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LEUSDEN — LEVAIN


D. Daniel Van Vianen Vltrajectensis, in-8°, Utrecht, 1674 ; Halle, 1736 ; nombreuses éditions ; Psalterium hebraieum, hebrxo-latinum, hebrseo-belgicum, in-12, Utrecht, 1667 ; Novum Testamentum greecum, in-24, Utrecht, 1675 ; Biblia hebraïca cum prxfatione, in-8°, Amsterdam, chez Joseph Athias, 166-1 ; 2e édit., ’1661, cum lemmatibus latinis (cette Bible fut regardée comme la meilleure jusqu’à celle de Van der Ilooght en 1705 ; voir Journal des savants, 1707, Supplément, p. 219-238) ; Novum Testamentum syriacum, cum versione latina Tremelln paululum recognita, in-4°, Leyde, 1708 (édition achevée par Charles Schaaf). On doit aussi àLeusden les éditions suivantes : Samuelis Bocharli opéra omnia (avec la collaboration de Pierre Villemondi), 2 in-f », Leyde, 1675 ; 3 in-f°, 1692 ; Martini Pooli Synopsis criticorum, 5 in-f°, Utrecht, 1686 ; Joannis Lightfoot opéra omnia, 3 in-f", 1699. « Leusden, dit’Michel Nicolas dans la Nouvelle Biographie générale, Paris, t. xxxi, 1862, col. 11, n’a été ni un esprit original ni un savant de premier ordre ; mais ses travaux ont été utiles, en rendant plus faciles les études philologiques nécessaires à l’intelligence de l’Ancien et du Nouveau Testament. » — Voir le Journal des savants, 1707, p. 160 ; 1710, p. 141-142 ; C. Burmann, Trajectum eruditum, in-4°, Utrecht, 1738, p. 185-191 ; Laboudène, dans la Biographie universelle, t. xxiv, p. 385 ; Michel Nicolas, dans la Nouvelle Biographie générale, t. xxxi, 1862, col 11.

F. VlGOUROUX.

    1. LEVAIN##

LEVAIN (hébreu : ie’ôr ; chaldéen : ie’ôr, Septante : ïO|jlti ; Vulgate : fermentum ; hébreu : hdmês, ce qui est fermenté, fermentatum), pâte aigrie servant à déterminer la fermentation de la pâte fraîche. — 1° Le levain est une substance déjà fortement ferm entée qu’on ajoute à la pâte dont on veut faire le pain. Aujourd’hui, cette substance est ordinairement la levure de bière. Pline, H. N., XVIII, xi, 26, dit que, de son temps, on faisait lever le pain d’orge avec de la farine de lentille ou de cicerole ou pois chiche. Chez les Hébreux, on se servait communément de lie de vin ou de vin doux pour provoquer la fermentation de la pâte. Cf. Pesachim, iii, 1. Le levain le plus facile à obtenir et le plus habituellement employé chez les anciens était emprunté à de la pâte antérieurement levée. C’était celui qu’on utilisait en Egypte. Cf. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 320. Pour l’obtenir, on prélève une partie de la pâte déjà préparée pour la cuisson ; au bout de huit à dix heures, dans une enceinte à température assez douce, la fermentation se développe d’elle-même dans cette pâte ; si à plusieurs reprises on l’additionne d’eau et de farine, au bout de quelques heures encore, cette masse se change en levain. On la mélange ensuite à la pâte nouvelle, dans la proportion d’un tiers à une moitié, selon que la température est plus ou moins élevée. La fermentation se produit dans la pâte aux dépens des matières sucrées de la farine ; l’acide carbonique qu’elle dégage rend la pâte poreuse et légère et fait qu’ensuite le pain constitue une nourriture à la fois plus agréable et plus facilement assimilable.

2° Il.est fait plusieurs allusions, dans la Sainte Écriture, à l’effet du levain sur la pâte. Le boulanger chauffe son four en attendant que sa pâte soit levée. Ose., vii, 4. Un peu de levain soulève une masse de pâte. I Cor., v, 6 ; Gal., v, 9. Il faut au levain quelques heures pour qu’il puisse produire son effet. C’est pourquoi les Hébreux, sortis à la hâte de la terre d’Egypte, durent faire cuire des pains sans levain à leur première station. Exod., xii, 39. Ils furent ainsi obligés, dès le début de leur voyage et à peu de jours du premier festin pascal, de se nourrir de pains azymes, comme ils auront à le faire désormais chaque année durant l’octave de la Pâque. Exod., xii, lS.Voir Azymes, t. i, col. 1311. Durant toute cette octave, aucune trace de levain ne devait subsister dans les demeures ni dans tout le pays d’Israël. Exod.,

