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PALESTINE


en dire autant de juin et août, les quantités relevées étant insignifiantes. Septembre ne compte que quelques millimètres, et encore pas dans toutes les stations. La saison pluvieuse va donc, en somme, d’octobre à mai. Partout la quantité d’eau augmente de mois en mois jusqu’à janvier, puis diminue de même jusqu’à la période de sécheresse. Janvier est le mois le plus pluvieux ; viennent ensuite décembre et février. Il est à remarquer qu’en octobre et novembre la région montagneuse a relativement moins de pluie que la côte méditerranéenne et Tibériade ; c’est le contraire au printemps, mars, avril et mai. La moyenne des jours de pluie pour chaque station donne la proportion suivante : Gaza, 26, 8 ; Tibériade, 49, 6 ; Jérusalem ii, 50, 1 ; Orphelinat syrien, 50, 7 ; Khaïfa, 53, 9 ; Jérusalem i, 56, 1 ; Sarona et Carmel, 58, 5, Bethléhem, 63 ; Nazareth, 65, 1. En comparant avec les tableaux précédents, l’on verra que la quantité d’eau n’est pas tout à fait proportionnelle au nombre des jours. Voir, pour les détails de cette étude, H. Hilderscheid, Die Niederschlagsverhàltnisse Palâstinas in alter und neuer Zeit, dans la Zeitschrift des Deut. Pal.-Ver., t. xxv, 1902, p. 5-82, avec 40 tableaux et 4 graphiques.

Quels rapports y a-t-il entre la chute de la pluie et la direction des vents ? Nous ne pouvons nous appuyer ici que sur les expériences faites à Jérusalem, de 1860 à 1882. Tous les vents, dans la saison, peuvent amener de l’eau, mais les pluies abondantes viennent presque invariablement d’un des vents de l’ouest. Ainsi, pendant les 506 périodes pluvieuses des 22 ans, le vent a soufflé du nord 8 fois, du N.-E., 14, de l’E. 12, du S.-E., 10, du S. 19, du S.-O. 238, de l’O. 156 et du N.-O. 49. C’est donc la Méditerranée qui est la principale source de pluie pour la Palestine. Cf. Pal. Expl. Fund, Quart. St., 1883, p. 10, table iv. Les pays qui avoisinent celle-ci à l’est et au sud, c’est-à-dire le désert de Syrie et celui du Sinaï, sont à moins de 250 millimètres comme hauteur moyenne de pluie. — Voir ce que nous ajoutons plus loin à propos des -Saison*.

4° Neige. — Le plus souvent la neige ne tombe qu’en petite quantité et elle fond bientôt, mais on en voit parfois de vraies tempêtes, et elle peut alors rester dans le creux des collines pendant deux ou trois semaines. Dans la Transjordane, elle recouvre le plateau tout « ntier environ deux années sur trois, et elle se maintient quelquefois au delà d’une semaine, surtout dans les points dont l’altitude est plus considérable. Les derniers jours de décembre, les mois de janvier et de février, et la première partie de mars sont les périodes neigeuses. Le 13 mars 1893, nous avons vu nous-même tomber de la neige et de la grêle à Jérusalem.

5° Rosée. — Dans le beau temps de l’hiver, la rosée se forme en Palestine sous l’influence des mêmes causes qu’en Europe. Mais, dans les mois d’été, lorsque tout le pays est aride et que l’eau manque pour Pévaporation, les rosées abondantes sont entièrement apportées par les vents d’ouest. Si la brise de mer ne s’élève pas vers le soir, ou si elle est très légère, il n’y a pas de rosée. Les fortes rosées d’été diffèrent de celle qui se produit ordinairement, en ce sens qu’elles’sont en grande partie précipitées dans l’air sous forme de brouillard avant de se déposer sur la lerre.’Xies soirs d’été, on voit ordinairement quelques nuages se lever à l’ouest, aussitôt après le coucher du soleil ; plus tard leur nombre augmente, et ils volent assez bas, souvent avec une certaine vitesse. Vers minuit, ils se développent et s’abaissent encore, effleurant le sommet des collines, où ils déposent une bonne partie de leur humidité. Mais il faut pour cela que le vent d’ouest continue à souffler pendant la nuit ; s’il vient à tomber ou à tourner du coté de l’est, le résultat de l’évaporation disparaît. La rosée est le plus abondante au prin temps, en septembre et en octobre, excepté durant le sirocco, où il n’y en a pas. Après une nuit où elle a été très forte, le ciel est, au point du jour, obscurci par un épais brouillard ; le sol, les plantes, les pierres et en particulier les tentes sont humides comme si la pluie avait tombé. Au lever du soleil, le brouillard commence à s’éclaircir, et il se forme de larges masses de nuages floconneux entre lesquelles brille çà et là le ciel bleu. Elles deviennent plus petites et plus denses lorsque la chaleur augmente, produisant de beaux cumulus, qui disparaissent à leur tour. Fréquemment le ciel est entièrement pur vers neuf heures du matin.

