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PALESTINE


Josèphe, ont perdu leur antique splendeur, et l’on en peut dire autant d’une foule d’autres lieux. Mais si la Palestine était autrefois beaucoup mieux cultivée, si les limites de la culture s’étendaient bien au delà de celles d’aujourd’hui, jusqu’en plein désert, si la contrée méridionale, pierreuse actuellement, était couverte de terrasses comme celles de la Ligurie et de la Provence, n’est-ce pas que le pays était quatre ou cinq fois plus peuplé que maintenant, avec des villages et des villes llorissantes dans des régions presque désertes de nos jours ? Et puis, au lieu de l’incurie gouvernementale qui règne depuis longtemps en cette malheureuse région, qu’on se rappelle le soin avec lequel les anciens cherchaient à y développer l’industrie et la prospérité. Les exactions d’aujourd’hui, jointes peut-être à l’indolence naturelle des habitants, n’ont pu que contribuer à l’appauvrissement d’une terre naturellement fertile. Concluons donc que le vieux sol biblique, malgré sa déchéance, n’a rien ou presque rien perdu de son fonds de richesse, et que, sous l’effort d’une industrieuse activité, il récompenserait encore abondamment le travail de l’homme. C’est ce qu’ont bien compris les nombreuses colonies étrangères qui sont venues lui redemander le lait et le miel d’autrefois.

Outre les ouvrages que nous avons cités au cours de cette étude sur le climat et la fertilité de la Palestine, on peut voir encore : J. Glaisher, On the fall of rain at Jérusalem in the 3H years from 1861 to 1892, dans le Palestine Exploration Fund, Quart, St., 1894, p. 39-44 ; Zumoffen, La météorologie de la Palestine et de la Syrie, dans le Bulletin de [la Société de géographie, Paris, 1899, t. xx, p. 344 sq. et 462 sq. ; G. Arvanitakis, Sur un argument d’Arago, à propos d’un calcul pour déterminer la « température moyenne de la Palestine », et Essai sur le climat de Jérusalem, deux communications faites à l’Institut égyptien au Caire, le 2 mars et le 29 décembre 1903, tirages à part de 6 et 64 pages ; C. R. Gonder, The fertility of ancient Palestine, dans le Pal, Expl. Fund, Quart. St., 1876, p. 120-132.

VI. FLORE. — La végétation palestinienne est naturellement en rapport avec les conditions climatériques que nous venons de décrire. La lumière éclatante du soleil contribue elle-même à embellir à nos yeux les arbres et les plantes, dont les teintes variées se détachent d’une manière plus tranchée grâce à la pureté de l’atmosphère. D’autre part, ce qui détermine le régime de la vie végétale dans ce domaine méditerranéen, ce n’est pas seulement la température plus élevée, c’est la marche des saisons différente de celle du nord de l’Europe. Tandis que, dans le nord, les phases de la végétation coïncident avec la période plus chaude de l’année, dans le midi les plantes se développent au printemps, demeurent stationnaires tant qu’elles sont privées d’humidité, et se ravivent de nouveau sous l’ac.tion des pluies d’automne. Enfin l’action de la chaleur sur les végétaux se manifeste moins par l’augmentation de la température estivale que par la diminution du froid hivernal. Après avoir étudié les origines du pays biblique au point de vue géologique, les analogies de ses premiers êtres vivants avec ceux des autres contrées de même formation, nous avons à examiner les caractères de la vie actuelle et leurs rapprochements avec îa flore d’abord et ensuite la faune des autres pays. Il ne s’agit pour nous que d’un coup d’oeil général, sans envisager spécialement la flore biblique. La nomenclature des Arbres mentionnés dans la Bible a été donnée 1. 1, col. 889-894, et celles des Herbacées (Plantes), t. iii, col. 596-599 ; en outre chaque nom a son article particulier. Les notions suivantes auront cependant leur utilité pour l’ensemble de la botanique sacrée.

