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PALESTINE

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Des coulées basaltiques existent aussi sur les flancs occidentaux et septentrionaux du Djebel Dahy, et, plus loin, aux environs de Nazareth. Une autre, qui semble partir de Qurun Hattin, vient atteindre les bords du lac près de Tibériade ; le basalte qui la constitue renferme les éléments suivants : silice, alumine, fer oxydé, carbonate de chaux, magnésie et alcalis. Mais le plus important massif volcanique est celui de Safed, que Russegger regarde comme le centre des éruptions de la contrée. Existe-t-il des coulées de lave à l’occident de la mer Morte ? C’est un point qui a été discuté entre MM. Hôrmann et Blanckenhorn, dans les Mittlwilungen de la Zeitschrifl des Deut. Palâstina-Vereins, t. xxi, 1898, p. 87-88. La question est de savoir d’où provient réellement le morceau de lave trouvé dans ces parages. Cf. F. Zirkel, Das Lavastùck des Pfarrers Hôrmann in Brixen, dans les Mittheilungen, 1899, p. 61-62.

— Ce ne sont là cependant que de faibles échos des phénomènes volcaniques qui ont couvert de lave le Djôlan et le Haurân, dans la Transjordane. Voir fig. 532 et la carte. Toute la rive orientale du lac de Tibériade est couverte de débris basaltiques, et plusieurs coulées descendent presque sous les eaux, comme aux débouchés des ouadis Sik et Semait. Ces coulées sont répandues sur tout le Djôlan ; elles viennent se terminer brusquement au pied de l’Hermon, qui est comme le cap avancé contre lequel se sont brisés les flots vomis par les cratères. Les scories et les blocs de laves, parfois entassés les uns sur les autres, donnent un caractère étrange à cette région et y rendent la marche très pénible. Le^basalte est généralement assez compact, d’une couleur, noirâtre tirant sur le bleu et parsemé de nombreux^cristaux de péridot d’un jaune clair. — C’est encore dans le Haurân que les phénomènes volcaniques ont atteint leur plus grand développement. On ne voit dans cette contrée, comme nous l’avons dit plus haut, que cônes et cratères et d’immenses coulées volcaniques recouvertes, en partie, d’un terreau gras que perce à chaque instant le basalte. Le basalte qui constitue le tell Abu Tuméis, en particulier, est remarquable par ses propriétés magnétiques. Il diffère d’ailleurs d’aspect avec celui de la Moabitide et celui’du Djôlan ; plus compact, il est d’un gris bleuâtre, taché de zones violacées et chargé de nombreux grains de péridot ; chaque morceau forme une sorte d’aimant naturel, ce qui est dû sans doute à une forte proportion de fer oxydulé titanifère répandue dans sa masse. Le Ledjah n’est qu’une vaste nappe basaltique vomie par les cônes du Haurân. Le sol rougeâtre de la plaine En-Nuqrah est composé de scories de laves et de cendres répandues par les volcans et désagrégées par les agents atmosphériques. Les ruines des anciennes villes renferment de nombreux blocs de basalte, qui ont été utilisés pour l’architecture ; on en a fait des autels votifs, des sarcophages, de linteaux de porte, des colonnes. Il faut descendre ensuite sur les bords de la mer Morte pour retrouver les roches volcaniques, qui se montrent sur plusieurs points du plateau oriental. À l’extrémité septentrionale du lac, près du débouché de Vouadi Ghuéir, une coulée de lave s’avance vers les eaux, sous lesquelles elle disparait ; elle est formée de basalte noirâtre, un peu scoriacé, dont les vacuoles sont tapissées de carbonate de chaux et dans lequel on distingue, à la loupe, des cristaux de pyroxène. Sur le flanc septentrional du Djebel Atlarus se trouvent des amas considérables de scories et brèches basaltiques qui paraissent recouvrir la tête d’une coulée moderne ; celle-ci descend d’abord vers le lit du Zerqa Ma’în, le traverse, passe sur sa rive droite, qu’elle longe pendant un certain temps, puis revient sur la rive gauche et se dirige vers la mer Morte en passant près des sources chaudes de Callirrhoé. Dans le lit de Vouadi Modjib sont de nombreux cailloux de basalte, probablement charriés par ce cours d’eau des régions

où il prend sa source. Ce basalte est d’un gris assez clair, présentant quelques grandes vacuoles tapissées d’aragonite, à pâte très feldspathique sur laquelle se détachent de nombreux grains de péridot.

