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LACÉDÉMONIENS — LA CERDA

3e édit., in-8°, 1868, t. IV, p. 277, note. On trouvait une tradition analogue à Pergame, dont les habitants faisaient remonter leur amitié avec les Juifs jusqu’au temps d’Abraham. Josèphe, Ant. jud., XIV, x, 22. Il est du reste très probable qu’il y avait une colonie juive à Sparte, car cette ville est nommée parmi celles à qui le consul Lucius envoya une copie de la lettre qu’il adressait à Ptolémée, à tous les rois et à toutes les cités chez qui se trouvaient des communautés israélites, afin qu’ils les respectassent comme appartenant à un peuple allié des Romains. I Mach., xv, 23, La croyance à la parenté des deux nations persistait encore au temps de Josèphe. Voir Bell. jud., i, xxvi, 1. Cf. G. Wernsdorff, Commentatio de Fide Librorum Maccabæorum qua Frœhlichii Annales Syriæ eorumque Prelogomena ex instituto examinantur, in-4°, Breslau, 1747, § 94, p. 145.

3° Que les Juifs aient été ou non liés aux Spartiates par les liens du sang, cela n’a rien à faire avec l’authenticité des lettres elles-mêmes. Aussi la réalité de l’alliance est-elle admise par l’immense majorité des historiens, bien qu’elle ne nous soit pas connue par d’autres documents. H. Palmer, De Epistolarum, quas Spartiani atque Judei invicem sibi misisse dicuntur, veritate, in-4o, Darmstadt, 1828, p. 21, pense, et c’est l’opinion que nous avons adoptée, que l’alliance remontait à l’an 302 avant Jésus-Christ. À cette époque Démétrius Poliorcète, roi de Macédoine, après avoir conquis le Péloponnèse, marchait au secours de son père Antigone contre Cassandre, Lysimaque, Ptolémée et Séleucus, confédérés contre lui. Les Spartiates cherchaient à augmenter le nombre des ennemis d’Antigone et de Démétrius. Arius Ier était alors, comme nous l’avons dit plus haut, roi de Sparte, et Onias Ier, fils de Jaddus, grand-prêtre. Comme les noms d’Arius et d’Onias reparaissent simultanément dans l’histoire, d’autres commentateurs ont placé ces lettres à d’autres dates. H. Ewald, Geschichte, t. iv, p. 276, suppose que la lettre d’Arius Ier fut adressée à Onias II durant sa minorité, entre 290 et 265, alors que les Juifs étaient en guerre avec Démétrius. Cette hypothèse est très peu vraisemblable, car les grands-prêtres en exercice étaient alors Éléazar et Marnasse, oncles d’Onias II, et c’est avec eux qu’eût été échangée la correspondance. On pourrait aussi songer à Arius II et à Onias II qui furent contemporains pendant quelques années, 264 à 243, mais ce roi était un enfant qui mourut à 8 ans. Plutarque, Agis, 3 ; Pausanias, III, VI, 6. Josèphe, Ant. jud., XII, IV, 10, croit que la lettre a été adressée à Onias III, au temps d’Antiochus IV, entre 175 à 164, mais à cette époque, il n’y avait pas à Sparte de roi du nom d’Arius. Voir Aftius, t. i, col. 965. E. Schürer, Geschichte des Jüdischen Volkes im Zeitalter Jesu-Christi, in-8°, Leipzig, 1890, t. i, p. 186, n. 32.

