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PALESTINE

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d’une campagne unie, parsemée de quelques tertres. Le terrain noirâtre est formé d’une argile fine, qui se détrempe facilement sous l’action des pluies ; d’une grande fertilité, il offre tantôt d’interminables champs de blé, tantôt de vastes espaces recouverts de grandes herbes. Voir Esdrelon, t. ii, col. 1945.

La plaine côtière commence au nord par celle qui avoisine la ville de Tyr. Large en moyenne de deux kilomètres, elle est bientôt fermée par les rochers qui forment le Ras el-Abiad ou « Cap Blanc » et le Bas en-Naqûrah. La route qui passe à ce dernier endroit a été bien nommée autrefois Scala Tyriorum, « l’Échelle des Tyriens ; » ce n’est, en effet, qu’une suite de marches taillées dans le roc. À partir de ce point, la plaine s’élargit à 6-kilomètres, parfois un peu plus, et, sur une longueur d’environ 8 lieues, descend vers le Carmel, où elle rencontre une nouvelle barrière. Cette plaine de Saint-Jean d’Acre, dans laquelle débouche, au sud-est, celle d’Esdrelon, est ainsi resserrée entre les montagnes et la mer ; elle est fertile et bien cultivée, avec d’immenses champs de blé, de tabac et de coton. Le sol est tantôt argileux, tantôt formé par un terrain noirâtre semblable à celui du Delta égyptien ; près du rivage cependant, il est souvent inculte et sablonneux. La plaine côtière reprend au-dessous de la pointe du Cai-mel avec une largeur d’à peine 200 mètres ; puis elle s’élargit bientôt : à Athlît, elle a plus de 3 kilomètres et elle se continue ainsi par T<*n(ûrah jusqu’à l’embouchure du JVavr ez-Zerqa, où elle est barrée par un petit éperon bas du Carmel, El-Khaschm. Là commence, à proprement parler, la plaine de Saron, Is., xxxv, 2, large de 13 kilomètres à Qaisariyéh, et d’une vingtaine autour de Jaffa. Sa pente, coupée de quelques buttes, remonte doucement vers la montagne jusqu’à une altitude de 60 mètres. Elle est, par endroits, bien cultivée ; ce ne sont, en dehors des jardins qui entourent les villes et les villages, que champs de blé, de courges et de concombres. On sait comment Jaffa est entourée, dans un rayon de plusieurs kilomètres, d’une ceinture verdoyante, qui en fait une admirable oasis, un vrai jardin des Hespérides. Le sol est recouvert, à la surface, d’une légère couche de sable fin, qui cache un humus excellent et très profond. Cette arène rougeâtre est extrêmement fertile quand l’eau du ciel vient la féconder. Au-dessous de Jaffa, la plaine continue sous le nom de Sépfiélah, hébreu : haS-Sefêlâh, « le pays bas, » le lowland. Parsemée de légers mamelons, elle est comme le prolongement du Delta égyptien, à part les canaux :  ; on y voit les mêmes villages, cachés dans un fourré d’arbres, avec des maisons bâties en pisé ou en briques simplement séchées au soleil. C’est cette région qui faisait tout à la fois la richesse et l’orgueil des Philistins.

Au sud, se trouvent encore de grandes plaines, comme le Sahel Umm Butéîn et le Sahel Far l a. Bir es-Séba’occupe le coin occidental de là première, large surface ondulée, semblable au bassin desséché d’un ancien lac, et coupée en différents sens par de nombreux ouadis. Le terrain serait fertile, s’il était bien arrosé ; au printemps seulement, on aperçoit de nombreux troupeaux de chèvres et de moutons, des bandes de chameaux qui viennent pâturer dans ces steppes une maigre végétation. Nous sommes ici à la même altitude que dans les premières plaines du massif samaritain, 200 à 240 mètres et plus loin, à Khirbet el-Milh, au sud du Sahel el-Far’a, à 369 mètres. Les collines qui bordent ces vallées vers le nord dessinent les limites qui séparent les populations sédentaires des nomades ou Bédouins.

