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1997
1998
PALESTINE


de terre qui s’avance du nord au sud dans la Méditerranée, en forme de triangle. La baie qui l’avoisine et porte son nom est le trait caractéristique du rivage dont nous parlons. Arrondie à ses deux extrémités, mais beaucoup plus large au sud, où elle s’appuie sur le Carmel, cette échancrure produit l’aspect d’un refuge providentiellement ménagé aux vaisseaux. Cependant la rade d"Akka, très peu abritée, est extrêmement dangereuse en hiver et au printemps ; lorsque souffle le vent d’ouest, , bien souvent les navires à voiles ne peuvent s’éloigner à temps et sont jetés à la côte par la tempête. Celle de Khaïfa est plus sûre, bien que le port actuel soit également peu profond. Voir Accho, t. i, col. 108. Au-dessous du Carmel, la côte n’offre plus qu’une ligne presque absolument unie, avec quelques petites baies et criques ensablées ; c’est une barrière uniforme et nue, composée de dunes de sable, contre laquelle la mer dépose un long ruban d’écume. À Athlit, un petit promontoire rocheux s’avance dans la mer, assez semblable à celui de Tyr, portant un pauvre village construit au milieu des ruines. C’était jadis une île, au moins d’après une opinion très vraisemblable, car, à l’orient, la colline s’abaisse beaucoup, et les baies qu’elle divise pouvaient autrefois se rejoindre ; nous aurions ici, comme en plusieurs endroits, un exemple de l’exhaussement par l’accumulation du sable. Plus bas, en avant de fantûrah, l’ancienne Dor, Jos., xi, 2 ; xii, 23, etc., s’arrondit une anse peu profonde, protégée, du côté du large, contre les vents d’ouest, par trois ou quatre Ilots, qui brisent la violence des vagues, et défendue au nord par une pointe rocheuse. Le port antique de JDora est au nord et à une faible distance de cette anse. Voir Dor, t. ii, col. 1487. Tout le monde sait les merveilles qu’Hérode avait accumulées autour de l’anse naturelle formée par les terres rocheuses qui supportaient la tour de Straton. Aujourd’hui le vieux port de Césarée, Qaisariyéh, est entièrement ruiné, et le bassin lui-même ne laisse voir sous la transparence des eaux, quand elles sont calmes, qu’une foule de débris. Voir Césarée du bord de la. MER, t. ii, col. 456. Le port de Jaffa, petit, peu profond, est formé par une ligne de brisants qui laissent une passe excessivement étroite. La mer s’engouffre par cette ouverture entre deux murs parallèles de récifs, contre lesquels on court risque de se briser, quand la houle est tant soit peu forte, ce qui arrive souvent. La rade, en effet, est largement ouverte à tous les vents, qui soufflent avec violence sur cette côte basse et sans golfes. Voir Joppé, t. iii, col. 1631. En avançant vers le sud, nous ne trouvons plus que des apparences de port. Un peu au-dessous du Na.hr Rubîn, se développe une petite baie entourée de rochers formant une sorte de jetée naturelle. Cette anse constituait autrefois l’établissement maritime de Jamnia, représentée aujourd’hui par Yebnéh, à une certaine distance de la côte. Voir .Jamnia, t. iii, col. 1115. Plus bas, quatre kilomètres à l’ouest d’Esdûd, l’ancienne Azot des Philistins, Jos., xiii, 3, on aperçoit les ruines d’une petite ville et d’une forteresse commandant une rade solitaire. Cet endroit porte le nom de Minet Esdûd, et répond à « l’Azot maritime », ’Aç&xoç TzapiX’.o ; de certains auteurs. Voir Azot 1, t. i, col. 1307. Ascalon avait aussi son port, protégé par deux môles et ouvert du côté de l’ouest ; c’était plutôt une rade, et encore assez peu sûre. Voir Ascalon, t. i, col. 1060. Enfin, vers le nord-nord-ouest de Ghazzéh, dans un endroit appelé El-Minéh, le littoral décrit une petite courbe, une anse peu prononcée, qui voit cependant encore aujourd’hui aborder quelques barques. On ne remarque aucune apparence de digue dans cette rade, qui d’ailleurs devait offrir, elle aussi, peu de sécurité, étant ouverte à tous les vents, excepté à ceux de l’est et du nord-est. C’est là que se trouvait sans doute le comptoir maritime de Gaza. Voir Gaza,

t. iii, col. 118. Cette configuration de la côte méditerranéenne a eu dans l’histoire ses conséquences, que nous étudierons plus loin. Pour sa formation, voir Méditerranée (Mer), col. 927.

