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LIEN


Jud., xv, 14, et, au figuré, les liens de la passion, Eccte., vil, 27, en chaldéen, ’ësûr, Dan., iv, 12, 20 ; I Esd., vii, 26 ; — 3f> môaêr, 8eir(iôç, vinculum, le lien avec lequel on attache les esclaves et les prisonniers, Job, xxxiii, 16 ; xxxix, 5 ; Ps. ii, 3 ; cvn (cvi), 14 ; cxvi.(cxv), 16 ; Is., xxviii, 22 ; iii, 2 ; Jer., ii, 20 ; v, 5 ; xxvii, 2 ; xxx, 8 ; Nah., i, 13 ;

— 4° ma’âdannôt, 8î<t|ju5 ; , conjungere, les liens qui unissent les étoiles de la constellation des Pléiades. Job, xxxviii, 31. Le plus souvent, l’idée de « lien » est exprimée par les verbes qui signifient « lier » : ’âsar, lyâbas, qâSad, ’âsam, ’âqad, §âmad, l}âzaq, dont les quatre derniers ne sont employés qu’une seule fois ; chaldéen, kefat ; Septante : êsirfieijeiv, 8etv, Sr)<rai, êraSeïv, xaTaSeïv, àipanTEÏv ; Vulgate : Ugare, alligare, vincire.

I. Au sens propre. — 1° Il y a des liens qui servent à attacher les animaux. Gen., xlix, 11 ; IV Reg., vii, 10 ; Matth., xxi, 22 ; Marc, xi, 2, 4 ; Luc, xix, 30. Mais certains animaux, comme le buffle et le crocodile, ne peuvent être attachés. Job, xxxix, 10 ; XL, 24. Au bœuf qui foule le grain, on ne doit pas lier la bouche. Deut., xxv, 4 ; I Cor., ix, 9 ; I Tim., v, 18. Voir Bœuf, t. i, col 1830.

— 2° Quelquefois on liait les victimes avant de les immoler. Ps. cxviii (cxvii), 27 (hébreu). C’est ainsi qu’Abraham procéda à l’égard d’Isaac Gen., xxii, 9. — 3° Il est question de liens pour faire des gerbes, Gen., xxxvii, 7 ; Judith, viii, 3 ; des bouquets d’hysope, Exod., XII, 22 ; des bottes de mauvaises herbes, Matth., xiii, 30 ; pour attacher différents objets, des coffres et des ballots de marchandises, Ezech., xxvii, 24 ; le rational, Exod., xxxix, 19 ; Lev., viii, 13 ; Ezech., xxiv, 17 ; un ornement à la coiffure, Exod., xxviii, 37 ; une épée au côlé, II Reg., xx, 8 ; un objet à un autre, Judith, xiii, 8 ; Is., lviii, 6 ; Jér., li, 63 ; ou enfin pour servir de signe Gen., xxxviii, 27 ; Jos., ii, 18. Voir Ceinture, t. ii, col. 389 ; Corde, t. ii, col. 964. — 4° On liait de cordes ou de chaînes ceux dont on voulait s’emparer ou que l’on gardait prisonniers. La Sainte Écriture mentionne ainsi les liens de Joseph, Sap., x, 14 ; de Siméon, Gen., xlii, 16, 34, 36 ; de Samson, Jud., xvi, 5, 6, 12, 13 ; de saint Jean-Baptiste, Matth., xi, 2 ; xiv, 3 ; de Notre-Seigneur pendant sa passion, Joa., xviii, 12, 24 ; de saint Paul, Act., xx, 23 ; xxiii, 29 ; xxvi, 29, 31 ; Phil., i, 7, 13, 14, 17 ; Col., iv, 18 ; II Tim., ii, 9 ; Philem., 10, 13 ; des serviteurs de Dieu, Heb., xi, 36 ; des premiers disciples du Sauveur, Act., IX, 14 ; de prisonniers, Ezech., iii, 25 ; iv, 8 ; de fous à châtier, Prov., vii, 22 ; de possédés furieux. Luc, viii, 29, etc. Parfois on liait les mains et les pieds de ceux qu’on voulait maltraiter. Judith, VI, 9 ; Dan., iii, 21 ; Matth., xxii, 13 ; Act., xxi, ll, 13, 33 ; xxii, 29. Voir Chaîne, t. ii, col. 481. — 5° Les liens devenaient encore des bandeaux pour couvrir les yeux, Is., xxxiii, 15 (hébreu) ; des bandages pour panser les blessures, Job, v, 18 (hébreu) ; Is., xxx, 26 ; Jer., xxx, 13 ; Ezech., xxx, 21 ; xxxiv, 4, 16 ; Ose., vi, 1 (hébreu) ; Luc, x, 3’t, et des bandelettes pour ensevelir les morts. Joa., xi, 44 ; xix, 40. Voir Bandelettes, t. i, col. 1427. — 6° On lit dans l’Épitre de Jérémie, Baruch, vi, 42-43, que les femmes babyloniennes se tiennent assises sur les chemins « ceintes de liens », nep16é".Evai u^oivs’a, circumdatx funibus, en signe de consécration au culte d’Istar. Voir Hérodote, i, 199 ; Strabon, xvi, 1. Un bas-relief trouvé à Charcamis (fig. 72) représente peut-être une de ces femmes.