F) Terrains récents. — Ces terrains doivent leur formation à des dépôts marins, iluviatiles, lacustres, fontinaux et atmosphériques.

1° Dépôts marins. — L’étude du littoral méditerranéen nous a montré, sur la côte palestinienne, des phénomènes d’exhaussement qui sont dus à l’action delà mer et des agents atmosphériques. La plage exhaussée des anciennes villes de Tyr et de Sidon provient des dépôts qui datent de l’époque historique. Du Cartnel à la frontière égyptienne, comme sur toutes les côtes plates, la mer a rejeté et rejette encore, sous la forme d’un cordon littoral, les graviers, sables et limons que peut charrier le courant qui longe le rivage. D’autre part, les vents s’emparent des sables légers arrachés, par la désagrégation, au grès et au calcaire et les chassent sans cesse dans la direction de leurs courants dominants. De là ces couches légères qui ont fini par combler les vieux ports, ces collines sablonneuses qui longent la Méditerranée ; de là ce linceul qui, comme en Egypte, est en train de recouvrir les antiques cités de la côte. Un autre phénomène plus curieux est celui que présentent ces lignes de rochers qui courent parallèlement au rivage et constituent tantôt des brise-lames, tantôt des écueils dangereux, comme à Jaffa. Ces rochers, qui se trouvent à quelques centaines de mètres du rivage, et le plus souvent à fleur d’eau, sont des grès calcaréo-siliceux, de formation moderne, remplis de pétoncles (Pectunculus violacescens, Lamk). Ils sont ainsi produits par l’agglutination du sable et d’un grand nombre de coquillages, au moyen d’un ciment siliceux déposé par les eaux de la mer. Une action chimique particulière leur donne une extrême dureté.

2° Dépôts jtuviatiles. — Les seules alluvions fluviatiles un peu considérables sont celles du Jourdain. Ce fleuve, nous l’avons vii, a creusé son lit au milieu des dépôts de la-mer Morte, mais il l’a en partie comblé par un limon dont la couleur jaune et la fertilité font contraste avec les bandes stériles et blanchâtres des marnes gypseuses qui l’encadrent. À son embouchure dans le lac Âsphaltite, il accumule des déjections, qui ont la forme d’une surface conique et finiront par produire un delta, dont la naissance se fait déjà sentir sous les eaux, h’ouadi Zerqa Ma’in et Vouadi Modjib forment eux-mêmes de petits deltas en miniature, sur lesquels poussent de nombreux arbrisseaux.

3° Dépôts lacustres. — Les dépôts lacustres les plus intéressants sont ceux qui sont formés de nos jours sous les eaux de la mer Morte. Ils ressemblent beaucoup à ceux que nous avons déjà signalés sous le nom de marnes de la Lisdn. Ils constituent principalement la grande plage appelée Sebkhah, située au sud et parfois encore, c’est-à-dire dans les crues exceptionnelles, envahie par les eaux, qui y déposent des argiles salifères. Ce sont des alluvions de cette nature qu’on retrouve sur les bords du lac, un peu partout, en particulier autour de la presqu’île de la Lisân, dont les petites falaises sont formées de dépôts plus anciens. Du fond même de la mer Morte la sonde rapporte des échantillons d’une argile bleuâtre renfermant de petits cristaux cubiques de sel et d’autres lenticulaires de gypse. Dans la partie méridionale, où la profondeur est très faible, on ne retire qu’une vase salée.

if Dépôts fontinaux. —Les sources thermal ? s laissent le plus souvent sur leurs bords des dépôts qui ne manquent pas d’intérêt pour le géologue. Celles de Hammam, près de Tibériade, qui sortent d’un calcaire bitumineux brunj semblable à celui de la mer Morte, dégagent de l’hydrogène sulfuré et ont’un dépôt jaunâtre de soufre, mêlé à des carbonates de chaux et de magné-