6° Saisons. — D’après ce que nous venons de dire, la Palestine ne connaît guère que deux saisons, celle des pluies et celle de la sécheresse. La saison pluvieuse se divise elle-même en trois périodes. La première est celle de la pluie hâtive ou automnale, qui humecte la terre, la dispose à recevoir la semence et prépare le labour. La seconde est celle des abondantes pluies d’hiver, qui saturent le sol, remplissent les bassins et les citernes et alimentent les sources. La troisième est celle de la pluie tardive ou printanière, qui favorise le développement des épis, rend le froment et l’orge capables de supporter les premières chaleurs de l’été, et sans laquelle la moisson est compromise. Durant cette saison, l’eau tombe un ou plusieurs jours, suivis d’un ou plusieurs jours de beau temps, qui, en hiver et au début du printemps, comptent parmi les plus délicieux que puisse offrir le climat de Palestine. L’insuffisance de la pluie entraîne invariablement celle de la moisson ; mais il ne s’ensuit pas que la surabondance de l’une amène la surabondance de l’autre. Les conditions les plus favorables pour une bonne récolte sont une généreuse pluie d’hiver, tombant en plusieurs jours, avec des intervalles non prolongés de beau temps, et une large provision d’eau printanière. L’époque de la moisson varie ; dans les contrées basses, celle du froment a lieu en mai ; dans les parties hautes, durant la première quinzaine de juin. Fréquemment l’orge se moissonne déjà en avril. La saison la plus agréable est le printemps, qui dure du milieu de mars au milieu de mai. L’anière-saison, en novembre, ne manque pas de charme, mais la nature est alors presque complètement morte. Le mois de décembre est orageux, ceux de janvier et février sont froids et pluvieux. La sécheresse commence avec les vents d’été. Cf. Pal. Expl. Fund, Quart. St., 1883, p. 9, 11. — Pour les rapports de ces différents éléments, vents, pluie, neige, etc. avec la Bible, voir les articles spéciaux qui leur sont consacrés dans le Dictionnaire, et H. Hilderscheid, Die 2Viederschlagsverhàltnisse Palâstinas, dans la Zeitschrift des Deut. Pal. Ver., 1902, p. 82-97.

7° Orages et tremblements de terre. — Les orages n’ont pas lieu, comme dans nos pays, pendant les grandes chaleurs de l’été, mais en hiver, c’est-à-dire durant la saison des pluies. L’Ancien Testament, I Reg., xii, 17, les présente comme un phénomène extraordinaire au temps de la moisson. On en signale cependant dans les premiers jours de mai. Cf. E. Robinson, Biblical Researches in Palestine, Londres, 1856, t. i, p. 430. Lynch, Narrative of tfie United States’expédition to the Dead Sea, Londres, 1849, p. 352, décrit ainsi celui dont il fut témoin, à la même époque de l’année, dans une vallée sauvage au sud-est de la mer Morte : « Une nuée sombre et menaçante enveloppa soudain les sommets de la montagne ; les éclairs brillaient à travers sans interruption, pendant que le fracas du tonnerre était répercuté d’un côté à l’autre de l’épouvantable abîme. Entre ses éclats, nous entendîmes tout à coup le bruit d’un mugissement continu ; c’était le torrent formé par le nuage pluvieux qui se précipitait en longue ligne d’écume en bas de la pente escarpée,