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PASSEREAU — PASSION


Thabor, où les arbres de toute espèce sont nombreux, les moineaux n’occupent, comme à Ain-Djedy (Engaddi), que les zizyphus épineux. Il est facile d’expliquer la cause de cette préférence, qui résulte d’un choix par-., faitement raisonné. Les oiseaux de proie sont abondants en Syrie et font une guerre acharnée aux petites espèces : les moineaux, partout très intelligents, ont bien vite compris que les épines serrées et aiguës des zizyphus les préservent sûrement du bec et des serres des pillards aériens. Aussi dès qu’un vautour, un épervier ou un milan pavait, . tous les oisillons se réfugient-ils au plus vite dans des buissons de nabq, entre les branches desquels ils passent à cause de leur petite taille, tandis que l’oiseau de proie ne peut absolument pas y pénétrer. Du sein de cette forteresse inexpugnable, les pierrots gouailleurs se mettent à bavarder paisiblement ou à narguer avec insolence leurs ennemis impuissants. » Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, Paris, 1884, p. 482-485. Quantité d’autres petits oiseaux se mettent à l’abri dans le même arbre : Le rollier, coracias garrula, bel oiseau bleu et vert, et le guêpier, merops apiaster, sont très communs en Palestine. Il y a deux ou trois sortes de mésanges, des merles de différentes espèces, des litornes, des rouge-gorge, qui apparaissent en grand nombre pendant l’hiver, des bergeronnettes, des roitelets, des fauvettes à tête noire et de plusieurs autres espèces, des tariers et des traquets, abondants dans les hauts plateaux de Judée, des étourneaux, des pinsons, des linottes, des chardonnerets, etc. Le lanier ou oiseau-boucher, lanius, est représenté par six espèces. L’alouette abonde, surtout dans les plaines du sud ; on en compte une quinzaine d’espèces. L’alouette huppée, galerila cristala, recherche le voisinage de l’homme et accompagne Volontiers les caravanes en voltigeant et en s’arrêtant sur leur passage et en les égayant de son chant. Parmi les bruants, on signale Yemberiza cœsia, Yemberiza ortulana et Veuspizia melanocephala ou roi des ortolans. Le mâle de cette dernière espèce a la taille du pinson, est richement coloré en jaune, avec des ailes fauves et la tête noire, et, perché sur la plus haute branche d’un buisson, fait entendre un chant agréable, pendant que la femelle, moins gracieusement emplumée, reste dans le buisson, silencieuse ou occupée à couver. Les martins-pêcheurs, toujours très sauvages, fréquentent les bords de la mer Morte et du Jourdain. Ils pèchent des petits poissons dans des lagunes formées par les eaux douces. L’un d’eux, l’alcyon smyrnensis, rase la surface du fleuve avec une vitesse extrême ou perche sur des branches voisines de l’eau, plonge tout d’un coup, rapide comme une flèche, et rapporte chaque fois un poisson. Un superbe colibri, nectarinia osese, a été découvert dans le bassin de la mer Morte. « Ce petit oiseau, long de quelques centimètres à peine, est orné à la gorge de plumes d’un bleu-vert métallique aux reflets les plus brillants, et de taches orange aux épaules. Il est d’une vivacité extrême et il vole avec une telle légèreté, qu’on a de la peine à l’apercevoir lorsqu’il butine d’une fleur à l’autre. Ce n’est que l’orsqu’il introduit son long bec recourbé dans les corolles chargées de miel, qu’on peut l’examiner facilement. Il fait alors vibrer ses ailes d’une manière particulière, et il reste ainsi parfaitement immobile, suspendu dans les airs, pendant quelques secondes ; mais, au inoindre mouvement qui l’effraie, il disparaît avec la vitesse d’une balle. Cette charmante créature n’est point propre à la vallée du Jourdain, ainsi qu’on l’a publié ; c’est un oiseau migrateur qui vient probablement de loin ; en hiver, il s’avance fréquemment au nord-ouest, jusque dans les jardins de Beyrouth et dans d’autres localités de la Phénicie. » Lortet’, La Syrie d’aujourd’hui, p. 463. Parmi les grives, la grive bleue, petrocincla cyanea, hien connue dass le sùfd de l’Europe et en Palestine,

