t7)(>uxi<r[iivv, « ramener en haut la rumination. » Buhl, Gesenius’Handwôrterbuch, Leipzig, 1899, p. 161, rattache gêrâh à la racine gârâh, dont le sens n’est déterminable que par celui des dérivés gârôn, « gosier, » et l’arabe gêrn, « gosier. » Le mot gêrâh a donc un sens analogue, très probablement le même que (l’jxx » )pifffidç ; il marque l’acte de ruminer, ou ce qui remonte dans le gosier. L’expression hébraïque signifierait donc « faire remonter ce qui est dans le gosier », ou, en un seul mot, c< ruminer. » On arrive au même sens en acceptant l’étymologie de Gesenius, Thésaurus, p. 305, qui rattache gêrâh à la racine gârar, à laquelle il attribue le sens de « ruminer ». Il est donc certain que l’auteur sacré n’entend pas donner à hë’ëldh gêrâh le sens de « remuer les lèvres », mais celui de ruminer. Toutefois, on ne pourrait prétendre raisonnablement que par « ruminer » il veuille signifier « avoir plusieurs estomacs et en faire remonter la nourriture pour la remâcher ». Il caractérise la rumination par une marque extérieure, facile à reconnaître, le mâchonnement perpétuel, sans affirmer qu’il y a rumination réelle. Il parle d’après les apparences, comme le font si souvent, et à si bon droit, les écrivains inspirés. C’est ici un de ces cas où, suivant l’enseignement de l’Encyclique Providentissimus, cꝟ. 1. 1, p. xxtx, l’auteur sacré décrit un phénomène naturel « en se servant du langage communément usité de son temps, langage dont les plus grands savants se servent encore de nos jours dans la vie ordinaire ». Il est curieux de rapprocher de cette observation de l’Encyclique la manière dont Linné parle du lièvre dans son Systema naturee, Lyon, 1789, t. i, p. 160-161 : Victitat ruminans raniulis fruticum et cortice arborum, « il se nourrit, en ruminant, de rejetons d’arbrisseaux et d’écorce d’arbres. » Cf. Rosenmùller, In Levit-, Leipzig, 1798, p. 62. Le savant s’exprime ici comme le législateur antique ; on ne l’accusera pas, cependant, d’avoir pris le lièvre pour un ruminant. Moïse exige deux conditions pour que les animaux puissent servir de nourriture : qu’ils soient ruminants, et qu’ils aient aux pieds une corne fendue. Lev., xi, 2. Le daman et le lièvre, qui semblent ruminer, sont exclus parce qu’ils n’ont pas aux pieds des cornes fendues. Les quatre doigts que le lièvre porte à chaque patte ne forment point de corne, et sont enfermés dans une peau qui ne laisse distinguer

que les quatre ongles.

H. Lesêtre.

1. LIGHTFOOT John, théologien protestant anglais, né le 29 mars 1602, à Stocke, dans le comté de Stafford, mort à Ely, le 6 décembre 1675. Après avoir suivi les leçons du docteur Whitehead, à Congletori, dans le comté de Chester, il entra en juin 1617 à Ghrist’s collège, à Cambridge. Après avoir achevé ses études, il passa deux ans à Repton, dans le comté de Derby, en qualité d’assistant de son vieux maître Whitehead, qui tenait une école dans cette ville. Puis il entra dans l’état ecclésiastique et fut nommé pasteur à Norton-in-Hales, dans le comté de Shrop, où il lit la connaissance de Rowland Cotton, dont il devint le chapelain, et "qui lui facilita l’étude des langues orientales, en particulier de l’hébreu. Il ne tarda pas à accompagner son protecteur à Londres, puis il fut, bientôt après, nommé ministre à