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PARABOLE


sens de la parabole résulte moins de la possibilité d’adapter le texte à tel ou tel sujet que de l’intention de celui qui la propose, et que le sens des termes employés ne doit pas être pressé au delà d’une certaine limite, de façon que le contenu ne soit pas comme gêné et déformé par le contenant.

III. Paraboles de l’Ancien Testament. — 1° Le nom de mâsâl, « parabole, » y est souvent pris dans un sens large, qui ne suppose pas une parabole proprement dite. Ainsi ce nom est attribué aux oracles de Balaam, Num., xxiii, 7, 18 ; xxix, 3, 15, 20 ; aux discours de Job, xxvil, 1 ; xxix, 1 ; à des sentences variées, Ps. lxxvih (lxxvii), 2 ; Prov., i, 1, 6 ; xxv, 1 ; Xxvi, 7 ; Eccli., XX, 22 ; xxxviii, 38 ; xxxix, 2, 3 ; Ezech., xviii, 2 ; Hab., ii, 6 ; à des propos sarcastiques, II Par., vii, 20 ; Ps. lxix (lxviii), 12 ; Jer., xxiv, 9, ou à des chants divers. Ps. xlix (xlviii), 5 ; Is., xiv, 4 ; Mich., ii, 4. — 2° Il est dit de Salomon qu’il composa trois mille mesâlim ou paraboles, III Beg., iv, 32, et dans l’Ecclésiaste, xii, 9, il est rapporté qu’il en rédigea un grand nombre. Il est évident qu’il ne s’agit pas ici de paraboles proprement dites, mais surtout de sentences ou de proverbes d’un tour ingénieux, comme ceux qu’on lit sous son nom, Prov., xxv, 1, sans pourtant exclure absolument les vraies paraboles, dont plusieurs sont au moins esquissées. Prov., xxv, 14, 23 ; xxvi, 2, 11, 17, etc. Cf. Eccli., xlvii, 17, 18. — 3° On range parfois au nombre des paraboles l’apologue de Nathan à David, II Reg., xii, 1-4, celui de la femme de Thécua, II Reg., xiv, 4-7, les paroles du prophète à Achab. III Reg., xx, 39-41. Ce sont là plutôt de simples apologues. Voir t. i, col. 779. A plus forte raison faut-il refuser le litre de paraboles à la fable de Joatham, Jud., ix, 9-15, et à celle de Joas, roi d’Israël. IV Reg., xiv, 9. Dans Isaïe, v, 1-7, le cantique de la vigne a bien les allures d’une parabole, suivie de son explication, non sans quelque ressemblance avec la parabole évangélique des vignerons homicides. Matth., xxi, 33-41. L’exemple du laboureur, Is., xxviii, 24-29, constitue aussi une sorte de parabole. D’autres sont seulement indiquées. Is., xxix, 8, 15, 16 ; xxx, 13, 14, etc. — 4° Des paraboles plus caractérisées et portant d’ailleurs ce nom, qui n’est pas attribué aux morceaux précédents, se lisent dans Ezéchiel. C’est d’abord la parabole des aigles et du cèdre, appliquée au roi Sédécias, Ezech., xvii, 3-21 ; mais cette parabole tient en même temps de l’apologue et de l’allégorie. La parabole de la forêt ravagée par l’incendie fait dire du prophète : « Est-ce qu’il ne parle pas en paraboles ? » Ezech., xxi, 1-5 (xx, 45-49). La parabole de la chaudière ressemble à un apologue en action. Ezech., xxiv, 3-5. Le roi d’Egypte est interpellé sous la figure d’un grand crocodile. Ezech., xxxii, 3-12, ce qui rentre plutôt dans l’allégorie. Les visions de Zacharie, i, 8-vi, 15, ne peuvent guère être mises au rang des paraboles ; elles aussi tiennent beaucoup plus de l’allégorie. — 5° Les livres apocryphes juifs renferment bon nombre de morceaux qualifiés de paraboles. Le Livre d’Hênoch, xxxviii, xlv, lviii, donne ce nom à des descriptions du genre allégorique. Elles forment la deuxième partie du livre, appelée « Livre des paraboles ». Cf. Fr. Martin, Le livre d’Hênoch, Paris, 1906, p. xvii, 79-162. Dans le quatrième livre d’Esdras, iv, 47 ; viii, 2 ; x, 4% etc., plusieurs visions portent le nom de « similitudes », mais ne sont pas des paraboles proprement dites. On y trouve un apologue qui rappelle celui de Joatham, IV Esd., iv, 13-17 ; l’allégorie de [la femme représentant Jérusalem désolée, puis glorieuse, allégorie qui a la forme d’une parabole, x, 7-49, et la vision de l’aigle, xt, 1-46. Une courte parabole bien caractérisée figure le chemin étroit qui conduit à la vie immortelle : à la mer large et profonde, on ne peut accéder que par un passage étroit comme un fleuve. La parabole est répétée sous cette autre forme, presque évangélique : « Une

