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PAPYRUS

l’Égypte. Au contraire il se trouve encore en abondance dans la Nubie, l’Abyssinie, l’Éthiopie, où il croît spontanément. Peut-être les Égyptiens l’avaient-ils tiré de ces régions du Haut Nil pour le répandre dans tout leur pays jusqu’au Delta. Chose étonnante, d’une plante si commune, et qui figure si souvent dans les inscriptions, on n’a pas encore trouvé le nom d’une façon certaine. C’est qu’on se contentait de représenter dans les hiéroglyphes le papyrus lui-même, sans accompagner ce signe idéographique des éléments phonétiques qui permettent de déterminer la prononciation. « Pourtant, dit V. Loret, La flore pharaonique, 2e édit., Paris, 1892, p. 29, le signe du papyrus, qui est très employé pour symboliser le Delta, avait par lui-même la valeur de la syllabe Ha, d’où l’on peut conclure que Ha fut le nom ou l’un des noms du papyrus. » Il se nommerait donc , ha. D’autre part quelques autres noms paraissent bien s’appliquer aussi au papyrus ou à des parties de cette plante. Ainsi tuf, qui rappelle le nom copte du papyrus ʎooɤɥ, djoouf, est un des noms égyptiens de cette plante. On peut le rapprocher du mot hébreu sûf, qui est le nom général et vulgaire des joncs, et désignerait aussi en particulier le jonc du Nil, le papyrus, t. iii, col. 1627. , ouadj, est encore la tige de papyrus surmontée de son élégant panicule en ombelle, comme aussi la colonne au chapiteau en forme de papyrus et ouadjit, , c’est la région du papyrus, la Basse Égypte. Le papyrus est fréquemment figuré sur les monuments égyptiens. Dans les représentations de scènes de chasse aux oiseaux aquatiques, on voit les chasseurs montés sur des bateaux plats les poursuivre au milieu d’épais fourrés de ces plantes. Lepsius, Denkmäler, t. ii, pi. 106, à Saouïet el-Meijitin (VIe dynastie).


560 A. — Schéma d’une section de la tige du Cyperus Papyrus :
a) faisceaux libéro-ligneux, b) parenchyme lacuneux.


560 B. — Coupe transversale de la tige :
a) cuticule, b) épiderme, c) îlots de sclérenchyme, d) faisceau libéro-ligneux, e) parenchyme de plus en plus lacuneux à mesure que l’on s’avance vers le centre de la tige, f) lacunes.



560 C. — Coupe longitudinale de la tige :
a) cuticule, b) épiderme, c) parenchyme, d) cellules scléreuses entourant le faisceau libéroligneux, e) tubes criblés (liber), f) vaisseau réticulé, g) vaisseau annelé, h) fibres scléreuses du bas du faisceau, i) parenchyme de plus en plus lacuneux à mesure que l’on s’avance vers le centre, - ii) lacunes. N.-B. Le trait de d à h délimite le faisceau libéro-ligneux, dont le détail des éléments qui le composent est donné par les lettres d, e, f, g, h. Dessin de M. E. Bonard, préparateur de botanique au Muséum d’histoire naturelle. (Grossi environ 300 fois)


Figure-t-on des pièces d’eau, dans les parcs ou jardins égyptiens, on y trouve des touffes de papyrus. On peut voir la villa de l’officier d’Amenhotep II, Champollion, Monuments de l’Égypte et de la Nubie, pl. 261, ou les jardins d’Apoui, Mémoires publiés par les membres de la Mission française au Caire, t. v, in-4°, 1894, pi. 1. Les peintures des tombeaux les plus anciens comme celui de Ptah-Hotep de la Ve dynastie, nous représentent la récolte du papyrus (fig. 559). On voit les ouvriers aux vêtements retroussés descendre dans l’eau, arracher ou couper les tiges, puis les serrer en gerbes et les transporter sur leur dos. Mariette, Mastabas, 314 ; Dümichen, Resultate, t. r, pl. viii ; Rosellini, Monumenti civili, pl. xxxvi, 3. Tout était utilisé dans le papyrus et pour les usages les plus divers. Dans un pays où il y avait peu de bois les racines servaient de combustible. Pline, H. N., xiii, 22. La partie inférieure de la tige fournissait une nourriture assez sucrée ; on la mâchait crue pour en absorber le jus ou on la faisait cuire. Diodore de Sicile, i, 80 ; Hérodote, ii, 92 ; Théophraste, w, 9 ; Pline, H.N., xiii, 22. Avec les fibres on fabriquait des cordages, Hérodote, vil, 34, des nattes, des tapis, des toiles à voiles, des sandales. Odyss., xxi, 392 ; Hérodote, vii, 25, 26 ; Pline, H. N., xiii, 22. Cf. t. ii, col. 636. Les musées conservent de nombreux spécimens de ces sandales, ou de ces autres objets. Les tiges longues, lisses et flexibles, étaient employées à. la fabrication de paniers, de cages, de corbeilles, de barques légères. Lorsque la mère de Moïse voulut sauver son enfant, elle le déposa dans une corbeille ou coffre de papyrus, fêbaf gomé’, enduit de bitume et de poix et le plaça parmi les roseaux des bords du Nil. Exod., ii, 3. II est à remarquer que le mot employé dans cette circonstance têbàh est un nom d’origine égyptienne (cf. deb-, coffre, arche, que les Septante se sont contentés de transcrire, θίϐιν). Les longues et plus fortes tiges des papyrus servaient aussi à la construction de barques légères. Théophraste, iv, 9 ; Pline, H. N., vi, 24 ; vii, 57. Dans sa prophétie sur l’Éthiopie, Isaïe, xviii, 2, fait allusion à ces nacelles de papyrus. Bien qu’il emploie un autre mot, ʾébâh au lieu de gômėʾ (sans doute un nom vulgaire de roseau ou de jonc au lieu du nom précis), Job, ix, 26, parle évidemment des mêmes barques de papyrus. Les peintures des tombeaux de l’Ancien et du Moyen Empire figurent fréquemment la construction de ces barques. Ici des Égyptiens descendent dans l’eau pour arracher ou couper des tiges de papyrus ; là les tiges