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LÉZARD — LIA


de Palestine. On le trouve peu dans les endroits cultivés ; il fréquente de préférence les régions arides et rocheuses, comme les environs de la mer Morte. À la différence des lézards, il ne grimpe pas, mais se cache dans le sable ou sous les pierres. Les pattes des scinques sont très courtes ; chez certaines espèces, elles sont rudimentaires ou même cachées sous la peau, ce qui fait que ces animaux se meuvent à la manière des serpents. Le Pseud/ipus pallasii, serpent de verre ou orvet, a les pattes invisibles et la peau noire, ce qui fait prendre ce saurien pour un serpent par les indigènes. Rien pourtant de plus inoffensif que cet animal. Il est long de deux pieds à deux pieds et demi, sa queue comptant pour les deux tiers de sa longueur. Il vit surtout dans les plaines cultivées et s’y nourrit de petits lézards et de souris. Aux environs de Nazareth, on rencontre dans les herbes et dans les pierres d’énormes Pseudopus, dont plusieurs atteignent presque le diamètre du poignet. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 176.

2° Le homét, £aXot6ciT/)ç (àuxaXotëcîpTrK, « lézard moucheté, » Aristote, Hist. animal, , IV, xi, 9), stellio, Lev., XI, 30, est vraisemblablement un saurien du genre seps, le lézard des sables ou chulaca des Arabes, qui habite les lieux secs et sablonneux, surtout dans le désert de Judée, la vallée du Jourdain et la presqu’île sinaïtique. Les animaux de ce genre sont généralement petits et ont la couleur du sable dans lequel ils se terrent. Plusieurs espèces n’ont pas de pattes visibles. Les Arabes les appellent « poissons de sable » et en mangent la chair qui est blanche et agréable. Il est assez à croire que Moïse aura voulu désigner par un nom particulier ce petit animal que les Hébreux rencontrèrent à tout instant dans le désert et qui avait toutes les allures du serpent.

3° Le sâb, xpox<îp8eiXoç, crocodilus, Lev., xi, 29, a été regardé par les versions comme un saurien de taille considérable, puisqu’ils le prennent pour le crocodile. C’est le dhabb des Arabes, YUromastix spinipes (fig. 59),

59. — Uroma&tix spinipes.

grand lézard commun dans le nord de l’Afrique, en Arabie et dans le désert de Judée. Il atteint quelquefois une longueur de deux pieds. Il a une forte queue ; large et massive, couverte par des rangées concentriques d’écaillés très piquantes, dont il se sert avec succès comme d’une arme défensive. Il vit dans les trous de rochers et peut se terrer dans le sable. Il est de couleur verte, tachetée de brun, se fonçant quand l’animal est irrité. Il se nourrit d’insectes, mais ne craint pas parfois de s’attaquer même à des poulets. Les Arabes prétendent qu’il tient tête au céraste, et que, quand celui-ci envahit son trou, il a bientôt les vertèbres disloquées par les coups de la puissante queue du dhabb. Ce lézard a une allure lente, gauche et craintive en apparence. On peut l’apprivoiser et les Bédouins le mangent. Tristram, The natural History of the Bible, Londres, 1889, p. 255-256, 266-269.

4° Le koah, Lev., xi, 30, dans lequel les versions voient un caméléon, bien que le nom de ce dernier soit


tinsémét. Voir t. ii, fig. 33, col. 90. Le mot koafy désigne probablement les sauriens appelés monitors ou varans, dont la taille est intermédiaire entre celle des crocodiles et celle des lézards ordinaires. Le Monitor terrestris (fig. 60) et VHydrosaurus niloticus font la chassa

60. — Monitor terrestris.

aux œufs de crocodile et en détruisent un grand nombre. Le premier, appelé aussi Psammosaurus scincus, long parfois de quatre à cinq pieds, est commun dans les sables de l’Egypte, dans la presqu’île sinaïtique, la partie méridionale de la Judée et même dans la vallée du Jourdain. Les gens du pays le mangent. Le second est maintenant plus abondant en Egypte, où il était jadis un objet de respect. Il atteintl m 30 à l 1° 65 centimètres de long. On le trouve en Palestine, mais assez rarement. Cf. Tristram, The natural History, p. 262 ; Fillion, Allas d’hist. nat. de la Bible, Paris, 1881, p. 61.

5° Le Seniâmif, xot>aMTr)t, stellio, est le lézard ordinaire, le même que le letâ’âh. Il est dit de lui : « Le lézard saisit avec les mains et se trouve dans les palais des rois. » Prov., xxx, 28. Il est mis sur le même rang que la fourmi, le daman et la sauterelle, et tous quatre sont qualifiés de petits animaux fort sages. Le lézard justifie cette mention, parce qu’en grimpant il sait trouver un refuge jusque dans les palais des rois. En dehors de ce dernier passage, la Bible ne parle des lézards que pour défendre aux Hébreux de les manger. Cette défense avait sans doute pour motif la difficulté de dis--cerner ceux qui sont comestibles et que les Bédouins pauvres sont d’ailleurs les seuls à manger, et aussi la ressemblance de certains d’entre eux avec les serpents.

H. Lesêtre.

LIA (hébreu : Lê’âh ; Septante : Aeîa), fille de l’araméen Laban et sœur de Rachel. Gen., xxix, 16. Elle devint, par une supercherie de son père, l’épouse de Jacob, à la place de Rachel, qui était désirée par Jacob, et pour laquelle celui-ci avait servi Laban pendant sept années. Lia se prêta à cette fraude, s’appuyant, comme son père, sur une coutume d’après laquelle une fille cadette ne devait pas être mariée avant sa sœur aînée. Gen., xxix, 22-26. Moins favorisée de la nature que Rachel, elle avait de plus une infirmité d’yeux qu’il est difficile de déternjiner. C’était, d’après les Septante, une faiblesse de’vue, ô ?6a>|io « uOsveîç ; des « yeux chassieux », selon la Vulgate, dont la traduction ne semble pas justifiée. Gen., xxx, 17. Tant à raison de cette infirmité que pour la fraude qui l’avait faite épouse de Jacob, Lia ne put jamais obtenir de son mari une grande affection. Au contraire, Rachel que, huit jours après son mariage avec Lia, Jacob avait prise comme seconde épouse, voir Polygamie, fut toujours l’objet de sa prédilection. Voir Rachel. C’est pourquoi, au moment critique où Ésàù s’avançait menaçant, à la tête d’une troupe armée, Jacob plaça le plus loin possible du dan IV. - 8