évite la société même des oiseaux de son espèce et vit solitaire ; on en voit rarement deux ensemble. Elle perche au sommet d’une construction ou d’une éminence quelconque et de là fait entendre de temps en temps une note plaintive et monotone. Les bulbuls, jœus xan- thopygius, sont les rossignols de Syrie. Par leur chant, ils rivalisent avec nos rossignols, bien qu’ils forment une espèce très distincte. La vallée du Jourdain est fréquentée par des oiseaux qui rappellent de plus près cqux de l’Inde et de l’Abyssinie. Tels sont, outre le colibri et le bulbul, le babillard des buissons, crateropus chalybeus, et l’amydrus tristamii, aux ailes de couleur orange. Cf. Tristram, The natural history of the Bible, Londres, 1889, p. 201-204.

III. Les passereaux dans la Bible. — Il est souvent parlé d’eux sous le nom’général d’oiseaux. Les oiseaux employés pour la purification du lépreux ne sont pas désignés spécifiquement et sont probablement des passereaux. Lev., xiv, 4-53. Il est parlé de la demeure du passereau, Ps. lxxxiv (lxxxiij), 4, dans les cèdres du Liban. Ps. civ (cm), 7 ; Ezech., xvii, 23. Voir Nid, col. 1620. Les passereaux sont menacés par les filets de l’oiseleur, Am., iii, 5 ; Prov., vii, 23, mais ils y échappent souvent. Ps. cxxiv (cxxm), 7 ; Prov., xxvi, 2. Le passereau qui passe la nuit solitaire sur le toit, Ps. ca (ci), 8, pourrait être la grive bleue. Les passereaux sont craintifs ; comme eux, le persécuté doit fuir vers la montagne, Ps. xi (x), .2 ; comme eux aussi, les Israélites reviendront tout tremblants de l’exil. Ose., XI, 11. Le vieillard se lève au chant de l’oiseau. Eccle., xii,

4. Les passereaux chanteurs font résonner leur voix dès l’aube du jour. — Au temps de Notre-Seigneur, deux passereaux valaient un as, soit six centimes, Matth., x, 29, et cinq passereaux un dipondius, soit douze centimes. Luc, xii, 6. Il n’y a pas de contradiction entre les deux estimations. Cela revient à dire que, conformément à une méthode de vente encore en usage aujourd’hui, on avait deux passereaux pour un as et cinq pour deux as." Ces passereaux, de si peu de valeur, sont cependant l’objet des attentions de la Providence. Notre-Seigneur fait remarquer qu’un homme vaut beaucoup plus que bien des passereaux et que, par conséquent, il peut et doit compter sur le secours de la Providence. Matth., x, 31 ; Luc, xii, 7.

H. Lesêtre.

1. PASSION de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Voir Jésus-Christ, t. iii, col. 1473-1477.

2. PASSION (Grec : itàOoç, Kxbr^m, èx18u[i.to(, ifiovf, ; Vulgate : passio, concupiscentia, libido), penchant naturel vers le mal, spécialement vers les péchés de la chair. — La Sainte Écriture parle, à l’occasion, des différentes passions de l’homme, amour, haine, désir, crainte, joie, tristesse, colère, etc. Mais les mots ci-dessus visent surtout la passion mauvaise, qui entraîne plus ou moins violemment à un certain genre de fautes. — 1° Les deux vieillards de Babylone succombèrent à leur passion à la vue de Susanne. Dan., xiii, 8, 11, 14, 20, 56. Des idolâtres insensés allaient jusqu’à se prendre de passion pour une statue peinte. Sap., xv,

5. Les âmes simples sont perverties par le vertige de la passion. Sap., iv, 12. Dieu a humilié et puni les sages du paganisme, qui ne l’ont pas reconnu dans ses œuvres, en les abandonnant aux passions ignominieuses. Rom., i, 26. La concupiscence dont parle saint Paul, Rom., vii, 7-11, n’est pas celle qui porte aux actes contraires à la loi naturelle, mais seulement celle qui suscite une opposition contre les préceptes de la loi positive, particulièrement de la loi mosaïque. Cf. Rom., vii, 5. Mais saint Jacques, I, 14, quand il dit que chacun est tenté et entraîné par sa propre convoitise, entend par là les passions mauvaises qui sont au cœur de l’homme, et qui engendrent le péché, les guerres et les luttes, parce