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PALESTINE


lieux, Poterium, de genêts, Rétama rsetam, de labiées grises aromatiques, Eremostachys, de plantes du printemps brillantes, mais petites et qui durent peu ; une quantité de chardons qui prédominent en été, lorsque la verdure a disparu. Les montagnes n’ont plus que des groupes clairsemés d’arbres, de chênes au feuillage épineux, d’arbousiers, etc. ; on voit çà et là des genévriers, des buissons nains à épines. Au milieu des rochers l’on rencontre des sauges, Salvia graveolens, S. controversa, des borraginées, Heliotropium persicum, Anchusa hispida, Echium sericeum, etc. Parmi les plantes désertiques, appartenant au Sahara ou au nord de l’Afrique, signalons : des crucifères, Eremobium lineare, Farsetia segyptiaca, Russonia uncata ; des résédacées, Resedtx propinqua, var. Eremophila, R. arabica, Oligomeris subulata ; des cistinées, Hedianthemum Kahiricum ; des paronychiées, Robbairea proslata, Polycarpssa fragilis ; des géraniacées, Erolium hirlum, Monsonia nivea ; de nombreuses astragales, Astragalus tenuirugis, A. hispidulus, A. peregrinus, etc.

3° La vallée du Jourdain et les bords de la mer Morte ont, en raison du climat, une végétation à part, qui se rapproche le plus de la flore tropicale. On y rencontre bon nombre de plantes qui sont complètement étrangères à la contrée occidentale de la Palestine. La plus commune est le Zizyphus Spina-Christi, le nabk des Arabes, couvert d’épines aiguës comme de fines aiguilles, formant des buissons impénétrables, et propre au Sahara, à la Nubie, à l’Abyssinie, à l’Arabie tropicale, au nord-ouest de l’Inde. Presque aussi répandue est celle qu’on appelle Balanites segyptiaca, dont le fruit donne l’huile nommée zuk par les Arabes. On trouve en abondance : l’Ochradenus baccatus, arbuste touffu, presque sans feuilles, avec de petites baies blanches ; différentes sortes d’acacia, Acacia nilotica, A. tortilis, et V Acacia seyal, le « bois de setim » de la Bible ; le câprier, Capparis spinosa, qui forme des groupes remarquables dans le creux aride des rochers ; le Mimosa unguis-cati, qui est pourvu d’épines très longues et qui se couvre au printemps des fleurs les plus élégantes et les plus odorantes ; VAlhagi Maurorum ; la pomme de Sodome ou Solanum Sodomseum, dont le fruit, de la grosseur d’une pomme d’api, laisse échapper, lorsqu’on l’écrase, une quantité innombrable de fines graines. Aïn-Djidi, l’ancienne Engaddi, offre encore de beaux groupes d’une asclépiadée appelée Calotropis procera, qui peut atteindre les dimensions d’un figuier de moyenne grandeur. Voir fig. 223-225, t. iii, col. 1287-1289. Sur les hauteurs désertes qui avoisinent la mer Morte, du côté d’'Aïn Djidi, se trouve la célèbre crucifère appelée à tort rose dejéricho, Anastatica hierochuntina, qui, une fois desséchée, se contracte en une boule que le vent roule dans les sables ; mais, si l’on trempe l’extrémité de la racine dans un peu d’eau, grâce à un système vasculaire très développé, la plante absorbe le liquide et s’épanouit bientôt en une cupule des plus gracieuses, même après un grand nombre d’années d’une dessiccation complète. Voir t. iii, fig. 227, 228, col. 1291, 1293. C’est encore dans les environs de la mer Morte qu’on rencontre la Salvadora persica, regardée comme étant le sénevé de la parabole évangélique. Au sud-ouest, dans le petit ouadi Zuéiréh, on a recueilli plus de 160 espèces de plantes, et sur ce nombre 135 sont africaines. On a remarqué ce contraste singulier dans la répartition de certaines plantes : parmi les légumineuses, on ne compte pas moins de 50 espèces de Trifolium et 74 espèces d’Astragalus connues en Palestine ; or, un seul Trifolium, le T. stenophyllum se trouve dans le sud, et pas un dans la vallée du Jourdain, tous étant européens ou ayant des affinités européennes ; des Astragales, au contraire, 3 seulement ; ont des affinités palæarctiques, les autres se rattachent à l’Inde ou ap partiennent exclusivement à la région orientale ou éthiopienne. Cependant les Astragales ne sont pas confinées dans la vallée du Jourdain ; il n’y en a pas moins de 35 espèces qui sont limitées à la montagne et aux régions sub-alpines du Liban et de l’Anti-Liban. La masse du reste appartient à la vallée du Jourdain et au désert méridional. Cf. H. B. Tristram, The Fauna and Flora of Palestine, p. xv. Parmi les plantes tropicales de la contrée, nous pouvons citer encore : Abutilon fruticosum, A. niuticum, Zygophyllurti coccineum, Indigofera argentea, Boerhaavia plumbaginea, Coriyza dioscoridis, Trichodesma africana, et, près d’Engaddi, la haute et curieuse Moringa aptera, etc. Enfin le papyrus, Papyrus antiquorum, le Babir des Arabes, forme d’épais fourrés sur les bords du lac de Tibériade et du lac Houléh. Ce dernier marque la limite orientale de l’aire de dispersion de cette remarquable cypéracée africaine. Les espèces que nous venons de mentionner constituent un ensemble qui rappelle la végétation de l’Abyssinie ou de la Nubie et donnent un grand intérêt au Ghôr, comme à l’oasis tropicale la plus rapprochée de l’Europe. — Les bords du Jourdain sont, comme on le sait, un véritable fourré d’arbres et d’arbustes : de tamaris, Tamarix jordanis ; de peupliers, Populus euphratica, arbres gigantesques et dont les fins rameaux sont chargés de graines blanches et soyeuses ; à.’Agnus-castus ; A’Arundo donax élevés ; d’Eleagnus ; de saules aux troncs noueux, etc. Dans les petites dunes du cours inférieur, en approchant de la mer Morte, fleurissent des myriades d’une jolie statice à fleurs jaunes, Statice Thouiniî.