ville est bâtie et placée au milieu de la campagne ; tous les biens y affluent. Son entrée est étroite et au-dessus d’un précipice, avec le feu à droite et l’eau profonde à gauche. Il n’y a qu’un seul sentier placé entre les deux, entre le feu et l’eau, et le sentier ne peut laisser passer qu’un seul homme. Si quelqu’un reçoit la ville jn héritage, et s’il ne passe jamais par le chemin périlleux, comment entrera-t-il en possession de l’héritage ? » IV Esd., vii, 3-9. Sur les paraboles rabbiniques, cf. P. Fiebig, Altjûdische Gleichnisse und die Gleichnisse Jesu, Tubingue, 1904. — Enfin, dans le livre, chrétien du Pasteur, datant probablement de la fin du premier siècle et s’inspirant de l’enseignement évangélique, Hermas intitule sa troisième partie « similitudes » et présente un certain nombre de paraboles : la vigne s’appuie sur l’orme, de même le riche est soutenu par la prière du pauvre ; l’hiver, on ne distingue pas lesarbres verts de ceux qui sont desséchés, de même qu’en ce monde on ne distingue pas les justes des méchants, mais en été on distingue les arbres vivants de ceux qui ne le sont pas, de même que dans le siècle futur les justes ont un sort différent de celui des méchants, etc. Cf. Hermas, Pasteur, iii, 1-10, t. ii, col. 9521012.

IV. Paraboles du Nouveau Testament. — 1° Leur unique auteur. — Les paraboles du Nouveau-Testament ont toutes pour auteur le Sauveur lui-même. En dehors de l’Évangile, le mot « parabole » ne se lit que deux fois, dans l’Épîlre aux Hébreux, ix, 9 ; xi, 19, avec le sens de « figure », parce que la figure est une sorte de parabole en action. Les Apôtres, malgré l’exemple donné par le divin Maître, n’ont pas eu l’idée de composer des paraboles ; ils se sont contentés de reproduire celles qu’ils avaient entendues, se reconnaissant impuissants à exploiter ce genre d’enseignement après celui en qui ils l’avaient admiré. De fait, les paraboles du Sauveur suffisaient parfaitement aux nécessités de la prédication évangélique. Pour composer ces récits paraboliques, si simples en apparence, si clairs, si vivants, dans lesquels chaque mot porte et qui reproduisent si fidèlement les choses telles qu’elles se passent dans la nature, il fallait une aptitude merveilleuse. Aucun homme n’a jamais abordé ce genre d’enseignement d’une manière aussi parfaite, et cette remarque est d’autant plus significative que souvent Notre-Seigneur improvise sur-le-champ une parabole pour répondre à une question posée dans le cours d’une discussion. Tel est le cas de plusieurs des paraboles rapportées par saint Luc. À la question : « Qui est mon prochain ? » le Sauveur répond par la parabole du bon Samaritain, d’une harmonie si admirable et dont les termes sont si merveilleusement choisis qu’on y croirait voir le résultat d’une lopgue réflexion. Luc, x, 29-37. À l’allusion au banquet céleste, il réplique immédiatement par la parabole des invités aux noces. Luc, xiv, 15-24. Aux murmures des pharisiens sur sa condescendance envers les pécheurs, il oppose les paraboles de la brebis perdue, de la drachme et du fils prodigue. Luc, xv, 1-32. Celle du pharisien et du publicain est une leçon donnée à des orgueilleux qui se trouvent devant lui. Luc, xviii, 9-14. La parabole des mines répond à l’idée de ceux qui comptaient sur l’apparition immédiate du royaume de Dieu. Luc, xix, 11-27. L’occasion historique des autres paraboles n’est indiquée que d’une manière générale et on doit admettre que celles qui sont groupées par les synoptiques, Matth., xiii, 1-53 ; Marc, iv, 1-34 ; Luc, viii, 4-21, ont été prononcées en des circonstances diverses. D’ailleurs’, à la suite de la première parabole adressée à la foule, on voit les disciples se rassembler à part autour du Sauveur et lui en demander l’explication, Matth., xiii, 10 ; Marc, iv, 10 ; Luc, viii, 9, ce qui suppose une interruption et un changement d’auditoire