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PAQUE


vait suffire que quand la Pàque n’était pas très fréquentée. Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 1065.

4° L’agneau pascal. — 1. D’après la Loi, l’agneau ou le chevreau devait être mâle, d’un an accompli et sans tache, c’esl-à-dire sans aucun des défauts spécialement signalés par la Loi. Lev., xxii, 22. Pour préserver l’agneau de toute souillure, les Juifs le séparaient du troupeau et l’attachaient à leur lit. Cf. Kelim, Xix, 2. La séparation ne se faisait pas obligatoirement le dixième jour du mois, comme en Egypte, mais souvent deux ou trois jours après. Cf. Pesachim, rx, 5. — 2. L’immolation avait lieu après le sacrifice du soir, et avant qn’on brûlât l’encens et qu’on allumât les lampes. Cf. Gem. Pesachim, 58, 1. Pendant cette opération, les prêtres sonnaient de la trompette et les lévites chantaient les Psaumes cxm-cxviii (cxii-cxvii). Les Israélites porteurs d’agneaux étaient introduits dans le parvis du Temple en trois groupes successifs, derrière chacun desquels on fermait les portes. Cf. Eduyoth, v, 6 ; Gem. Berachoth, 19, 1. Les agneaux n’étaient pas nécessairement égorgés par les ministres sacrés, prêtres ou lévites. II Par., xxx, 17 ; xxxv, 11. Le premier de ces deux textes suppose que les lévites immolaient les victimes pascales « pour tous ceux qui n’étaient pas purs, d II suit de là que chaque Israélite égorgeait d’ordinaire son agneau. C’est d’ailleurs ce qui se pratiquait certainement dans les derniers temps. Cf. Pesachim, v, 6 ; Philon, Vit. Mos., iii, 29 ; De Decalog., 30 ; De septenar., 18, édit. Mangey, t. ii, p. 169, 206, 292. Il ne s’agissait pas de victimes à offrir sur l’autel ; l’intervention du prêtre n’était donc pas requise pour leur immolation. Il suffisait que l’Israélite fût en état de pureté légale pour avoir le droit d’y procéder. Des prêtres, disposés par séries, recueillaient le sang des agneaux dans des vases qu’ils se passaient de main en main jusqu’à celui qui versait le contenu à la base de l’autel. Cf. Pesachim, v, 6. — 3. Pour écorcher les victimes ordinaires, on les suspendait à des traverses de cèdre que soutenaient huit colonnes de pierre élevées dans le parvis des prêtres. Cet appareil n’aurait pas suffi pour écorcher rapidement le grand nombre des agneaux présentés à la Pàque. On se servait donc, pour les suspendre pendant l’écorchement, de bâtons que des hommes appuyaient sur leurs épaules. Après avoir ouvert le ventre de l’agneau, on lui enlevait la graisse, les reins et tout ce qui devait être brûlé sur l’autel. Puis le corps, enveloppé dans sa peau, était remis à celui qui l’avait apporté. Cf. Pesachim, v, 6, 10 ; Gem. Pesachim, 64, 2 ; 65, 2. Le nombre des agneaux présentés au Temple était énorme. Josèphe, Bell, jud., VI, ix, 3, parle de 256500, et VEchah Rabbath, fol. 59, 1, 2 ; 62, 1, porte ce nombre à 600 000 sous le roi Agrippa. En faisant la part de l’exagération, même dans l’estimation fournie par l’historien juif, et en supposant seulement 30000 agneaux pour chacun des trois groupes successivement admis dans le parvis du Temple, on a peine à se représenter la manière dont on procédait pratiquement. Les prêtres ne pouvaient s’acquitter de leur tâche qu’à force de dextérité, de célérité et d’ordre parfait. Les Juifs prétendent pourtant que l’immolation s’exécutait avec une telle rapidité par le grand nombre des opérateurs que jamais les lévites ne purent répéter une troisième fois les Psaumes dont le chant leur incombait. Cf. Pesachim, v, 7. L’assertion ne laisse pas que d’étonner. Cf. Knabenbauer, Evang. sec. Matth., Paris, 1893, t. Il, p. 416. — 4. Rapporté à la maison, l’agneau devait être rôti ; on ne pouvait le cuire d’une autre manière. Cf. Gem. Nedarim, 49, 1. On le traversait longitudinalement par une tige en bois de grenadier. Saint Justin, Dial. cum Tryphone, 40, t. vi, col. 561, parle d’une autre tige qui le traversait d’une épaule à l’autre, de sorte que, par leur disposition, ces deux tiges présen taient la figure d’une croix. Né à Flavia Néapolis, l’ancienne Sichem, le saint martyr connaissait très bien ce qu’il avait vu pratiquer et ce que pratiquent encore les Samaritains, qui continuent à manger chez eux l’agneau pascal. L’usage qu’il mentionne ne devait pas être étranger aux Juifs ; autrement il n’en eût pas fait état dans un dialogue avec un savant de cette nation. Pour rôtir l’agneau pascal, on employait des fours de brique, munis d’une ouverture inférieure pour mettre le feu et retirer les cendres, et d’une ouverture supérieure par laquelle on entrait l’agneau, probablement suspendu au-dessus d’un feu de charbons ardents. Afin que les entrailles qui, elles aussi, devaient être mangées, Exod., xii, 9, fussent également rôties, et non bouillies, on les retirait pour les suspendre dans le four à côté du corps.