La flore de la région transjordane rentre dans la triple division que nous venons d’exposer, La végétation méditerranéenne y est représentée par les espèces suivantes : CUtus villosus et C. salviifolius ; montagnes de Moab et de Galaad ; Rhus coriaria, Djebel Oscha’et Djebel ed-Drûz ; Pistachia terebinthus, var. palsestina, Moab, Galaad, Djebel edDrûz ; Punica granatum, Galaad ; Myrtus commwnis, Galaad ; Arbutus Andrachne, var. serratula, monts de Moab et de Galaad ; Oleea Europœa, Moab ; Vitex agnus-castus, Dj. edDrûz ; Celtis australis, Galaad ; Ficus carica, Moab et Galaad ; Quercus coccifera, Moab, Galaad, Kaurân, avec les espèces forestières, Qu. cerris, Dj. Qulelb, et Qu. segilops, Moab, Galaad ; Pinus Halepensis, Moab, Galaad ; Asparagus acutifolius ; Smilax aspera, Moab ; Adian-’tum capillus-Veneris, fougère qu’on trouve dans les endroits humides, et, en particulier, dans une grotte à’Ayûn Mûsa. — Comme représentants de la flore désertique, nous signalerons : Tamarix mannifera, Callirrboé ; le Rétama ralara, sur les basses montagnes qui bordent le Ghôr ; l’Acacia tortilis, Callirrhoé ; Pallenis spinosa, Moab ; Salicornia frûcticosa ; Atraphaxis spinosa, montée du Ghôr vers’Ayûn Mûsa ; Etnex spinosus, sur les flancs du Ghôr ; Phœnix dactylifera, dans les vallées aux environs de la mer Morte ; Stipa capillata, Haurân. — La flore tropicale existe à l’est comme à l’ouest du Jourdain et de la mer Morte. Cf. Palestine Exploration Fund, Quart. Statement, 1888, p. 211-237.

Après ce coup d’œil géographique, il nous suffit d’indiquer quelles sont les familles les plus abondantes en Palestine. Ce sont : 1° les Légumineuses, 358 espèces parmi lesquelles les genres Trifolium, Trigonella, Medicago, Lotus, Vicia et Orobus croissent dans les terrains plus riches, et les Astragales dans les terrains plus secs et plus dénudés. — 2° Les Composées (340) ; aucune famille ne frappe davantage l’observateur par l’abondance des charbons, centaurées et autres plantes printanières, qui fourmillent dans les plaines fertiles comme sur les collines pierreuses et dominent souvent de leur hauteur toute autre végétation herbacée. Les principaux genres sont Centawea, Echinops, Onopo’r-