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1891
1992
PALESTINE


mier se transforme en lac et le second en un torrent difficile à passer. Le Nahr Na’amân est alimenté par quelques branches qui descendent des monts de la Basse Galilée, les ouadis Scha’ib, el-Halazun et’Abilin. Plus bas, au fond de la baie, est l’embouchure du Nahr el-Muqatta’, le fameux torrent de Gison, qui est le produi du drainage des eaux de la grande plaine d’Esdrelon et des montagnes environnantes. Formé de deux branches principales, dont l’une part du sud-est et l’autre du nord-est, il est encore entretenu par des sources assez abondantes. Avant d’arriver à la mer, il reçoit les eaux i"Aïn es-Sa’âdéh et de Vouadi el-Malek. À sec dans sa partie supérieure, excepté pendant l’hiver et après de de grandes averses, il ne devient permanent que six à sept kilomètres au-dessus de son embouchure. Voir Gison (Torrent de), t. ii, col. 781. — Au-dessous du Garmel, les ouadis qui découpent les montagnes samaritaines s’allongent peu à peu, suivant que la ligne de faîte s’éloigne de la mer. Leurs nombreuses ramifications forment plusieurs fleuves. Auprès de fanfûrah est le nahr ed-Difléh, qui serpente en de nombreux replis à travers la plaine. Puis viennent : le Nahr ez-Zerqa, le flumen Crocodilon de Pline, H. N., v, 17, et au sud de Qaisariyéh, le nahr et Akhddr ou el-Mefdjir, qui, non loin de son embouchure, forme un étang dont les rives sont couvertes de joncs et de roseaux ; plus bas encore le nahr Ishanderùnéh. En descendant vers JafTa, l’on rencontre le Nahr el-Fâléq, c’est-à-dire « la rivière de la fente ou de la coupure » ; ce nom lui vient d’une coupure artificielle pratiquée à travers une colline rocheuse, qui lui barrait autrefois toute issue vers la mer, ainsi qu’au vaste étang, Basset el-Fâléq, dans lequel ses eaux se perdaient. Les historiens des croisades l’appellent Rochetailie, « roche taillée. » Il est bordé et même rempli d’une forêt de roseaux de diverses espèces ; aussi est-il nommé par un historien arabe, Bobæddin, Nahr el-Kassab, <i rivière des Roseaux. » C’est pour cela également que plusieurs auteurs l’identifient avec le nahal Qândh, Vulgate : vallis arundinelx, « vallée des roseaux, » qui formait la limite entre la tribu d’Éphraïm, au sud, et de celle de Manassé, au nord. Jos., xvi, 8 ; xvii, 9. Voir Cana 1, t.’ir, col. 105. Plus bas est le nahr el-Audjéh, dont les nombreux affluents, avec leurs ramifications, prennent naissance au centre des montagnes, et drainent une assez grande étendue de terrain ; citons, parmi les principaux, les ouadis Qanah, Rabah, Deir Ballit, et Nusrah. — Les montagnes de Judée sont, elles aussi, coupées par une multitude de torrents temporaires, qui finissent par s’unir dans de grands ouadis, comme ceux appelés es-Surâr, es-i>amt, el-Burschein, el-Ghuéit, el-Hésy. Tous ces cours d’eau se déversent dans la Méditerranée, de Jaffa à Gaza, par trois canaux seulement. Le premier est le nahr Rûbîn, dont les rives sont bordées de divers arbustes et notamment de lentisques et d’agnuscastus. Le second est le nahr Sukréir, et le troisième Youadi el-Hésy. Les pentes méridionales de ce massif s’égouttent par des ouadis qui s’en vont dans la direction de l’ouest, du sud-ouest et du nord-ouest en former de plus considérables, comme Vouadi esch-Scherl’a et Vouadi es-Seba’. Ces deux branches s’unissent pour constituer Vouadi Ghazzéh, qui se jette dans la mer au-dessous de Gaza ; très large à son embouchure, il arrête quelquefois les caravanes à la saison des grandes pluies. La seconde branche a une énorme étendue ; elle ploDge ses ramifications jusqu’à la ligne de faite qui, assez rapprochée de la mer Morte, s’incline, dans le Négeb, vers le sud-ouest. De ces hauteurs partent, en différentes directions, de nombreux torrents qui se rejoignent et finissent par trouver un même écoulement. Enfin des montagnes qui sont à l’ouest de’Aïn Qedis descendent des ouadis dont la réunion se fait en grande partie dans Vouadi el-Abiâd, lequel se jette à son tour

