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LÉVI (TRIBU DE)


de leurs pères ». Déjà, dans le chapitre xxix, 4, 5, nous voyons les deux divisions du clergé traitées pas le roi sur le même pied ; et cependant les prêtres proprement dits, les fils d’Aaron, sont, au coars des cérémonies, plus d’une fois soigneusement distingués des simples lévites, ꝟ. 12-16, 21-25, 26. Cette sorte d’égalité entre prêtres et lévites s’explique par la situation élevée que ces derniers possédaient à l’époque préexilienne. En tout cas, ce que nous venons de dire suffit pour montrer que les différentes manières de parler, chez les auteurs sacrés, tiennent à leurs points de vue différents ou à certaines conditions historiques, mais que la distinction fondamentale entre Aaronides ou prêtres et lévites proprement dits n’a jamais été méconnue.

Le tableau généalogique que nous avons donné plus haut montre l’origine commune et la distinction des deux groupes lévitiques.Aaron, le premier grand-prêtre, decendait de Lévi par Caath. Le sacerdoce fut héréditaire dans sa famille exclusivement. Ses deux fils aînés, Nadab et Abiu, que nous avons vus partager dès le début son ministère et sa dignité, moururent frappés par la colère divine, comme il est raconté Lev., x, 1-2. Les prérogatives sacerdotales passèrent alors à leurs frères, Éléazar et Ithamar, et leurs descendants. Les fils d’Aaron furent donc divisés en deux branches principales, et, après la mort de celui-ci, ce fut Éléazar qui revêtit les insignes du souverain pontificat. Num., xx, 25-28. Éléazar eut pour successeur son fils Phinéès. Num., xxv, 11-13. Pour le reste, voir Grand-Prêtre, t. iii, col. 295. David partagea les deux branches sacerdotales en 24 classes, dont 16 de la souche d’Éléazar, et 8 de celle d’Ithamar. L’ordre de rang et de service fut déterminé entre ces classes par. le sort. I.Par., xxiv, 4-19. Les Lévites, de leur côté, se trouvèrent divisés dès l’origine en trois grandes familles, celle de Gerson, de Caath et de Mérari.

IV. Fonctions et consécration. — Les prêtres et les lévites, avons-nous dit, étaient nettement distingués par leurs attributions. Nous ne pouvons indiquer ici que d’une manière générale les fonctions sacerdotales. Pour les détails, voir Prêtres. Aux prêtres seuls appartient le. service de l’autel, oblation des sacrifices, offrandes et libations. Eux seuls peuvent entrer dans le tabernacle, pour taire brûler l’encens sur l’autel des parfums, veiller au service de la table des pains de proposition, à l’entretien du chandelier d’or. Exod., xxx, 7, 20 ; Lev., xxiv, 2-9, etc. Leur mission près du peuple, dans ces fonctions mêmes, est de le réconcilier avec Dieu, de le bénir, de l’instruire dans la Loi, de le maintenir dans la pureté légale. Lev., iv, v, x, 10, 11 ; xiii, xiv ; Num., vi, 22-27. Un de leurs privilèges est l’usage des trompettes sacrées dans les circonstances solennelles. Num., x, 8. Ils doivent être exempts de certains défauts corporels, se purifier des souillures légales avant de remplir leur ministère et de manger les choses saintes. Lev., xxi, 16-23 ; xxii, 2-7. Tous sont tenus de pratiquer les ablutions réglementaires, et de s’abstenir de boissons enivrantes chaque fois qu’ils doivent entrer dans le tabernacle. Exod., xxx, 19 ; Lev., x, 9.

Les lévites sont les gardiens du sanctuaire et les serviteurs des prêtres, auxquels ils sont absolument subordonnés. Num., i, 50 ; iii, 6-10. Leur exclusion des offices et des droits sacerdotaux est indiquée d’une manière saisissante dans le récit de la révolte et du châtiment de Coré, de Dathan et d’Abiroh. Num., xvi, 1-35. Ils sont offerts à Dieu par Aaron pour remplacer les premiers-nés d’Israël. Num., iii, 12, 45 ; viii, 11, 13-19. Au désert, ils sont chargés du transport du tabernacle et de son mobilier. Les attributions de chaque famille sont ènumérées d’une manière précise. Num., iv. Les fils de Caath, sous la conduite d’Éléazar, devaient porter les meubles sacrés, préalablement enveloppés par les prêtres en de précieuses couvertures. Les fils de Gerson, sous

