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LACET, ou LACS, lien de corde disposé pour prendre une proie sans qu’elle s’y attende et la retenir comme dans un piège. Plusieurs mots hébreux servent à désigner le lacet, toujours d’ailleurs dans un sens figuré : — 1° Ḥébél, σχοινία, funes, le piège de corde que l’on tend pour s’emparer d’un ennemi. Ps. cxix (cxviii), 61 ; cxl (cxxxtx), 6. Ce piège saisit par le talon. Job, xviii, 9. Le même nom est donné aux lacs de la mort qui surprend sa proie, II Reg., xxii, 6 ; Ps. xvii (xviii), 5(hébreu), et à ceux du šeʾôl qui la détient. Ps. xvii (xviii), 6 ; cxvi (cxiv), 3 (hébreu). Voir Corde, t. ii, col. 964. — 2° Malkodéṭ, de lâkad, « prendre au piège, » σχοινίoν, pedica, le lacet caché sur le sol pour prendre le passant par le pied. Job, xviii, 10. Cf. Is., viii, 15 ; xxviii, 13. Les nations tombent dans la fosse qu’elles ont creusée et leur pied est pris au lacet, nilkedâh, συνέληφθή,comprehensus est. Ps. ix, 16. — 3° Môqêš, le lacet servant à prendre un gros animal. Job, XL, 19 (24). L’oiseau ne peut se prendre au filet s’il n’y a pas de môqêš, ἐξευτής, auceps. Am., iii, 5. Le môqêš n’est pas l’oiseleur, comme traduisent les versions, mais le lacet invisible qui met le filet en mouvement. Voir Filet, t. ii, col. 2245. Le moqês est l’image des embûches que le méchant dresse contre le serviteur de Dieu. Ps. lxiv (lxih), 6 ; cxl (cxxxix), 6. — 4° Sammim, le lacet qui accompagne le piège. Job, xviii, 9. À la place de ce mot, les versions ont lu èemêyim, διψῶντες, sitis. — 5° C’est avec le lacet, laqueus, qu’on suspend au gibet. Gen., XL, 19, 22 ; xli, 13 ; Num., xxv, 4 ; Jos., viii, 29 ; x, 26 ; I Reg., xxxi, 10 ; Esth., vii, 10 ; ix, 13, 14 ; I Mach., i, 64, etc. Judas se pendit de la sorte. Matth., xxvii, 5 ; Act., i, 18. — 6° Les lacets du diable sont ses tentations de toute nature. I Tim., iii, 7 ; vi, 9 ; II Tim., ii, 26.

H. Lesêtre.

LA CHETARDYE (Joachim Trotti de), né le 23 novembre 1636, au château de la Chetardye, sur la paroisse d’Exideuil (Charente), autrefois du diocèse de Limoges, mort à Paris, le 9 juin 1714. Sa famille était originaire d’Italie. Admis au séminaire de Saint-Sulpice en 1657 et dans la Société des prêtres de ce nom en 1663, il alla d’abord enseigner la morale au séminaire du Puy, où l’évêque le chargea du soin des conférences ecclésiastiques, dont M. de la Chetardye rédigea ensuite et fit imprimer les résultats. En 1679, sur le désir de l’archevêque de Bourges qui venait de confier son séminaire aux prêtres de Saint-Sulpice, il fut adjoint aux nouveaux directeurs et chargé de desservir la paroisse de Moutier-Moyen qui était unie au séminaire. Celle de Saint-Sulpice, à Paris, l’eut pour pasteur depuis le 13 février 1696 jusqu’à sa mort ; et il s’y appliqua surtout au soin des congrégations religieuses, des pauvres et des enfants, pour lesquels il multiplia les écoles gratuites jusqu’au chiffre de 28. En même temps, il était supérieur de plusieurs couvents de religieuses. De concert avec Fénelon et M. Tronson, il négocia et obtint, en 1696, de Mme Guyon, un désaveu formel des erreurs contenues dans ses écrits, et fut même appelé à la diriger pendant sa détention à Vaugirard. Il dirigea aussi la princesse de Condé et la princesse de Conti qui habitaient sur sa paroisse ; et, à partir de 1709, Mme de Maintenon, après la mort de Godet des Marais, évêque de Chartres. M. Leschassier, supérieur de Saint-Sulpice, écrivait le 21 avril 1702 : « Le jour de Pâques, M. de la Chetardye fut nommé à l’évêché de Poitiers par le roi. Il écrivit aussitôt à Sa Majesté pour le prier d’agréer ses excuses. Sa lettre a été bien reçue, et Sa Majesté en a été si édifiée qu’il l’a fait voir à plusieurs courtisans. M. le Prince, Mmes les princesses de Condé et de Conti sont venus le

