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PARABOLE — PARACLET


principal ; en. les étendant à des points secondaires, on arriverait à des conséquences inacceptables. Les oiseaux du ciel mangent la semence et en profitent, Satan ne tire aueune espèce de profit de la parole de Dieu enlevée à l’âme. Le soleil n’est le type des persécutions que par son ardeur desséchante. Les épines ne peuvent signifier les richesses et les plaisirs que quand elles sont assez touffues pour arrêter le développement de la semence. — La seconde parabole expliquée est celle de l’ivraie. Matth., xiii, 36-43* Le semeur est le Fils de l’homme, le champ est le monde, la bonne semence, ce sont les fils du royaume, l’ivraie, ce sont les méchants, l’ennemi qui sème l’ivraie, c’est le diable, la moisson est la fin des temps, les moissonneurs sont les anges, la récolte de l’ivraie et sa mise au feu, ’c’est la condamnation des méchants au châtiment éternel. Ici chaque terme de la comparaison a sa portée. Ces deux leçons données par le divin Maître permettent de fixer certaines règles pour l’interprétation des paraboles. On ne s’assure pas le droit de négliger ces leçons en affirmant, sans aucune preuve, que ces interprétations des paraboles sont l’œuvre postérieure d’écrivains qui ont plus ou moins bien compris les paroles du Christ. Cf. Jfllicher, Die Gleichnissreden Jesu, t. i, p. 49, 56, 73, etc. — 2. Il faut admettre tout d’abord que les comparaisons qui servent de paraboles représentent des réalités de l’ordre naturel, réalités effectuées ou possibles. Par conséquent chaque parabole a nécessairement un sens littéral qui sert de point d’appui au sens parabolique. « Le sens parabolique est contenu dans le sens littéral. » S. Thomas, Sum. theol-, I, q. i, a. 10, ad 3 « ln. Voir Littéral (Sens), t. iv, col. 296. C’est ce qui fait dire à saint Jérôme, In Eccles., xii, t. xxiii, col. 1113, en parlant des paraboles, « qu’on cherche en elles un sens divin plus profond, de même qu’on cherche l’or dans la terre, l’amande dans la noix, le fruit dans l’enveloppe hérissée de la châtaigne. » Il importe donc tout d’abord de bien saisir le sens littéral de la parabole. Certaines d’entre elles empruntent leur thème à des choses ou à des usages connus de tous ; telles sont les paraboles de la semence, de l’ivraie, du trésor caché, etc. D’autres ne se comprennent que si certains termes sont expliqués ; telles sont celles de la drachme perdue, des mines, des talents, etc. D’autres enfin ne peuvent être bien saisies dans leur sens littéral que si certains usages particuliers des Juifs sont exposés au préalable ; telles sont les paraboles du temps de la joie, Matth., ix, 14, 15, du festin royal, du pharisien et du publicain, des dix vierges, etc. Par ignorance de ces usages, on peut quelquefois fausser le sens d’un des traits de la parabole. Ainsi, il faut connaître les règles des Juifs sur l’impureté légale pour ne pas se tromper dans l’intelligence de la parabole de la souillure. Matth., xv, 10. Dans la parabole du mauvais riche, on regarde souvent comme une marque de sympathie le geste des chiens qui viennent lécher les plaies de Lazare. Luc, xvi, 21. En Orient, où le chien est en abomination, voir Chien, t. ii, col. 702, ce trait accentue au contraire la détresse du pauvre, incapable de se défendre contre les chiens, etc. — 3. Le sens littéral une fois fixé, le sens parabolique doit être cherché, à l’aide déjà, clef qui est fournie soit par la parabole elle-même, soit par le contexte. « On ne trouve aucune parabole qui ne soit ou expliquée par le Christ lui-même, comme celle du semeur sur la diffusion de la parole, ou éclairée par le rédacteur de l’Évangile, comme celle du juge orgueilleux et de la veuve qui donne l’exemple de la prière persévérante, ou présentant d’elle-même sa signification, comme celle du figuier dont on proroge l’espérance, à l’image de la stérilité judaïque. » Tertullien, De resur. carn., t. ii, col. 888. Cf. S. Jérôme, Epist., xxi, ad Dam., 2, t. xxii, col. 380. Lorsque ces indications sont insuffisantes, ce qui du reste n’arrive" presque