la conduite d’Ithamar, avaient pour mission de porter les rideaux et les tentures du tabernacle. Les fils de Mérari, également soumis à Ithamar, portaient les planches, les barres et les colonnes qui formaient la charpente du tabernacle, les piquets et les cordages de l’enceinte du parvis. Sous David, nous trouvons les Lévites divisés en quatre classes : 1° les gardiens du matériel et du trésor de la maison de Dieu, I Par., xxiii, 4 ; xxvi, 20-28 ; 2° les magistrats et les juges, iôterîm û-Sôfetim, I Par., xxiii, 4 ; xxvi, 29-32 ; 3° les portiers, I Par., xxm. 5 ; xxvi, 1-19 ; 4° les chantres. I Par., xxiii, 5 ; xxv. Ces derniers, à leur tour, étaient partagés en trois groupes, sous la direction de trois chefs de chœur : Asaph, des fils de Gerson, avec quatre sections ; Éthan ou Idithun, des fils de Mérari, avec six sections ; Héman, des fils de Caath, avec quatorze sections ; ce qui faisait en tout vingt-quatre sections, dont chacune était divisée en douze familles, d’où 288 familles de chantres. I Par., xxv, 1-7. Voir Chantres du Temple, t. ii, col. 556. La classe des portiers comprenait quatre groupes suivant les quatre points d’orientation du sanctuaire. Voir Portiers. Il est probable que les « magistrats et juges » étaient divisés en six classes diversement dénommées à différentes époques suivant l’une ou l’autre des familles les plus éminentes. VoirCAATHiTES, t. ii, col. 3 ; Gerson, t. iii, col. 214 ; Mérari. Les Lévites entraient en fonctions à l’âge de trente ans, d’après Num., iv, 3, 23, 30, à vingt-cinq ans, d’après Num., viii, 24 (les Septante portent 25 dans tous les passages). Cet âge fut fixé par la constitution davidique à vingt ans. I Par., xxiii, 24-28. Le service cessait à cinquante ans. Toute la période des rois fut la plus brillante pour les lévites. Après l’exil, nous les trouvons chargés de la surveillance des travaux du nouveau temple. I Esd., iii, 8-9. Ils entourent Esdras pendant la lecture de la Loi, II Esd., viii, 4, 7, 9, et c’est dans leur bouche qu’est placée la confession qui précède le renouvellement de l’alliance avec Dieu. II Esd., IX, 5. Ils sont chargés, sous l’inspection d’un prêtre, de procéder au prélèvement des dîmes. II Esd., x, 37-38. Cependant la classe des « magistrats et juges » disparaît presque complètement dans les documents qui se rapportent à cette époque du second temple.

Prêtres et lévites ne pouvaient entrer en fonctions sans une consécration spéciale, tant était grande la sainteté de leur ministère. Et ici encore la différence des deux ordres est marquée par la différence des rites. Sans parler de la consécration du grand-prêtre, qui était la plus solennelle, celle des simples prêtres se composait essentiellement des cérémonies suivantes : purification corporelle, vêture, c’est-à-dire remise de la tunique de liii, de la ceinture et de la mitre, remise des offrandes entre leurs mains, imposition des mains sur la victime, une sorte d’onction avec le sang d’un bélier sur l’extrémité de l’oreille droite, sur le pouce de la main droite et le pouce du pied droit, une aspersion avec un mélange de sang et d’huile sainte, enfin repas sacré. Cl. Exod., xxix, 1-37 ; Lev., viii, 1-36. Quant à l’onction proprement dite, voir Huile, t. iii, col. 776. — L’ordination des lévites était beaucoup plus simple, comme la reconnaît lui-même le texte sacré. Il Par., xxix, 34. La cérémonie préliminaire comprenait aussi la purification, c’est-à-dire une aspersion « d’éau de péché » ou symbolisant fa rémission des péchés, puis purification du corps et des vêtements. Une double donation caractérisait la consécration proprement dite : les lévites étaient donnés à Jéhovah par les enfants d’Israël, et Jéhovah de son côté les donnait aux prêtres. On distingue quatre rites successifs : 1° Les princes du peuple imposaient les mains aux lévites, pour marquer qu’ils les substituaient aux premiers-nés que Dieu s’était réservés. 2° Le grand-prêtre les offrait à Dieu avec une cérémonie particulière que le texte hébreu exprime par les mots hênîf fenûfâh’. Num., viii, 11. Hénif signifie