2. Région transjordane. — A) Orographie. — Le pays qui s’étend à l’est du Jourdain et de la mer jMorte n’est qu’un immense plateau parsemé d’éminences isolées, où s’élève sur un seul point un massif de montagnes volcaniques, le Djebel Haurân. Mais ce plateau, vu de la Palestine cisjordane, a l’aspect d’une véritable chaîne. Cette disposition physique est très sensible surtout lorsque, du fond de la vallée du Ghôr, on gravit les pentes abruptes qui l’encaissent à l’est. Après avoir, par exemple, traversé le Jourdain en face de Jéricho, il faut franchir les deux gradins de la montée avant d’atteindre le niveau supérieur où se montrent les grandes plaines, c’est-à-dire que de 300 à 250 mètres au-dessous de la Méditerranée on arrive à une hauteur de 800 à 900 mètres au-dessus (Voir fig. 527). Si l’on passe le fleuve au Djisr el-Mudjdmï, au sud du lac de Tibériade, on va successivement de 150 ou 130 mètres au-dessous de la Méditerranée à 364 mètres au-dessus (Umni Qeis ou Mqéis), 460 mètres (Abil), 490 mètres (Ep-Turra), 550 mètres (Der’ât) et 982 mètres (’Aère, au pied du Djebel Haurân). (Voir fig. 528). La bande du plateau qui s’étend de l’Hermon au nord à l’Arnon au sud, du Jourdain et de la mer Morte à l’ouest au Derb et Hadj ou « Route des Pèlerins » à l’est, est divisée en trois parties par deux fossés profonds, le Sclierî’at el-Menâdiréh et le Nahr ez-Zerqa. La première porte le nom de Djôlân ; c’est l’ancienne Gaulanitide, La région septentrionale, qui a une altitude moyenne de 700 à 800 mètres, est caractérisée par une chaîne volcanique d’un aspect singulier. Cette chaîne se compose de plusieurs groupes, de monts isolés, cratères de volcans éteints. L’un se trouve à l’est, près du Nahr er-Ruqqâd ; il commence au sud avec le Quléïah (7Il mètres), se continue avec le Tell e.l-Fàras (948 mètres) et se termine au nord avec leHàmi Qursuh (1198 mètres), dont la lave atteint El-Qunéitrah. L’autre, qui est comme le prolongement de celui-ci, va dans la direction du nord-ouest et s’élève à 1294 mètres au Tell esch-Scheikhah. Un troisième, qui rejoint le second au nord, court parallèlement au premier et comprend Tell el-Ahmar (1238 mètres), Tell Abu en-Neda (1257 mètres) et Tell Abu Yusef (1029 mètres). On peut y rattacher le Tell Abu el-Khanzir (1164 mètres), qui s’écarte un peu à l’ouest. Mais, pour se faire une idée exacte de ces hauteurs, il ne faut pas perdre de vue le niveau du plateau, qu’elles ne dépassent guère en somme que de quelques centaines de mètres. Cette partie septentrionale du Djolân est une contrée âpre et sauvage, couverte de masses de lave, de rochers basaltiques, au milieu desquels cependant les troupeaux des Bédouins trouvent, au printemps, d’excellents pâturages. Au sud, le terrain plus uni et mieux cultivé, descend graduellement vers le Sehérî’at el-Menâdiréh ; Ysiitïtude moyenne va de 491, 476 mètres à 350 et 330 mètres environ. — La seconde partie du plateau oriental s’appelle Y’Adjlûn, fermé au nord-est par un rebord, le Djebel Ez-Zumléh (607 mètres). En descendant vers le sud, la bande de terre reprend peu à peu un niveau supérieur : 528 mètres à Trbid, 614 mètres à Tibnéh, 863 mètres à’Aïn Djennéh. Les hauteurs s’accentuent avec le Djebel Kafkafa (988 mètres), Turrat el-Affûr (930 mètres) et le Djebel Bakârt (1085 mètres). — La troisième est le Belqâ, dont l’altitude moyenne est de 700 à 800 mètres. Ce chiffre est même dépassé dans la région septentrionale, où l’ensemble du pays est plus élevé : Es-Salt (835 mètres), Khirbet Sâr (972 mètres), El- 1 Al (934 mètres), Hesbàn (900 mètres). Les sommets sont également plus hauts Djebel Oscha’(1096 mètres), Râs el-Merqeb (957 mètres) : Hâs el-Muschéirféh (1013 mètres), Djebel Zabûd