t. xxii, col. 548, il met Esther avant les Paralipomènes.
Si donc ces livres occupent la dernière place dans la
Bible hébraïque actuelle parmi les ketoubim, ce n’est
que depuis l’époque du Talmud. Ce placement se justifie
difficilement, puisqu’il rompt l’ordre chronologique des
événements racontés, les Paralipomènes s’arrêtanl au
moment où commence le récit d’Esdras. Laisse-t-il supposer,
comme le pense M. L. Gautier, Introduction à
l’Ancien Testament, Lausanne, 1906, t. ii, p. 307-308,
que les Paralipomènes, d’abord mis hors du canon hébraïque
parce qu’ils faisaient double emploi avec les
Rois, auraient été remis plus tard dans ce canon, mais
en dehors de leur ordre primitif ? On peut penser plutôt
qu’ils ont été considérés comme un résumé de l’histoire
sainte, racontée dans toute la Bible hébraïque, et placés
pour cette raison à la fin de cette Bible.
Primitivement, ces deux livres ne formaient réellement qu’un seul ouvrage. Les anciens ne les comptaient que comme un seul livre. Josèphe, , Cont. Apion., i, 8 ; Origène, dans Eusèbe, H. E., vi, 25, t. xx, col. 581 ; S. Jérôme, Prologus gàleatus, t. xxviii, col. 554. Une note inassorétique désigne I Par., xxvii, 5, comme le milieu du livre, considéré encore comme un ouvrage unique. On attribue généralement aux premiers traducteurs grecs le partage en deux livres, qui a passé dans la Vuîgate latine. La longueur de l’ouvrage a occasionné sa division, S. Jérôme, In libr. Par. præfalio, t. xxix, col. 402, et la coupure a été faite rationnellement : le Ier livre se termine avec le règne de David et le II G commence à l’avènement de Salomon. Cette division n’a été introduite dans la Bible hébraïque qu’en 1517 par Daniel Bomberg. Les critiques modernes pensent même qu’originairement les Paralipomènes ne formaient avec les livres d’Esdras et de Néhémie qu’un ouvrage unique, dont les parties étaient disposées suivant l’ordre naturel de la chronologie. Voir EsdRas (Premier livre d’), t. ii, col. 1934-1935.
II. Noms. — 1o Nom hébreu. — Ces livres portent en hébreu le titre de Dibrê hayyâmîm, Vcrba dierum, selon la traduction de saint Jérôme. Mais ce titre serait mieux traduit par Res gestes dierum, « gestes, actes de chaque jour, journal. » Il est identique au début du titre des sources citées fréquemment dans les Rois. Saint Jérôme, Prologus galeatus, t. xxviii, col. 554, l’a expliqué plus clairement par Chronicon lolius divin » historiée, toute l’histoire sainte réduite en annales. C’est pourquoi les protestants allemands désignent ordinairement ce livre sous le nom de « la Chronique », et les protestants anglais et français par celui de « les Chroniques ». Les critiques modernes adoptent encore le titre de « livres des Annales ».
2o Nom grec. — Les premiers traducteurs grecs ont donné aux deux livres qu’ils ont séparés le nom de n « paX£17td|jiev « , qui a été latinisé en Paralipomena dans l’Italique et la Vulgate, et d’où vient le nom de Paralipomènes, généralement employé par les catholiques. Bâcher, ûer Name der Bûcher der Chronik in der Septuaginla, dans Zeilschrijt der altteslament. Wissenschaft, 1895, p. 305-308, a conclu du rapprochement des titres du codex Alexandrinus, de la Peschito et de la version éthiopienne, que le titre complet était vraisemblablement : IIapa}.siTO[i.Eva tftv fjamXéwv-^iSaat), Ei(iv ?)’Io-jSâ, « le livre des Chroniques dés rois de Juda. » Le nom grec du livre a été interprété de deux manières différentes : 1. Beaucoup de Pères l’ont compris dans le sens de « choses omises » ou de « suppléments », parce que le livre comblait les lacunes des livres des Rois. Théodoret, In I Par. ; In lib. Reg., præf., t. lxxx, col. 801, 529 ; Procope de Gaza, In lib. 1 Reg., proœm. ; In 1 Par., procem., t. lxxxvii, col. 10801081, 1201 ; Synopsis Script, sac., attribuée à S. Athanase, xj, 19, t. xxviii, col. 328 ; Synopsis Script, sac, attribuée à S. Chrysostome, t. lvi, col. 357. Cette in terprétation, résultant vraisemblablement de la place des Paralipomènes dans les Septante, immédiatement après les Rois, ne rend pas compte, quoi qu’en ait dit Théodoret, de tout le contenu du livre ; elle n’a non plus aucun rapport avec le titre hébreu. Saint Jérôme, Epist. lui, ad Paulin., 7, t. xxii, col. 548, l’a précisée en reconnaissant dans les Paralipomènes un Instrument veteris epilome, résumant les livres antérieurs et complétant les livres des Rois. Cf. S. Isidore de Séville, In lib. V. et N. T. proœmia, 29, t. lxxxiii, col. 162 ; Etym., vi, 2, n. 12, t. lxxxii, col. 231. Les anciens ont donc considéré les Paralipomènes surtout comme un ouvrage complémentaire, complétant les livres des Rois. 2. Mais des critiques modernes, à la suite de Movers, voient dans le titre grec 7tapa).eiTtô[n, sva l’équivalent du latin transmissa. Ainsi compris, ce titre rendrait bien ; le caractère de l’ouvrage, qui est un recueil de fragments’d’anciens écrits, de documents conservés en dehors des’livres canoniques, et il serait une bonne interprétation du titre hébreu.