jamais, la tradition sert de guide dans l’interprétation. Saint Irénée, Cont. hxres., II, xxvii, 1-3, t. vii, col. 802804, reproche aux gnostiques d’interpréter les paraboles à leur façon et d’en tirer toutes sortes de sens arbitraires et condamnables. — 4. Deux excès sont à éviter dans l’interprétation des paraboles. Le premier consiste à vouloir assigner une signification spirituelle à tous les détails du récit. Saint Augustin, De civ. Dei, XVI, h, 3, t. xli, col. 479, dit à propos des fils de Noé : « Il ne faut pas croire que tout ce qui est raconté est figuratif ; mais c’est à cause des traits figuratifs que sont rapportés ceux qui ne le sont pas. Le soc est seul à fendre la terre, mais, pour qu’il puisse le faire, les autres parties de la charrue sont indispensables. » Ces observations peuvent être étendues à l’explication des paraboles. Les Pères s’élèvent contre ces interprétations trop minutieuses auxquelles on était porté de leur temps. Cf. S. Jean Chrysostome, In Matth., Hom. XL vii, 1 ; lxiv, 3, t. lvhi, col. 482, 613, etc. Un excès opposé, plus commun chez les modernes, consiste à laisser de côté certains traits qui n’ont pu être introduits dans la parabole sans une intention précise du Sauveur ; ainsi n’aurait-on guère le droit de négliger le denier payé à à tous les ouvriers de la vigne, la robe nuptiale fournie aux invités du festin, l’huile de la lampe des dix vierges, l’huile et le vin du bon Samaritain, etc. Ici encore, la tradition indique la route à suivre..— 5. Bien qu’une parabole ne puisse pas, à proprement parler, servir à la démonstration dogmatique, il n’en est pas moins vrai qu’une lumière réciproque se dégage de l’Église et des choses de l’Église sur les paraboles et des paraboles sur l’Église, son développement et ses pratiques. Ce point de vue important a été bien mis en lumière par Wiseman, Mélanges religieux, p. 35-48. — 6. En résumé, les règles pour l’interprétation des paraboles pourraient se réduire aux trois suivantes : a) Fixer, d’après le texte et le contexte, le sens littéral et le sens parabolique. — b) Déterminer le but de la parabole et mettre en lumière la vérité principale qui commande tout le développement. — c) Expliquer les détails d’après cette vérité principale, et, par conséquent, tenir compte de tout ce qui contribue à illustrer cette vérité, en traitant le reste de simple ornement littéraire, dépourvu de signification figurée.

V. Bibliographie. — Sur les paraboles, outre les ouvrages cités, t. iii, col. 1497, voir Pseudo-Athanasius, Qussstiones in N. T., t. xxviii, col. 711-730 ; Bugge, Die Hauptparabeln Jesu, Giessen, 1903 ; Evers, Die Gleichnisse Jesu, Berlin, 1902 ; Fullerton, Chrit’s foreview of tins âge, Londres, 1903 ; Grépin, Entretiens sur les paraboles évangéliques, Paris, 1900 ; Pichenot, Les paraboles évangéliques, Paris, 1901 ; Planus, Pages d’Évangiles, Paris, 1902 ; Ricketts, The parables from the Gospels, NewYork, 1903 ; Weinel, Die Bildersprache Jesu, Giessen, 1900 ; Witzmann, Zur Frage nach der unterrichtlichen Behandlung.der Gleichnisse Jesu, Iéna, 1903 ; Ch. Lacouture, Paraboles évangéliques, Paris, 1906, et surtout L. Fonck, Die Parabeln des Herm im Evangelium, 2e édit., Inspruck, 1904.

H. Lesêthe.

    1. PARACLET##

PARACLET (Grec : 7tapâxXr)Toç ; Vulgate : paracletus, advocatus), nom donné à Notre-Seigneur et au Saint-Esprit. — Le mot vient du verbe rcocpaxaXIw, . « appeler auprès de soi » celui dont on attend secours, conseil, consolation, etc. Le mxpâxXiri’coç estdonc celui qu’on a appelé près de soi et qui, suivant les cas, est une aide, un protecteur, un conseiller, un intercesseur, un consolateur, subvenant « n un mot aux diverses nécessités de celui qui l’a invoqué. Saint Jean, dans sa première Epître, H, 1, dit que quand nous avons péché, il y a un paraclet, advocatus, « quelqu’un qu’on a appelé », Jésus-Christ, qui, auprès du Père, est la victime de propitiation pour nos péchés. Le Sauveur remplît ici