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PAUVRETÉ — PAVOT


Néanmoins, l’expérience montrait que la pauvreté n’était pas toujours un châtiment. En général, on ne voyait pas « le juste abandonné, ni sa postérité mendiant son pain ». Ps. xxxvii (xxxvi), 25. Mais la pauvreté accompagnait parfois la vertu. De là, différentes remarques. Aux jours de la richesse, il faut songer à la pauvreté possible. Eccli., xviii, 25. Il faut rester fidèle à l’ami devenu pauvre, Eccli., xxii, 28, et ne pas aigrir l’indigent dans sa’misère, Eccli., iv, 2. La pauvreté peut être associée à la science, mais le savant pauvre est honoré pour sa science et non pour sa pauvreté ; science et richesse réunies lui vaudraient encore plus d’honneurs. Eccli., x, 34. En tout cas, la pauvreté vaut mieux que la dépendance, Eccli., xxix, 29, et que la maladie, Eccli., xxx, 14. Elle peut même parfois constituer un état favorable à la pratique du bien. Prov., xxii, 16 ; Eccli., xx, 23. — 2° Dans le’Nouveau Testament, la pauvreté s’unit aisément à la générosité, Marc, xii, 44 ; II Cor., viii, 2, et à l’apostolat, Phil., iv, 11, 12 ; Apoc, ii, 9, dont elle est la règle. Matth., x, 9 ; Marc, vi, 8 ; Luc, ix, 3 ; x, 4. Le chrétien cherche avant tout la grâce, le vrai bien dont Jésus-Christ nous a fait riches par sa pauvreté. II Cor., viii, 9.

H. Lesêtre.

PAVÉ (hébreu : marséféf, rispâh, deux mots tirés de rdsaf, « paver en pierres » ; Septante : s’Saçoç, ).166aTp(OTov ; Vulgate : pavimentum), appareil de pierres étendues sur le sol pour le rendre plus uni, plus solide et plus décoratif. —. 1° II y avait un dallage en pierre dans le Temple de Salomon. II Par., vil, 3. Dans sa description du Temple, Ezéchiel, XL, 17, 18 ; xlii, 3, suppose aussi un dallage semblable le long des portiques. Le temple de Bel, à Babylone, avait un pavé de pierres, sur lequel le prophète fit remarquer au roi les traces des pas de ceux qui étaient venus pendant la nuit. Dan., xiv, 18. Quelquefois, on dallait le devant des maisons, d’où la sentence : « Mieux vaut une chute sur le pavé qu’une chute de langue. » Eccli., XX, 20. — 2° Dans le livre d’Esther, i, 6, il est parlé du dallage de la salle du trône du palais royal à Suse. Ce dallage se composait de marbre et de trois autres sortes de pierres appelées bahat, dar et sôhéré(. Le mot dar, qui signifie « perle », désigne peut-être une espèce de marbre d’apparence nacrée. Mais on n’a pas encore de données certaines sur la nature des matériaux indiqués par ces trois noms. La réunion de ces quatre espèces de pierre devait en tous cas former un dallage d’une grande richesse. Cf. "Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 633.

— 3° À Jérusalem, le tribunal de Pilate était dressé sur un endroit appelé en hébreu Gabbatha et en grec XiôôirrpwTov. Joa., xix, 13. Voir Gabbatha, t. iii, col. 21 ; t. iv, col. 291. — Le marséféf sur lequel Achaz fit poser directement la mer d’airain, IV Reg., xvi, 17, n’est pas le pavé de pierre lui-même, mais plutôt un socle de pierre recouvert d’un dallage. Voir Mer d’airain, t. iv, col. 985. En plusieurs autres endroits les versions appellent « pavé » le sol lui-même. Num., v, 17 ; III Reg., vi, 15, 16, 30 ; vii, 7 ; Ps. cxix (cxviii),

25 ; Dan., vi, 24.

H. Lesêtre.
    1. PAVONE François##

PAVONE François, exégète italien, néénlo^à Catanzaro, mort à Naples le 25 février 1637’. Il entra dans la Compagnie de Jésus en 1585, enseigna 15 ans la philosophie et 20 ans l’Écriture sainte et l’hébreu. Son Introductio in sacram doctrinam, in-8°, Naples, 1623, ne touche à l’exégèse que dans quelques chapitres, la plus grande partie en étant consacrée à la prédication, à la théologie scolastique, morale et polémique. L’exégèse proprement dite, au contraire, tient la place la plus importante dans son Comtnentarius dogmalicus sive theologica interpretatio in Pentateuchum, petit in-f°, Naples, 1634 ; Commentarius dogmaticus sive theologica

interpretatio in Evangilia, in-f », Naples, 1636 ; Commentarius dogmaticus in.Cantica Canticorum (manuscrit). P. Bliard.

    1. PAVOT##

PAVOT (hébreu : ro’S, une fois, Deut., xxxil, 32, rôS ; Septante : x°^> tixpfa, Si-jpuHrtit ; Vulgate : fel, amaritudo, caput), plante herbacée d’où l’on tire un suc qui est un narcotique et un poison.

I. Description. — Les pavots ont donné leur nom à une famille de plantes à suc laiteux, glauques ou hispides, ayant pour caractères principaux des fleurs régulières, à calice formé de 2 (ou 3) sépales caducs avec des pétales en nombre double et des étamines ordinairement indéfinies. Le fruit s’ouvre à la maturité pour laisser échapper les graines très petites qui renferment chacune un embryon minuscule entouré par un albumen charnu-oléagineux. Dans les Pavots proprement dits la capsule est courte, et s’ouvre sur une faible longueur, par des pores dissimulés au pourtour du plateau formé par les stigmates sessiles. —Les nombreuses espèces de ce genre peuvent se diviser en trois

581. — Papaver sornniferum. Fleur, fruit et graine. de pavot en toi liée laissant couler l’opium.

Tète

séries d’après leur durée annuelle, bisannuelle ou vivace : les plus intéressantes appartiennent à la première série, spécialement l’espèce officinale nommée par Linné Papaver sornniferum (ftg. 581) à cause des vertus narcotiques de son suc concrète, de l’opium, qui n’est que le latex séché, obtenu par incision de ses capsules encore vertes. — La tige haute d’un mètre porte des feuilles amplexicaules, lobées et bordées de dents obtuses, et se termine par de longs pédoncules solitaires, penchés avant l’anthèse. Le calice est glabre ; les pétales larges, à bords érodés, de couleurs variées, sont plissés-chiffonnés dans la préfloraison ; les nombreuses étamines ont leurs filets dilatés au sommet en forme de massue. L’ovaire est divisé intérieurement en loges incomplètes par des placentas lamellaires tout recouverts par les ovules ; le fruit mûr est oblong, atténué aux deux bouts, surtout à la base.

Indigène dans les parties orientales de la région méditerranéenne, l’espèce s’est répandue par la culture dans toute l’Asie et l’Europe méridionales, l’Afrique du Nord et même l’Amérique. Elle présente deux variétés principales : le Pavot noir ainsi nommé pour la couleur de ses graines, qui s’échappent naturellement à la maturité ; dans le Pavot blanc les graines restent blanches, comme les pétales, et demeurent incluses jusqu’à la fin parce que les pores de la capsule ne s’ouvrent pas.

L’utilité^du Pavot tient à l’huile douce et siccative