1. Géographie botanique. — La flore de la Syrie et de, 1a Palestine diffère peu de celle de l’Asie-Mineure,

qui est une des plus riches et des plus variées du globe ; elle en forme la limite sud-est. Celle-ci appartient elle-même au domaine méditerranéen, qui comprend la Grèce, l’Italie, le sud de la France, l’Espagne, le nord de l’Afrique, sans parler des îles. Cependant, si la flore de Palestine est en grande partie méditerranéenne, elle se rattache aussi à celle d’autres pays, de la Perse sur la frontière orientale, de l’Arabie et de l’Egypte sur la frontière méridionale, de l’Arabie et de l’Inde dans la vallée du Jourdain et les environs de la mer Morte. Sur les 3000 espèces de plantes phanérogames qu’elle renferme, 250 lui sont particulières, bien qu’étroitement apparentées à d’autres espèces ou variétés, 161 appartiennent à la région éthiopienne, 27 à la région indienne, sans en compter un grand nombre qui sont communes à l’Ethiopie et à l’Inde. Cf. H. B. Tristram, The fauna and flora of Palestine, dans le Survey of Western Palestine, Londres, 1884, p. vi. On peut, en somme, croyons-nous, établir trois grandes divisions du règne végétal en Palestine.

1° Tout le littoral, c’est-à-dire côtes, vallées et petites collines, appartient à la flore méditerranéenne. La végétation a les mêmes caractères qu’en Espagne, en Algérie et en Sicile, mais toutefois avec des modifications qui sont plus considérables à mesure qu’on avance vers le sud, du côté de l’Egypte. Elle se distingue par la prédominance des beaux arbres toujours verts, à feuilles persistantes, tels que l’olivier, le chêne vert ou yeuse, Quercus ilex, le chêne kermès, Qûèrcus coccifera, le pin pignon, Pinus pinea, les lauriers, Laurus nobilis, les tamaris, Tamarix syriaca, T. tetragyna, les lentisques, Pistachia lentiscus, et les térébinthes, Pistachia palsestina ou P. terebinthus. On peut ajouter d’autres espèces plus humbles, mais non moins caractéristiques, comme les cistes, Cistus villosus, particulièrement abondant au Carmel, C. creticus, la forme la plus commune sur les collines du sud,

C. salviifolius ; les lavandes, Lavandula stœchas, L. coronopifolia ; le myrte, Myrtus communis, etc. Citons encore les plantes suivantes : clématites, Clematis cirrhosa, C. flammula, C. vitalba ; anémones, Anémone coronaria ; renoncules, Ranunculus calthœ-folius ; dauphinelles, Delphinium rigidum, propre à la Palestine,

D. peregrinum ; papavéracées, Glaucium corniculatum, G. luteuni ; fumariacées, Ceratocapnos palsestina, propre à la Palestine, Fumaria judaica ; crucifères, Matthiola tricuspidata, M. crassifolia, propre à la Palestine ; scilles, Scilla autumnalis, Se. hyacinthoides, etc.

Nous rattachons à cette première région une partie de la chaîne montagneuse, dont la flore peut être dite de basse montagne. Cette flore est caractérisée par divers chênes, dont plusieurs à feuilles caduques : Quercus infectoria, dans la région du nord ; Quercus Calliprinos, mont Thabor ; Qu. pseudococcifera, Carmel, Galilée ; Qu. palsestina, Hébron, trois variétés du Quercus coccifera ; Quercus cerris ; Quercus lthaburensis, variété du Qu. aegilops, Carmel, Thabor, toutes les collines de Galilée et de Samarie. Ajoutons les frênes, Fraxinus oxyphilla, F. parvifolia, [i » ns les montagnes du nord ; les cyprès, Çupressus sempervirens, et, sur le bord des eaux, les peupliers, Populus alba, P. nigra ; les platanes, Platanus orientalis. On trouve également près d’Hébron, sur les hauteurs du désert de Juda, comme sur la côte, le pin d’Alep, Pinus halepensis.

2° Le sud de la Palestine ou le Négéb et le désert de Juda, c’est-à-dire le flanc oriental des monts judéens, appartiennent plutôt, pour une bonne partie, à la flore désertique. Le pays se distingue par une grande variété, mais aussi par la< sécheresse et les épines de ses arbustes, ainsique par le nombre beaucoup moins grand des arbres. Les traits caractéristiques de cette flore sont une quantité de petits buissons gris et épi-