5° Le festin pascal. — Régulièrement, tant que le Temple subsista, l’agneau pascal ne pouvait être immolé qu’au Temple et mangé que dans la Ville sainte. Les Juifs de la dispersion célébraient cependant, là où ils se trouvaient, des festins communs, et en particulier celui de la Pâque. Cf. Josèphe, Ant. jud., XIV, x, 8 ; Schûrer, Geschichte des jûdischen Volkes, Leipzig, t. iii, 1898, p. 96. À Jérusalem, les Israélites venus d’ailleurs, trouvaientauprès des habitants unaccueil fraternel. On mettait gratuitement à leur disposition les chambres dont ils avaient besoin pour manger la Pâque. Cf. Babyl. Yoma, 12, 1. En retour de l’hospitalité reçue, ils laissaient la peau de l’agneau et les ustensiles de terre dont ils s’étaient servis. Mais la multitude des pèlerins était telle qu’il n’était guère possible à tous de trouver asile en même temps dans une ville dont les habitants, au dire de Josèphe, Cont. Apion., i, 22, s’élevaient, au nombre de 120000 du temps d’Alexandre le Grand. Aussi, au moment de la Pâque, les rues, les places et les environs immédiats étaient encombrés de tentes. Beaucoup, sans doute, célébraient le festin pascal là même où ils passaient la nuit. Il fallait être au moins dix pour manger l’agneau pascal ; le nombre des convives pouvait aller jusqu’à vingt. Cf. Josèphe, Bell. jud., VI, ix, 3. Les femmes avaient droit de prendre part au festin ; mais les hommes seuls y étaient obligés. Cf. Pesachim, x, 1. Étaient exclus cependant ceux qui avaient contracté une impureté par contact d’un mort, les lépreux, ceux qui étaient affligés d’un flux et ceux qui se trouvaient impurs au moment de l’immolation de l’agneau ou de l’effusion de son sang au pied de l’autel. Leur Pâque était remise au mois suivant. Cf. Josèphe, Bell, jud., VI, ix, 3 ; Tosaphta Pesachim, 8 ; Gem. J crus Pesachim, 9. Les convives ne setenaientplus debout, comme à la Pâque égyptienne. Les Juifs des derniers temps, adoptant les modes nouvelles, s’étendaient sur des divans, « à la manière des rois et avec l’aisance qui convient à des hommes libres. > ; Cf. Pesachim, x, 1. Les femmes se contentaient d’être assises. Voir Lit, t. iv, col. 291. Chaque convive devait manger du pain azyme, ne fût-ce qu’une quantité égale au volume d’une olive. Cf. Challa, i, 2. Le repas ne pouvait se prolonger au delà de minuit. On brûlait alors ce qui restait de l’agneau pascal. Cf. Gem. Berachoth, 9, 1, Si cependant la Pâque se célébrait un jour de sabbat, on remettait cette combustion au lendemain. Cf. Pesachim, x, 7. — Sur le rituel suivi pour la célébration du festin pascal, voir Cène, t. ii, col. 413-416 ; Herbes amères, t. iii, col. 600-602.

V. Les sacrifices prescrits pour la pâque. — L’immolation de l’agneau pascal n’était pas un sacrifice ordinaire, bien qu’elle soit appelée zébah, dvala, Exod., xii, 27 ; xxxiv, 25, et qu’il soit question de « sacrifier la Pâque », Tzâcrya. 6ueiv. Marc, xiv, 2. Cf. Josèphe, Ant. jud., VI, iv, 8. ^.a plupart des rites suivis dans les autres sacrifices, les offrandes, les libations, etc., faisaient défaut dans l’immolation de l’agneau pascal. Mais des sacrifices proprement dits devaient être offerts