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LÉTHECH — LETTRE

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hébraïques. Saint Jérôme, saint Épiphane et les rabbins n’ont eu, semble-t-il, d’autre raison pour lui attribuer la valeur d’un demi-cor (ou Ifômér) que la position du mot dans la phrase d’Osée. Cette absence de données positives et la djvergence des Septante permettent de se demander si le léték est véritablement une mesure déterminée. S’il l’est et s’il vaut un demi-cor, sa contenance est de 194 lit. 40 ou de 181 lit. 80, selon la valeur qu’on reconnaît au cor.^ Voir Cor, t. ii, col. 955.

F. Martin.

1. LETTRE, caractère d’écriture. Le rabbin Sadaja a compté combien de fois chaque lettre de l’alphabet hébreu est employée dans l’Ancien Testament : s, 42377 ; 3, 38218 ; i, 29537° ; i, 32530 ; ii, 47554 ; i, 76922 ; t, 22867 ; n, 23447 ; b, 11052 ; >, 66420 ; =, 48253 ; ii, 41514 ; ii, 77778 ; 3, 41696 ; d, 13580 ; y, 20175 ; a, 22725 ; s, 21822 ; p, 22972 ; -i, 22148 ; ur, 32148 ; ii, 59343. Dans I. Jaquelot, Dissertations sur l’Existence de Dieu, in-4°, La Haye, 1697, p. 13. Voir Alphabet, t. i, col. 402 ; Écriture, t. ii, col. 1573. Voir aussi le nom de chaque lettre. — Le mot Ypi[i|ia, Mitera, est employé dans le sens de caractère alphabétique, — 1° dans Luc, xxiii, 38, où il est dit que le titre de la croix du Sauveur fut écrit en lettres grecques, latines et hébraïques ; — 2° d’après plusieurs commentateurs, dans Gal., vi, 11, où saint Paul dit : « Voyez avec quels caractères (quelle écriture) je vous ai écrit. » D’autres expliquent ces mots en ce sens : « avec quelle main ferme » ou « quelle longue lettre ». — 3° Dans Rom., ii, 27, 29 ; vii, 6, la « lettre » est opposée à 1’  « esprit ». -*- 4° Dans Joa., vii, 15 ; II Tim., iii, 15, t « ypôjji(iona désignent la Sainte Écriture. —5° Dans Act., xxvi, 21, cette même expression signifie la science, les connaissances humaines consignées dans des écrits. — 6° Enfin « lettre » se dit d’un écrit quelconque, Luc, xvi, 6, et spécialement d’une missive. Act., xxviii, 21.

2. LETTRE MISSIVE (hébreu : sêfér, II Sam. (Reg.), xr, 14-15 ; I (III) Reg., xxi, 8, 9, U ; II (IV) Reg., x, 1-7 ; xix, 14 ; xx, 12 ; II Par., xxxii, 17 ; etc., miketâb, Il Par., xxi, 12 ; Esther, viii, 13 ; ’igérét, 1 Esd., v, 6 ;

II Esd., ii, 7-9 ; Esther, ix-26-29 ; niStevân, I Esd., iv, 7, 18. Septante : piê).iôv, II Reg., xi, 14, 15 ; III Reg., xxi, 8-9, ii, etc. ; Ypâçm, II Par., xxi, 12 ; àx-uypoeçov, Esther, vm, 13 ; imaxo).^, II Par., xxx, 1 ; Act., xv, 30 ; xxin. 25, etc. ; Vulgate : Epistola, II Reg., xi, 14-15 ; II Par., xxxii, 17, etc. ; Act., xv, 30 ; xxiii, 26, etc. ; littéral. IV Reg., x, 1-7 ; xix, 14 ; II Par., xxi, 12, etc.), communication envoyée par écrit à un correspondant.

I. Lettres missives chez les Juifs. — 1° Dans l’Ancien Testament. — La première lettre dont il soit question dans la Bible est celle que David envoya à Joab et dans laquelle il lui ordonnait de placer Urie à un poste où il dût trouver la mort. Urie lui-même fut chargé par le roi de remettre cette lettre. IIReg., xi, 14. On comprend trop pourquoi David n’avait pu faire transmettre oralement cet ordre. La réponse constatant l’exécution fut faite de vive voix. — C’est la même nécessité du secret qui explique l’envoi de la lettre par laquelle Jézabel demandait aux anciens et aux magistrats de Jezrahel un faux témoignage contre Naboth, afin de le faire condamner à la lapidation et de s’emparer de sa vigne. La reine scella la lettre du sceau de son mari, le roi Achab.

III Reg., xxi, 8. Du même caractère sont les lettres de Jéhu réclamant des chefs d’Israël, des anciens et des gouverneurs des fils d’Achab, le massacre des soixante-dix fils de ce roi. IV Reg., x, 1-7, Dans des conditions différentes, le prophète Êlie envoya une lettre au roi Joram, pour lui annoncer que Dieu le châtierait de son impiété et de ses crimes. II Par., xxi, 12. Ézéchias écrivit à Éphraïm et à Manassé pour les engager à venir faire la Pàque à Jérusalem. II Par., xxx, 1. À l’époque de la captivité appartient la lettre de Jérémie aux exilés de Babjlone. Jer., xxix, 1-32. Il y est fait mention

d’une autre lettre envoyée par le faux prophète Séméia, au peuple de Jérusalem et aux prêtres. Jer., xxix, 27-29. Jusqu’à cette époque le terme usité dans la Bible pour désigner une lettre est celui de sêfér, (iiëXîov, « libelle, » ou mikpâb, Y, oâp ?), « écriture, » et c’est le contexte seul qui montre qu’il s’agit d’une lettre missive.