voir pour témoigner de la joie qu’ils avaient de sa nomination et de son refus. Ses paroissiens en sont charmés. » On a de lui : Explication de l’Apocalypse par l’histoire ecclésiastique, Bourges, 1691, in-8o ; réimprimée à Paris, de format in-4°, en 1701, 1702 et 1707, sous ce titre : L’Apocalypse expliquée par l’Histoire ecclésiastique, avec les Vies de quelques Empereurs romains, auteurs de la dernière persécution dont il est parlé dans cette explication de l’Apocalypse. Cf. Journal des Savants, année 1695, in-4°, p. 129, 130, et année 1701, p. 353, 354 ; Mémoires de Trévoux, novembre 1702, p. 63-78, et décembre 1707, p. 2022-2031 ; Bible de Vence, Préface (par Rondet) sur l’Apocalypse, art. vi, — Le système de M. de la Chetardye a été complété et perfectionné dans l’ouvrage suivant : Histoire générale de l’Église chrétienne, depuis sa naissance jusqu’à son dernier état triomphant dans le ciel ; ouvrage traduit de l’anglois de Mgr Pastorini (Charles Walmesley), par un religieux bénédictin de la congrégation de Saint-Maur (Jacques Wilson) ; Rouen et Paris, 1777, 3 in-12. Enfin, l’ouvrage de M. de la Chetardye a servi de base, concurremment avec celui d’Holzhauser sur le même sujet, au travail de l’abbé Lafont-Sentenac intitulé : Le plan de l’Apocalypse et la signification des prophéties qu’elle contient, pour avertir les hommes des événements qui, de nos jours à la fin des temps, doivent intéresser l’Église et le monde, in-8o, Paris, 1872. — M. de la Chetardye a encore composé des Homélies sur les Évangiles des dimanches de l’année, qui, imprimées séparément de format in-4o, aussitôt qu’elles étaient prononcées, de 1706 à 1713, ont été réunies en 3 vol. in-8o, à Avignon en 1848, et à Paris en 1854. Cf. Bertrand, Bibliothèque Sulpicienne, 3 in-8o, Paris, 1900, t. i, p. 170-207.

L. Bertrand.

LÂCHETÉ, vice opposé au courage et à l’énergie de la volonté. Dans le sens de manque de courage, la lâcheté n’a pas de nom spécial en hébreu ; dans celui de manque d’énergie, de nonchalance, elle est désignée dans l’Écriture par le mot remîyâh qui signifie aussi « fraude », et qui n’est employé dans l’acception particulière de lâcheté, que comme complément d’un substantif, ce qui équivaut à un qualificatif : néféš remîyâh, littéralement « âme de lâcheté » pour « homme lâche, nonchalant ». Prov., xix, 15 (Septante : ἀεργός ; Vulgate : anima dissoluta). Les conséquences de cette espèce de lâcheté, indiquées dans l’Écriture, sont le dénuement et la faim qui en découle. Prov., x, 4 ; xix, 15 ; cf. xxxi, 27. Le lâche est prêt à subir toutes les servitudes, Prov., xii, 24 ; il ne sait faire aucun effort pour obtenir le moindre résultat, même lorsqu’il lui est imposé, comme ces sept tribus d’Israël auxquelles Josué reproche de n’avoir pas encore occupé la terre de Chanaan. Jos., xvii, 3. La Vulgate emploie ici le mot ignavia, mais le texte hébreu a seulement miṭrappîm, « négligents. » La lâcheté est surtout répréhensible, quand il s’agit du service de Dieu. C’est pourquoi Jérémie voue à la malédiction celui qui fait lâchement 1’« œuvre de Dieu ». Jer., xlviii, 10. Dans ce dernier passage, où il s’agit de la destruction de Moab, la nonchalance, remîyâh, touche de près à la lâcheté, produite par la peur, qui fait fuir le danger, par la crainte de la mort. Parce que la mort inspire à l’homme une crainte instinctive, c’est le fait du lâche de fuir, quand il se trouve en danger, par exemple au combat, tandis que l’homme courageux affronte le danger jusqu’à mourir. L’Écriture appelle simplement le lâche « un homme peureux et craintif », ʾîš hay-yârê’ ve-rak, Deut., xx, 8 ; yârê’veḥârêd, Jud., vii, 3 (Vulgate : fermidolosus et corde pavido, formidolosus et timidus). Dans ces passages, le lâche est invité à ne pas se battre et à quitter l’armée. Mais si Dieu ne voulait point de lâches parmi les combattants israélites, il n’en désapprouvait pas moins ceux qui manquent de courage. Le texte sacré blâme tous ceux qui sont sans courage et sans confiance en Dieu ; les Israélites tremblant devant les Égyptiens, malgré la merveilleuse assistance de Dieu, Exod., xiv, 10-12, et regrettant l’Égypte, en face des difficultés de la conquête de Chanaan, Num. »