4° L’auteur du Ier livre des Machabées ne cite pas textuellement les documents qu’il rapporte, il se sert évidemment d’une traduction grecque, faite elle-même sur une traduction hébraïque de l’original. C’est pour cela qu’on y trouve des mots qui n’appartiennent pas à la langue dorienne : εἰρήνη, ϰτήνη, xii, 22-25 ; ἀδέλφοι, xiv, 20. Il n’y a pas lieu de tenir plus de compte de l’absence du nom du second roi de Sparte que de l’absence du nom du second consul dans la lettre de Lucius. I Mach., xiv, 16. C’est qu’Arius était le personnage important. L’autre roi de Sparte, soit Archidamus IV, soit Eudamidas II, n’eut qu’un rôle effacé. Au temps où fut écrite la lettre de Jonathas, il n’y avait plus de roi à Sparte, le dernier roi de la famille des Agides avait été Agésipolis III en 221. Après lui, on avait vu à Sparte des tyrans, dont le dernier, Nabis, avait péri en 192. Tite-Live, xxxv, 35. La cité était gouvernée par les Éphores et par le sénat. Antigone avait rétabli ces magistrats et le sénat, supprimés par Cléomène. Polybe, IV, xxxv, 5. Après la conquête romaine, la ville de Sparte avait gardé son indépendance et avait reçu des Romains le titre de Civitas fœderata. Strabon, VIII, v, 5 ; cf. J. Marquardt, Manuel des Antiquités romaines de Th. Mommsen et J. Marquardt, trad. franc., t. IX, Organisation de l’Empire romain, in-8o, Paris, 1892, t. ii, p. 224. Elle pouvait encore être de quelque utilité aux Juifs. On ne peut donc rien alléguer de sérieux contre cette correspondance. G. Wernsdorff, qui a le plus attaqué les livres des Machabées, le reconnaît. « Dans la lettre de Jonathas, dit-il, je ne trouve rien qui n’ait pu être écrit par un grand-prêtre juif. Elle paraît certainement écrite par un homme pieux, grave, prudent et assez versé dans les affaires civiles. J’y remarque des mots bien enchaînés et des pensées justes. Je n’y trouve rien qui puisse être repris à bon droit, si ce n’est qu’il y parle trop souvent de l’ancienne alliance entre Arius et Onias et de la parenté supposée entre les deux nations. Mais il était homme et il put être trompé. » G. Wernsdorff, Comment., § 96 et 111, p. 148, 169-170. W. Grimm, Kungefasstes exegetisches Handbuch zu den Apocryphen des Alten Testaments, in-8°, Leipzig, part, iii, 1853, p. 211 ; C. F. Keil, Commentar über die Bücher der Makkabäer, in-8°, Leipzig, 1875, p. 201-206, défendent l’authenticité de tous les documents.

5° Les deux lettres paraissent citées plus complètement dans Josèphe. Celle d’Arius, d’après lui, était écrite en caractères carrés et portait un sceau représentant un aigle porté sur un dragon. Elle fut apportée à Onias par un certain Demotélès. Ant. jud., XII, IV, 10 ; cf. XIII, v, 8. La lettre de Jonathas portait en titre : « Le grand-prêtre Jonathas, le sénat et la communauté des Juifs aux éphores des Lacédémoniens, au sénat et au peuple, leurs frères, salut. » Ant. jud., XIII, V, 8. A cette époque, en effet, les premiers magistrats de Sparte étaient les éphores. Il ajoute que les ambassadeurs juifs furent reçus avec bienveillance et que les Spartiates votèrent un décret d’amitié et d’alliance. Lacédémone fut au nombre des villes qui eurent part aux générosités d’Hérode le Grand. Josèphe, Bell. jud., i, xxi, 11.

6° Mentionnons seulement à titre de curiosité l’opinion qui suppose que le mot Sparte est une transcription erronée pour Sepharad, Separatim ou Sefaradim, et qui place en Lycie le peuple dont il est question dans les Machabées. Hitzig, dans la Zeitschrift des deutschen morgenland. Gesellschafts, t. ix, 1855, p. 731-737 ; Id. Geschichte des Volkes Israël, in-8o, Leipzig, 1869, t. ii, p. 345-349, et celle de Frankel, Monatschrift fur Geschichte und Wissenschaft des Judenthums, 1853, p. 456, qui fait du mot Spartiate la désignation d’une colonie juive à Nisibe en Arménie. Il n’est pas admissible qu’une colonie juive eût besoin de rappeler sa parenté avec les Israélites de Palestine, et les détails concordent si bienavec la constitution de Sparte qu’il est inutile de chercher ailleurs.

E. Beurlier.

1. LA CERDA (Gonzalve de), prêtre de l’ordre d’Alcantara et secrétaire de Philippe II, vivait dans le cours du xvie siècle. Il a composé Commentaria in Epistolas D. Pauli ad Romanos, in-fol., Lisbonne, 1583. — Voir N. Antonio, Bibliotheca Hispana nova, t. i, p. 553 ; Dupin, Table des auteurs ecclésiastiques du xvie siècle, p. 1242.

2. LA CERDA Joseph, bénédictin, né à Madrid, mort à Badajoz le 12 juin 1645. Profès du monastère de Saint-Martin de Madrid, il fut professeur de théologie à Salamanque et successivement évêque d’Almeria et de Badajoz. On lui doit un commentaire sur le livre de Judith, In sacram Judith Historiam commentarius litteralis et moralis, 2 in-fol., Almeria, 1641. — Voir N. Antonio, Bibliotheca Hispana nova, t. i, p. 803 ; Ziegelbauer, Historia rei literariæ ordinis sancti Benedicti, t. iv, p. 29, 179.