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PAPYRUS BIBLIQUES — PAQUE


les papyrus en offrent des exemples : peut-être, au lieu du pluriel neutre, faut-il lire orro(ji.STpîa dont témoigne Diodore de Sicile. Ces remarques étaient nécessaires pour mettre au point les nouvelles découvertes lexicologiques et pour montrer qu’elles ne révolutionnent pas l’étude de la langue sacrée, comme le prétendent quelques chercheurs un peu trop enthousiastes.

B) Sémitismes. — Jusqu’à ces derniers temps, on qualifiait de sémitismes toutes les locutions et tournures qu’on ne rencontrait pas chez les écrivains classiques. Or on a constaté maintenant que beaucoup de ces locutions et de ces tournures étaient d’un usage courant dans la langue vulgaire. La langue vulgaire elle-même, par un phénomène encore inexpliqué, semble avoir été uniforme dans les divers pays, et il est impossible d’y discerner des dialectes bien marqués. Elle devait présenter des différences de prononciation ; mais on n’y relève pas de différences dialectales proprement dites. Un autre fait avéré, c’est que la langue grecque moderne dérive en droite ligne de cet antique idiome vulgaire. Au lieu de considérer le grec du Nouveau Testament comme une langue à part ou de le rapprocher du grec artificiel des écrivains contemporains, Philon, Josèphe, Arrien, Plutarque, etc, on le compare aujourd’hui plus volontiers à la langue vulgaire d’alors, telle que nous la connaissons par les papyrus, par les inscriptions et aussi par le grec moderne. Cette comparaison a éliminé un bon nombre de prétendus sémitismes. Je dis sémitismes pour comprendre sous un mot général les hébraïsmes et les aramaïsmes. Par exemple, la tendance à substituer au datif simple une préposition était alors universelle, surtout dans la langue vulgaire et ne doit pas être attribuée à une influence sémitique. La répétition du mot avec sens distributif (Matth., vi, 7 : 8vo Sio, Marc, VI, 39 : cn)[j, m5c71a ni jiitôota) qu’on regardait comme un sémitisme, se trouve parfois dans les classiques, est fréquente dans les papyrus et commune dans le grec moderne. Il en est de même du pronom personnel pléonastique après un relatif. Marc, i, 7 ; vii, 25 ; Luc, iii, 16. On trouvera un grand nombre d’exemples semblables dans Moulton, À grammar of JV. T. Greek, t. i, Prolegoniena, Edimbourg, 1906 ; 2e édition augmentée, 1907. Cet auteur a très bien vu le danger d’une réaction exagérée qui porterait les philologues modernes à nier les sémitismes les plus évidents. Il veut qu’on distingue soigneusement entre les citations et les réminiscences inconscientes ou voulues ainsi qu’entre les morceaux provenant directement ou indirectement de sources araméennes, où l’on doit s’attendre à rencontrer des sémitismes, et les passages composés librement par des écrivains sacrés. Ici les sémitismes seront très rares et consisteront surtout dans un emploi beaucoup trop fréquent de locutions grecques qui correspondent par hasard à des idiotismes sémitiques, par exemple 180û.

Sur l’utilité des papyrus pour l’exégèse du Nouveau Testament, on lira avec intérêt cinq récents articles de JJeissmann, The New Testament in the light of rscently discovered texts of the Grssco-Roman World, dans The Expository Times, octobre, novembre et décembre 1906, février et avril 1907.

IV. Bibliographie. — N. Hohlwein, La Papyrologie grecque, bibliographie raisonnée (ouvrages pnbjiés avant le l « r janvier 1905), Louvain, 1905. Cette liste qui comprend 819 numéros, signale un grand nombre d’articles de revues. On y trouvera aussi l’indication des collections que nous n’avons pas mentionnées parce qu’elles n’ont rien qui intéresse directement la Bible, par exemple : Griechische Vrkunden ans den kônigl. Museen zu Berlin, en cours de publication depuis 1895 ; J. P. Mahaffy, On the Flinders Pétrie Papyri, Dublin, 1893 ; Tetubnis Papyri, 1. 1, Londres, 1902 ; Grenfell et Hunt, New classical Fragments and other Greek and Latin Papyri, Oxford, 1891. The Hibeh Papyri, t. i, des

mêmes, a paru depuis, Londres 1906. — Pour l’étude des papyrus : F. G. Kenyon, The Palœography of Greek Papyri, Oxford, 1899 (c’est l’ouvrage classique sur la matière) ; Erman et Krebs, Aus denpapyrus der kônigl, Museen (zu Berlin), Berlin, 1899 (notions de paléographie, d’archéologie, etc. sur les papyrus égyptiens, grecs, coptes, arabes, et autres à propos des collections de Berlin) ; O. Grademvitz, Einfùhrung in die Papyruskunde, l c *fasc, Erklàrung ausgewâhlter Vrkunden, Leipzig, 1900 (trop spécial et d’un intérêt trop restreint).