xii, 19 ; xiii, 7 ; Deut., xvi, 3. Il fallait éloigner toute tentation de violer la loi, en supprimant ce qui servait d’ordinaire à rendre le pain plus agréable. Les docteurs juifs veillèrent à l’accomplissement rigoureux de cette prescription. L’agneau pascal était immolé le 14 nisan, au soir, et alors seulement commençait le temps des azymes. Mais ils voulaient que, dès la nuit précédente, le père de famille inspectât toute sa maison le flambeau à la main, et que tout ce qui était fermenté fût brûlé vers le milieu de la journée. Vers dix heures du matin de ce jour, on prenait le dernier repas avec du pain levé. Cf. Iken, Antiquitates hebraicæ, Brème, 1741, p. 308.

3° La raison principale qui faisait proscrire le pain fermenté dans l’octave de la Pâque et dans la plupart des offrandes, Exod., xxix, 2 ; Lev., ii, 11 ; vii, 12 ; viir, 2 ; Num., vi, 15, était que la fermentation implique une sorte de corruption. Dans les deux passages de saint Paul, I Cor., v, 6 ; Gal., v, 9, la Vulgate traduit Cuptot, « fait lever, » par corrumpit, « corrompt. » Cette idée, du reste, a été familière aux anciens. On n’offrait point aux dieux de pains fermentes, parce qu’on les regardait comme corrompus en quelque manière. Cf. Aulu-Gelle, X, xv, 19 ; Perse, Sat., i, 24 ; Plutarque, Quscst. rom., 109. Les Hébreux n’emportèrent pas de levain d’Egypte, ce qui signifie symboliquement qu’ils laissèrent à l’Egypte sa corruption, sans en prendre rien avec eux quand ils partirent pour le désert. Cf. Bâhr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 630, 631. Aux fêtes de la Pentecôte, Lev., xxiii, 17, et dans les sacrifices d’actions de grâces, Lev., vil, 13 ; Ami, iv, 5, on présentait des pains fermentes. Mais ces pains n’étaient pas offerts sur l’autel. Cf. Menachot, v, l ; Siphra, ꝟ. 77, 1 ; Reland, Antiquitates sacrse, Utrecht, 1741, p. 194 ; De Hummelauer, In Exod. et Levit., Paris, 1897, p. 370. Il convenait qu’à la Pentecôte, fête destinée à remercier Dieu de la récolte, on présentât devant lui le fruit de la récolte dans l’état où l’homme l’utilisait d’ordinaire, par conséquent sous forme de pain fermenté. Une raison analogue explique l’offrande de pareils pains dans le sacrifice d’actions de grâces. Cf. Bâhr, Symbolik, t. H, p. 372, 650 ; Iken, De duobus panibus Pentecostes, Brème, 1729.

4° Il est à croire que, la plupart du temps, les Hébreux faisaient leur pain sans levain. C’est ainsi que procèdent Abraham et Gédéon vis-à-vis d’hôtes respectables. Gen., xix, 3 ; Jud., vi, 19. Sans doute, dans l’un et l’autre cas, il fallait agir vite. Toujours est-il que les deux personnages n’avaient pas habituellement de levain tout préparé ; car il n’eût pas été plus long de faire des pains levés que des pains azymes. Aujourd’hui encore, c’est la pratique commune en Orient, au moins dans les villages d’Egypte, de Syrie et de Palestine, de pétrir la pâte sans levain et de la faire cuire immédiatement. Les Arabes font aussi leur pain avec de la pâte sans levain, qu’ils se contentent de délayer dans l’eau et d’appliquer ensuite avec le creux de la main sur la cruche qui leur sert de four. Ce pain sans levain ne vaut plus rien le lendemain. C’est seulement quand ils ont besoin d’en conserver plus longtemps et qu’ils ont le temps et la commodité de préparer du levain, qu’ils en mettent dans leur pâte. Cf. de la Roque, Voyage dans la Palestine, Amsterdam, 1718, p. 192-194.

5° Dans le Nouveau Testament, le levain représente aussi quelquefois un principe de corruption. Notre-Seigneùr avertit les disciples de se garder du levain des. pharisiens. Les disciples croient d’abord qu’il s’agit du levain avec lequel on prépare le pain. Le Sauveur leur explique que le levain dont il parle n’est autre que la doctrine des pharisiens, leur hypocrisie, leur méchanceté, leur attachement pour les traditions humaines au mépris de la loi de Dieu. Matth., xvi, 6-12 ; Marc., irai, 15 ; Luc, xii, 13. Cette comparaison entre le levain et la mauvaise doctrine était familière aux docteurs juils. Cf. Buxtorf, Lexicon talmud., édit. Fischer, p. 1145. Saint