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PAPYRUS (hébreu : goméʾ; Septante : πάπυρος, βίϐλινος, ἔλος ; Vulgate : scirpus, papyrus, juncus), espèce de roseau d’Égypte.

I. Description.

La famille dès Cypéracées qui n’a plus aujourd’hui qu’un intérêt médiocre pour ses chaumes rudes donnant un mauvais fourrage, a pendant plusieurs siècles fourni à l’humanité une des plantes les plus utiles, le Papyrus, dont on tirait les éléments du papier. C’est une herbe robuste dont l’épais rhizome rampe dans la vase des marais, et produit des tiges dépassant 2 mètres de haut. Leur base qui atteint le diamètre du bras est entourée de gaines foliaires à limbe nul ou brièvement lancéolé ; le sommet triquêtre se termine par une ombelle florifère globuleuse, très ample, un peu penchée, formée de nombreux rayons qui dépassent les bractées de l’involucre.

Parlatore distinguait dans l’ancien Cyperus Papyrus de Linné (fig. 558) deux races : celle d’Égypte autrefois abondante dans la basse région du Nil, mais qui n’existe plus aujourd’hui qu’en Abyssinie, aurait les rayons de l’ombelle tous dressés et étages autour des plus longs occupant le centre ; celle de Syrie, transportée en Sicile, différerait de la précédente par les rayons extérieurs de plus en plus divergents jusqu’à devenir réfléchis tout en dehors vers la base. Mais ces caractères différenciels paraissent manquer de fixité.

Le papyrus se trouve encore à l’état spontané, en diverses localités de la Palestine, dans les marécages du lac Houléh, sur les bords du lac de Tibériade, et dans la région littorale près de Jaffa.

F. Hy.

II. Exégèse.

Le mot hébreu goméʾ désigne une plante qui croît dans l’eau, dans les marécages, Job, viii, 11 ; Is., xxxv, 7 ; se rencontre spécialement en Égypte et en Éthiopie, sur le Nil, Exod., ii, 3 ; Is., xviii, 2, et sert à fabriquer des corbeilles, des nacelles. Exod., ii, 3 ; Is., xviii, 2. Cette plante dont le nom se présente quatre fois dans la Bible est le papyrus. Les Septante traduisent par πάπυρος dans Job, viii, 11, ou par l’équivalent βίϐλινος, dans Is., xviii, 2 (cf. Théophraste, Hérodote, Homère, où βύϐλος est le nom du papyrus) ; dans Is., xxxv, 7, les traducteurs grecs en mettant ἔλος traduisent moins exactement, mais ils voient encore une cypéracée. Dans Exod., ii, ils ont omis de rendre le mot goméʾ'. La Vulgate traduit aussi par papyrus, dans Is., xviii, 2, par le nom d’une cypéracée, scirpus, employé quelquefois pour désigner vulgairement le papyrus dans Exod., ii, 3, et Job, viii, 11, et par le terme général et populaire de « jonc » dans Is., xxxv, 7. Le nom hébreu s’est conservé sous la forme gemé dans la Mischna, avec le même sens. Dans la version arabe on emploie dans Exod., ii, 3, le mot berdi qui est bien le nom du papyrus Im. Löw, Aramäische Pflanzennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 55.

Le papyrus est la plante par excellence de l’antique Égypte. « Le papyrus, dit Pline, H. N., xiii, 22, naît dans les marécages de l’Égypte ou dans les eaux dormantes du Nil, lorsque débordées elles demeurent stagnantes en des creux dont la profondeur n’excède pas deux coudées. » C’est la plante du pays, selon Strabon, XVII, 15 ; pour Ovide le Nil est le fleuve papyrifer. Metam., xv, 753. On peut dire, du reste, que l’antiquité classique fait du papyrus une plante égyptienne.


558. — Cyperus Papyrus. Plante et fleur et rhizome.

Il était tellement répandu, surtout dans le Delta, que pour désigner cette région ou la basse Égypte on employait dans l’écriture hiéroglyphique le papyrus .


559. — Récolte du papyrus en Égypte. Musée Guimet.

Aujourd’hui cette plante a disparu de l’Égypte, comme l’avait annoncé Isaïe, xix, 6-7, tandis qu’on la trouve sur les bords du Jourdain et du lac de Tibériade et surtout au lac Mérom, t. iv, col. 1007, c’est-à-dire dans la région chaude de la Palestine. Pour expliquer sa disparition de la vallée du Nil, on peut sans doute supposer un refroidissement du climat. Mais en outre, il faut remarquer que sous la domination romaine l’administration fiscale monopolisa cette culture et comme il fut interdit, en dehors de certains cantons déterminés, de cultiver cette précieuse plante, les agents du fisc la firent arracher de tous les endroits où elle poussait, spontanément, si bien que la culture ayant cessé dans les quartiers réservés, vers le IXe siècle, devant l’invention du papier de coton par les Arabes, le papyrus disparut complètement de