II. An sens figuré — 1° Les liens désignent d’abord toute contrainte physique, celle de la servitude, ls., xxviii, 22 ; lii, 2 ; Jer., ii, 20 ; v, 5 ; xxvii, 2 ; xxx, 8 ; Nah., i, 13 ; du châtiment, Ps. cxlix, 8 ; Is., xxviii, 22 ; de l’infirmité qui empêche de parler, Marc, vii, 35, ou de se mouvoir. Luc, xiii, 16.. II est dit qu’Abner n’avait pas les mains liées, pour signifier qu’il aurait pu se défendre. II Reg, , iii, 34. Les pires liens sont ceux des démons dans leur enfer. Judæ 6. — 2° Ils désignent ensuite la contrainte morale, de caractère odieux, celle qu’il faut

imposer aux puissances spirituelles adverses, Matih., xii, 29 ; Marc, iii, 27 ; celle qu’une langue perverse exerce sur ses victimes, Eccli., xxviii, 23 ; celle qui résultait des minutieuses prescriptions des pharisiens, Matth., xxiii, 4 ; celle enfin à laquelle la sagesse soumet un sot. Eccli. , xxi, 22. — 3° Les liens marquent encore les obligaftions morales imposées ou proposées à la volonté de l’homme. Ainsi sont mentionnés le lien du mariage, Rom., vii, 2 ; I Cor., vii, 27, 39 ; le lien de l’alliance, Ezech., xx, 37 ; le lien de la sagesse, Eccli., vi, 26 ; le lien de la paix, Eph., iv, 3 ; le lien de la perfection, qui est la charité, Col., iii, 14 ; les liens d’amour qui attirent la créature au Créateur. Ose., xi, 4.-4° Enfin la Sainte Écriture marque sous cette forme l’attachement qu’il faut avoir pour la Loi. L’Israélite doit lier les commandements à ses mains et à son cou, Deut., vi, 8 ; xi, 18 ;

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&& 72. — Femme.’. ! _ ? liens autour de la ceinture. D’après le Graphie, Il décembre 1880, p. 608.

Prov., iii, 3 ; vi, 21 ; vii, 3, c’est-à-dire qu’il doit les avoir sans cesse présents à la pensée afin de les pratiquer dans sa conduite. Les pharisiens prirent à la lettre cette prescription, et se crurent fidèles à la loi en portant sur eux des bandes d’étoffe ou de parchemin sur lesquelles étaient écrits des versets de la Loi. Voir Phylactères. III. Le pouvoir de « lier » et de « délier ». — Notre-Seigneur donne à Pierre les clefs du royaume des cieux, et ajoute : « Ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » Matth., xvi, 19. Il dit ensuite à tous les Apôtres : « Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. » Matth., xviii, 18. Comme dans le premier passage l’idée de lier et de délier semble dépendre du don des clefs, plusieurs auteurs ont pensé que la métaphore employée par Notre-Seigneur supposait des clefs servant à lier ou à délier des cordes ou des courroies. Chez les Grecs, il est question d’un verrou ou clef, xXei’; , que deux courroies font manœuvrer par ses extrémités, même du dehors, pour fermer ou ouvrir une porte. Iliad., xiv, 168 ; Odyss., i, 442 ; iv, 802, etc. D’autres fois, ce sont des courroies qui assujettissent un verrou, xXetépov, et qu’on délie pour ouvrir. Eschyle, Sept., 396. Il n’y a pas là, cependant, de clef ou de verrou liant et déliant ; d’ailleurs, les serrures en usage chez les Hébreux étaient d’autre nature, et ne semblent pas avoir comporté de nœuds à faire ou à défaire. Voir Clef, t. ii, col. 800. Il n’y a donc pas de dépendance entre les deux métaphores. Pierre reçoit les clefe du royaume