— Revues et bulletins : U. Wilcken, qui avait montré la nécessité de fonder une revue spéciale de papyrologie (Die griechischen Papyrusurkunden, 1897), en publie une depuis 1900, à Leipzig, sous ce titre : Archiv fur Papyrusforschung und verwandte Gebiete. En 1901 a paru aussi à Leipzig le premier volume d’un recueil.analogue, Studien zur Palâographie und Papyruskunde, publié par G. Wessely. La publication la plus pratique pour s’orienter dans la bibliographie des papyrus et se tenir au courant des découvertes nous semble être le Bulletin papyrologique publié de temps en temps par S. de Ricci dans la Revue des études grecques (depuis 1901). L’auteur donne dans son premier Bulletin, 1901, p. 164-170, un aperçu rapide mais suffisant des travaux antérieurs à cette date avec renvoi aux recueils spéciaux d’après lesquels est compilé son résumé.

F. Prat.

    1. PAQUE##

PAQUE, la principale fête des Juifs.

I. Ses noms. — Le premier nom donné à la Pàque se présente sous la forme suivante : pesa ! } hû’la-Yehovâh, Ttà^a tari xupt’w, ce que la Vulgate explique ainsi : Est enim Phase (id est iransilus) Domini, « car c’est la Pàque (c’est-à-dire le passage) du Seigneur. » Exod., xii, 11. Le mot pésah vient du radical pâsalf, « passer ». En judéo-araméen, il prend la forme pashâ’, d’où le grec Tcâff/ix. Le texte emploie le verbe pâsah pour désigner le passage du Seigneur au delà des maisons des Hébreux, au moment de la dixième plaie, Exod., xii, 13, 23, tandis que le verbe’âbar désigne le passage du Seigneur par la terre d’Egypte pour y exercer sa vengeance. Exod., xii, 13. Ce que la fête commémorait directement, c’était donc le passage qui épargnait les Hébreux, et non le pas ?age qui châtiait les Égyptiens. Dans l’Épitre aux Hébreitx, xi, 28, il est dit que Moïse célébra la Pàque et fit l’aspersion du sang « afin que l’exterminateur des premiers-nés ne touchât pas à ceux des Israélites. » On a voulu faire venir pésah de l’assyrien pasâfyu, « apaiser la divinité ». Cf. Zimmern, Beitràge zur Kenntniss der babylonischen Religion, Leipzig, 1901, p. 92. Cette étymologie est inaccceptable. Le texte sacré rattache manifestement à la Pàque l’idée de « passage », et non pas celle d’apaisement de la divinité, qui n’est qu’accessoire dans le rite pascal. Subsidiairement, l’idée s’étendit au passage de l’Egypte au désert, de la servitude à la liberté. Dans le Pentateuque, Josué, les Rois et les Paralipomènes, la Vulgate rend pésah par Phase, dans Esdras, Ézéchiel et tout le Nouveau Testament, par Pascha. Le mot a désigné, dès le principe, non seulement le passage du Seigneur, mais aussi tantôt la fête qui perpétuait le souvenir de ce passage, Exod., xxxiv, 25 ; Num., ix, 2 ; II Par., xxxv, - 1 ; Matth., xxvi, 2 ; Joa., vi, 4, etc., tantôt l’agneau qu’on y mangeait. Exod., xii, 21’; Deut., xvi, 2 ; I Esd., VI, 20 ; Matth., xxvi, 17 ; Joa., xviii, 28, etc. — 2° La nature des aliments permis pendant la Pàque lui a fait encore attribuer le nom de hag ham-niassôt, « fête des azymes ». Exod., xxiii, 15 ; Deut., xvi, 16, etc. Voir Azyme, t. i, col. 1313. Elle est appelée par saint Luc, xxii, 1, et par Josèphe, Bell, jud., II, i, 3, éopxri tùv àÇùnwv, « fête des azymes » ; par saint Marc, xiv, 1, et par saint Matthieu, xxvi, 17, tô àÇujjia, « les azymes » ; dans les Actes, xii, 3, aî - » )[i£pai tûv àÇû[i<ov, « les jours des azymes ».