III. Analyse. — Le livre des Paralipomènes est, de tous les livres de l’Ancien Testament, celui qui embrasse la période la plus longue : il commence par Adam et il finit par l’édit de Cyrus (538). Il est donc parallèle à toute la série des livres historiques de l’Ancien Testament, au Pentateuque et aux prophètes antérieurs. Il s nécessairement avec eux de nombreux points de contact. Si on considère à la fois la nature du contenu et la méthode suivie, on divise les Paralipomènes en deux parties principales : la première ne contient que des généalogies des temps primitifs et des tribus d’Israël, I Par., i-ix ; les talmudistes lui avaient donné des titres spéciaux, J. Fûrst, Der Kanon des A. T. nach den Ueberlieferungen in Talmud und Midrasch, Leipzig, 1868, p. 118 ; la seconde raconte l’histoire du peuple de Dieu dans le seul royaume de Juda depuis David jusqu’à l’édit de Cyrus. I Par., x-II Par., xxxvi. En n’envisageant que le contenu seul, on a partagé le livre en trois ou quatre sections : la première, comprenant toujours les généalogies du début, I Par., i-ix, la seconde, le règnede David, 1 Par., x-xxix, la troisième, l’histoire des autres rois de Juda, (I Par., i-xxxvi, ou si on met à part le règne de Salomon, II Par., i-ix, on obtient une 4o section pour les rois suivants à partir du schisme des dix tribus. II Par., x-xxxvi. La première division en ; deux parties nous paraît plus logique.
J re partie. Livre des généalogies. I Par., i-ix. — On peut le subdiviser en trois sections : i re section, généalogie des patriarches d’Adam à Jacob, i, 1-54. — Elle est extraite de la Genèse ; elle laisse de côté la postérité de Caïn et ne s’occupe que des descendants de Seth. A partir de Noé, elle indique cependant, en outre de la ligne directe, les branches latérales, telles que celles de Japheth et de Cham, 5-16, d’Ismaël et des fils de Céthura, 29-34 a, et d’Ésaû, 35-54. — h » section, généalogie des douze fils de Jacob, ii, 1-vin, 40.-r Titre, ii, 1, 2.’L’ordre du titre n’est pas suivi : 1o pour la généalogie des tribus, les descendants de Juda sont énumérés les premiers, ii, 3-iv, 23, vraisemblablement parce que de cette tribu est issue la dynastie de David. Il y a sur eux de nombreux détails : 1. les descendants immédiats de Juda, ii, 3-9 ; 2. la postérité des fils d’Hesron : Ram. 1017, Caleb, 18-21, Segub, 22-23, Hesron par Abia, 24, . Jerameel, 25-41, autres descendants de Caleb, 42-50 a, fils de Hur, 50 6-55 ; 3. généalogie des fils de David, iii, 1-9, suivie de la liste des rois de Juda, descendants de David selon l’ordre de primogéniture, 10-14, avec indication des fils de Josias, 15, de Joakim, 16, de Jéchonias, 17, 18, de Phadaia et de Zorobabel, 19-24 ; 4. nouveau tableau généalogique de la tribu de Juda, iv, 1-23, . qui complète le c. n. 2o Généalogie de Siméon, dont la tribu vivait au milieu de Juda, IV, 24-27, avec des détails topographiques sur les divers habitants de la tribu, 28-