dans Vouadi el-’Arîsch. Ce dernier forme la frontière naturelle entre la Palestine et l’Egypte ; c’est le Sîhôr ou « le Torrent d’Egypte » de la Bible. Jos., xtit, 3 ; xv, 4. Le mot Hfrôr veut dire « noir, trouble », expression qui convient.parfaitement à ce fleuve, lorsqu’il recueille, à l’époque des grandes pluies, dans son lit extrêmement large, les eaux de ses.divers affluents, et qu’il se précipite vers la mer, agité et d’un aspect sale et limoneux. A ce moment, il est quelquefois très difficile de le traverser ; il ronge ses rives et entraîne souvent des arbres déracinés. En d’autres saisons, il ne renferme pas une goutte d’eau.

&) Bassin du Jourdain et de la mer Morte. — La ligne de faîte du massif montagneux de la Palestine est, comme nous l’avons dit, plus rapprochée de la vallée du Jourdain que de la Méditerranée ; la pente est aussi plus raide. Nous trouverons donc de ce côté des torrents en général plus courts et plus rapides, avec moins de ramifications. Les premiers ouadis, au nord, descendent vers les branches du Jourdain, puis, plus bas, viennent aboutir au lac Hùléh. Parmi ces derniers citons les ouadis’Arûs, Hendâdj et Uaqqds. Le lac de Tibériade reçoit, de son côté, une foule de petits cours d’eau, que lui envoient les hauteurs de Safed au nord, et les montagnes de l’ouest : les ouadis eVAmud, er-Rabadiyéh, el Hamâm. Au sortir de ce lac, le Jourdain reçoit Vouadi Fedjâs, dont le cours, après une direction sud-est, fait un brusque détour vers l’est ; puis viennent Vouadi el-Biréh etVouadi el-Eschschéh. Dans la plaine de Beïsân, merveilleusement arrosée, coulent : le nahr Djalûd, qui prend naissance sur les pentes septentrionales du Djebel Fuqû’a et les pentes méridionales du Djebel Ddhy, puis descend dans une belle et large vallée et passe au nord de la ville pour rejoindre le fleuve ; plus bas, Vouadi el-Hunira. Au-dessous de Vouadi el-Mâlih, dont le cours est en zigzag, la montagne qui serre de près le Jourdain se fendille de courtes rigoles. Les torrents tombent ensuite des monts samaritains dans Ja direction du sud-est ; ce sont les ouadis el-Buqéi’a et el-Far’a ; ce dernier, dans la partie inférieure de son cours, prend le nom d’ouadt Djuzeléh, sa source est abondante et intarissable, ses, ’bords sont couverts de superbes touffes de lauriers-roses et de roseaux gigantesques. En avançant vers Jéricho, dans la plaine, sont les ouadis et flumr, Fasdîl, el-Melldhah, el-Audjéh. Enfin, au sud de Jéricho, Vouadi el-Kelt ou el-Qelt débouche d’une vallée profondément creusée entre des rochers à pic, et aboutit au Jourdain à un kilomètre au-dessous de Qasr el-Yehûd. — Dans la mer Morte se déversent un certain nombre de torrents qui ajoutent leurs eaux à celles du Jourdain. Au sud de Rds Feschkhah tombe le Cédron, ouadi en-Nâr, qui a son origine vers le nord-ouest de Jérusalem, passe à l’est de la ville en creusant son lit de plus en plus, puis prend la direction du sud-est et vient, entre deux murailles de rochers abrupts presque verticaux, se jeter dans le grand lac. Voir Cédron (Torrent de), t. ii, col. 380. Viennent ensuite les ouadis ed-Déradjéh, Aréiâjéh, el-Khabera, el-Suféisif, Nimréh, Hathrurah et Zuéirah. Enfin le versant oriental des montagnes du Négeb dirige ses cours d’eau vers la baie méridionale de la mer Morte, par deux canaux principaux, Vouadi Fiqréh et Vouadi Djéib.

c) Le Jourdain. — Le vrai, pour ne pas dire le seul fleuve de la Palestine, c’est le Jourdain, que les Arabes appellent Scherî’at eUKebiréh, a le grand abreuvoir. » Il a trois sources principales : celle A’Hasbeya, près du village du même nom, sur le flanc occidental de l’Hermon ; celle de Tell el-Qadi, petite éminence de forme quandrangulaire.au pied de la même montagne, à deux ou trois kilomètres de l’angle sud-ouest ; celle de Banias, à 40 minutes environ de la précédente. Les trois rivières, dont la première est appelée Nahr Hasbani,