II est quelquefois fait mention du sceau qui sert à lui. donner un caractère d’authenticité et à empêcher qu’elle ne soit lue par d’autres que par le destinataire.

III Reg., xxi, 8. Après la captivité, nous voyons apparaître des termes plus précis et empruntés à la langue des peuples avec lesquels les Juifs étaient en relations. Tels sont le mot’igérét emprunté à l’assyrien ou au persan et le mot d’origine persane nisfevdn. Mardochée et Esther écrivirent aux Juifs dispersés dans les 127 provinces du royaume perse, pour les inviter à célébrer la fête des Phurim, en souvenir de leur délivrance et du châtiment d’Aman. Esther, ix, 27, 29-30. De l’époque des Machabées datent la lettre des habitants de Galaad à Judas pour lui demander des secours contre les peuples voisins. I Mach., v, 10-14. La Bible ne nous donne aucun renseignement surla matière qu’employaient les Juifs pour leurs lettres missives. Il est vraisemblable qu’ils se servaient des mêmes que les peuples avec lesquels ils étaient en relations aux diverses pê~ riodes de leur histoire.

2° Lettres dans le Nouveau Testament. — Le Nouveau Testament ne mentionne aucune lettre de Notre-Seigneur. La lettre à Abgar, roi d’Édesse, est apocryphe. Voir ABGAR, t. i, col. 37. Cf. Dictionnaire d/archëologie et de liturgie, t. i, col. 87. Dans les Actes, xv, 23-29, se trouve une lettre des Apôtres, écrite après le concile de Jérusalem, aux chrétiens d’Antioche et de Cilicie.

— Les Juifs de Jérusalem étaient en correspondance avec les communautés de la dispersion. C’est pourquoi lorsque saint Paul vint à Rome, ses compatriotes lui dirent qu’ils n’avaient pas reçu de lettres à son sujet » Act., xxviii, 21.

Les Épltres des Apôtres sont rédigées à la manière des lettres ordinaires. Elles commencent, à l’exception de l’Épître aux Hébreux et de la première Épltre de saint Jean, par le nom de ceux qui les ont écrites, et leur salut aux destinataires ; ce salut est un souhait de grâce et d3 paix au nom de Jésus-Christ. Rom., 1, 1-7 ; I Cor., i, 13 ; II Cor., i, 1-2 ; Gal., i, 1-5 ; Eph., i, 1-2 ; Phil., 1, 1-2 ; Col., i, 1-2 ; IThess., i, l ; II Thess., i, 1-2 ; I Tim., i, 1-2 ; II Tim., i, 1-2 ; Tit., i, 1-4 ; Phil., i, 1-3 ; Jac, I, 1 ; I Pet., i, 1-2 ; II Pet., i, 1-2 ; II Joa., 1-3 ; III Joa., 1 ; Jud., 1-2 L’auteur aborde ensuite le sujet qu’il veut traiter. Il parle à la première personne tantôt au singulier, tantôt au pluriel. Dans les lettres profanes que nous possédons, dans celles de Cicéron, par exemple, les deux nombres sont de même indifféremment usités. Lorsque le rédacteur de la lettre a terminé ce qu’il veut dire, il conclut par denouvelles salutations à ses correspondants. Comme celles du début, ce sont des bénédictions et des prières. Rom., xvi, 1-27 ; I Cor., xvi, 19-24 ; II Cor., xiii, 13 ; Galat., vi, 18 ; Eph., vi, 23-24 ; Phil., iv, 20-23 ; Col., iv, 18 ; 1 Thess., v, 25-28 ; II Thess., iii, 17-18 ; I Tim., vi, 21 ; II Jim., iv, 18-22 ; Tit., iii, 15 ; Phil., i, 23-25 ; Heb., xiii, 20-25 ; I Pet., v, 12-14 ; II Pet., iii, 18 ; II Joa., 13 ; III Joa., 14 (grec, 15) ; Jud., 20-25. Souvent aux salutations de l’auteur sont jointes celles de ceux qui sont en ce moment auprès de lui. Rom., xvi, 16-21-23 ; I Cor., xvi, 19-20 ; II Cor., xiii, 12 ; Phil., iv, 22 ; Col., iv, 7-14 ; Phil., 24 ; Heb., xiii, 24 ; I Pet., V ; 13 ; II Joa., 13 ; III Joa., 14 (grec, 15). Les Apôtres se servaient de secrétaires pour écrire leurs Épitres ; plusieurs d’entre eux sont nommés, ce sont Tertius, pour saint Paul, Rom., xvi, 22 ; Silvain, pour saint Pierre. I Pet., v, 12. Voir Silvain, Tertius. Saint Paul ajoute parfois une phrase écrite de sa propre main ; ce salut