La vallée du Jourdain, dont nous avons déjà indiqué le trait saillant, commence au nord par eMerdj’Ayûn, ou « plaine des sources », qui doit son nom à des sources formant des ruisseaux bordés çà et là de saules, de peupliers et de mûriers. Vient ensuite la dépression

qui porte le nom de ai-dh él-Hûléh, et qui s’étend depuis Tell el-Qadi jusque vers le Djisr Benât Ya’gûb. Elle n’est guère qu’un immense marais, et elle se creuse au sud pour former le lac Hûléh. Cependant entre celui-ci et les montagnes occidentales, un terrain assez, vaste est propre à la culture ; des champs de blé et des pâturages sont séparés par de grands espaces laissés en friche, couverts de roseaux et de carex. Au-dessous, la vallée se rétrécit tellement qu’elle n’est plus qu’un étroit canal qui livre passage aux eaux du Jourdain jusqu’au lac de Tibériade. Au bord septentrional de celui-ci se trouve la plaine A’El-Bafihah, et, sur le bord occidental, celle à’El-Ghûéir, « le petit Ghôr, » autrefois appelée de Gennésar, large de 3 kilomètres, et longue de plus d’une lieue. Voir Génésareth (Terre de), t. iii, col. 174. Au sud du lac, la vallée devient large de près de6 kilomètres et prend le nom à’El-Ghôr, « terre basse, crevasse, » qu’elle garde jusqu’à la mer Morte. Après s’être rétrécie avant d’arriver à Béisân, elle s’otivre aux environs de cette ville jusqu’à 13 kilomètres ; mais, en avançant vers le midi, elle se rétrécit de nouveau et est réduite à 3 kilomètres. En se rapprochant de la mer Morte, elle s’élargit et finit par atteindre de 19 à 23 kilomètres. Elle se développe ainsi comme une plaine extrêmement allongée, déprimée vers son centre, où serpente le lit tortueux du Jourdain. Le fleuve, en effet, l’a creusée au point d’y créer des étages successifs. Au delà du fourré verdoyant qui le borde des deux côtés d’une manière presque ininterrompue, règne une bande de terre généralement étroite et naturellement très fertile, composée d’un terrain limoneux, que baignent les grandes crues et qu’enserre une chaîne plus ou moins élevée de mamelons blanchâtres. Ces mamelons, couverts d’arbustes salifères, sont coupés, de distance en distance, par les lits de nombreux ouadis, qui descendent des montagnes latérales. Au delà de cette ligne, la vallée se relève graduellement jusqu’à ce qu’elle atteigne le pied des deux chaînes parallèles, entre lesquelles elle s’étend. Il résulte de cette configuration que, à l’exception d’une bande assez étroite de terre fécondée par les eaux du fleuve, elle ne peut être arrosée dans sa partie supérieure que par des irrigations, au moyen de canaux et de rigoles dérivant des sources qui jaillissent du sein des montagnes. Avec ces sources, elle est encore très fertile là où elle est cultivée. On moissonne déjà en avril dans la plaine de Béisân et dans celle de Jéricho. Mais, dans la partie méridionale, en amont de l’embouchure du Jourdain, c’est la stérilité la plus complète par suite des matières salines mêlées au sol.

C) Hydrographie. — La constitution du pays, telle que nous venons de la décrire, nous montre bien, avec les deux versants, qu’il n’y a que deux bassins, celui de la Méditerranée et celui du Jourdain.

1. Fleuves et rivières. — Le mot arabe ouadi désigne en même temps la vallée et le cours d’eau qui la traverse. Disons tout de suite que la plupart de ces rivières ne sont que temporaires, c’est-à-dire coulent seulement à l’époque des pluies ;

a) Bassin de la Méditerranée. — Le faite des montagnes de la Haute Galilée donne aux eaux qui en descendent non seulement une direction orientale et occidentale, mais encore septentrionale ; plusieurs ouadis viennent se déverser dans le Nahr el-Qasimiyéh, qui. lui-même débouche dans la Méditerranée. Sur le versant de l’ouest, on rencontre, du nord au sud, les ouadis el-Humraniyéh, el-Ezziyéh, el-Qurn, le nahr Mefschukh et le nahr Sémiriyéh. Au sortir de Saint-Jean d’Acre, on franchit le Nahr Na’amàn, l’ancien Belus, qui prend sa source à quelques kilomètres, dans un marais environné d’une épaisse ceinture de roseaux, appelé par Pline, H. N., xxxvi, 26, palus Cendevia. L’été, le marais est presque à sec et le fleuve sans eau ; mais après les pluies de l’hiver et du printemps, le pre-