Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/1017

Cette page n’a pas encore été corrigée
1977
1978
PALESTINE


Leipzig, 1857, t. i, p. 59, 261 ; pi. viii, n. 319 ; W. Max Mùller, Asien und Europa nach altâgyptùchen Denkmâlern, Leipzig, 1893, p. 205. La « terre de Chanaan » n’indique dans l’Écriture que le pays situé à l’ouest du Jourdain. Cf. Reland, Palxstina, Utrecht, 1714, t. i, p. 3-8.

3° Terre des Amorrhéens. — On trouve dans certains passages de la Bible, Jos., xxiv, 8 ; Am., ii, 10, l’expression : ’érés hd-Émôrî ; Septante : yf)’AiioppaW/, k terre des Amorrhéens, » du nom d’un ancien peuple qui occupa le pays avant l’arrivée des Israélites. Voir Amorrhéens 1, t. i, col. 504. Les Lettres A’El-Amarna désignent de même le territoire palestino-phénicien par le terme mât Amurri. Cf. H. Winckler, Die Thontafeln von Tell el-Amarna, p. 98, 120, 132, 152, etc. Depuis la découverte de ces tablettes, on s’est demandé s’il ne faudrait pas remplacer par Amuru, Amurru, la lecture Akharru ( « ce qui est par derrière, » l’ouest), nom par lequel les Assyriens auraient désigné l’ensemble des marches méditerranéennes. Quelques-uns se prononcent, avec plus ou moins d’assurance, pour l’affirmative. Cf. A. Delattre, Aziru, dans les Proceedings de la Society of Biblical Archeology, Londres, 1890-1891, t. xiii, p. 233-234 ; Morris Jastrow, On Palestine and Assyria in the days of Joshua, dans la Zeitschrift fur Assyriologie, Berlin, t. vii, 1892, p. 2, note 2. D’autres pensent qu’il faut conserver l’ancienne lecture. Cf. Halévy, Notes géographiques, § 34, dans la Revue sémitique, t. ii, p. 185. D’autres croient que la valeur Amurru des anciennes époques a été remplacée par Akharru dans les textes cunéiformes de date plus basse. Cf. Sayce, CorrespondencebetweenPaleslineandEgypt, dans les Records of the Past, 2e sér., t. v, p. 95, note 4 ; p. 98, note 2. Enfin F. Hommel, Die altisrælitische Oberlieferung in inschriftlicher Beleuchtung, Mùnchen, 1897, p. 172, prétend que Martu, qui est dans les anciens documents babyloniens le nom de la Palestine (y compris la Cœlé-Syrie), est une abréviation à’Amartu, c’est-à-dire Amar avec la terminaison féminine des noms dans les idiomes chananéens ; Martu signifierait donc en réalité « le pays des Amorrhéens ».

— Les monuments égyptiens mentionnent aussi « le pays des Amorrhéens », Amaura, Amor ; mais ils désigent plutôt par ces mots la contrée située au nord de la Palestine. Cf. W. Max Mùller, Asien und Europa, p. 177, 218-219, 229-231.

On trouve de même, Jos., i, 4 : « la terre des Héthéens, » hébreu : ’érés ha-Hi[çïm, pour l’ensemble du territoire promis aux Israélites « depuis le désert et le Liban jusqu’au grand fleuve de l’Euphrate, et jusqu’à la grande mer (la Méditerranée) ». Mais les Septante n’ont pas cette indication, qui semble, du reste, avoir été faussement ajoutée au texte ; elle n’existe pas, en effet, dans le passage du Deutéronome, xi, 24, auquel ce texte est emprunté. Elle n’est, en outre, justifiée par aucun témoignage historique. Il y a bien eu dans le sud de la Palestine quelques tribus héthéennes, Gen., xxiii, 3, 5, 7, etc., dont le nom est joint à celui des autres peuplades qui habitaient le pays dans la formule plusieurs fois répétée : « la terre du Chanânéen, de l’Héthéen, de l’Amorrhéen, etc. » Exod., iii, 17 ; xiii, 5, etc. Mais le territoire proprement dit des Héthéens était au nord de Chanaan. Voir HéthéeîjIs, t. iii, col. 670.

4° Terre des Hébreux. — Joseph appelle le pays d’où il a été enlevé’érés hâ-lbrim ; Septante : yfj’Espaîwv, « la terre des Hébreux. » Gen., XL, 15. On suppose qu’il entend par là, non pas la région chananéenne tout entière, qui ne fut conquise que plus tard par ceux de sa race, mais cette portion méridionale où avaient séjourné Abraham, Isaac et Jacob. Il est possible aussi que cette expression soit mise dans sa bouche par l’auteur de la Genèse.

5° Terre d’Israël (hébreu : ’érés lird’èl, I Reg., xiii, 19, etc. ; ’admat lsrâ’êl, Ezech., vii, 2, etc. ; Septante : Yîj’IdpaïjX). — Ce nom se trouve parfois appliqué à l’ensemble de la Palestine. Cf. I Reg., xiii, 19 ; Ezech., xii, 19, etc. Mais d’autres fois il n’indique que le royaume du nord. II Par., xxx, 25 ; Ezech., xxvb, 17. C’est une des expressions dont les Talmuds se servent le plus fréquemment pour désigner toute la région palestinienne. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 1. On la rencontre également dans le Nouveau Testament. Matth., ii, 20, 21. Le nom d’Israël ayant continué de représenter tous les descendants de Jacob, il était naturel qu’il se rapportât aussi à leur pays.

6° Judée. — Comme le nom de Juifs devint, après la captivité, l’appellation courante des Israélites en général, le nom de Judée, tout en désignant d’une manière habituelle une province spéciale (voir Judée, t. iii, col. 1814), fut cependant parfois appliqué à la Palestine. C’est, du moins, dans ce sens que certains exégètes prennent’IouSoua. Luc, xxiii, 5 ; Act., x, 37 ; xxvi, 20. Il est sûr que Josèphe, Ant. jud., IX, xiv, 1 ; XII, iv, 11, etc., donne au mot^cette même extension. Strabon, xvi, 749, place également « la Judée » immédiatement au sud de la Phénicie et de la Cœlé-Syrie.

7° Terre du Seigneur (hébreu : ’érés Yehôvâh ; Septante : yvj toû Kupi’ou). — La Palestine est ainsi appelée Ose., ix, 3, non pas seulement comme l’univers est dit appartenir à Dieu, Ps. xxm (hébreu, xxiv), 1, mais en ce sens que le Seigneur y a établi sa demeure spéciale, et que les Hébreux en sont seulement les usufruitiers, les colons. Lev., xxv, 23. Parfois même elle est simplement appelée La Terre, la terre par excellence. Ruth, i, 1 ; Jer., xii, 11. Il en est ainsi dans les Talmuds, où les autres pays du monde sont réunis sous la dénomination générale de « hors de la Terre », ynso nnn. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, p. 1. C’est également en raison de son rapport avec Dieu qu’elle est nommée dans l’Épître aux Hébreux, xi, 9,-fîj-niç l7raYfeX[ « ç, la terre de la promesse, et dans les Nombres, xxxii, 11 : « la terre que j’ai jurée » ou la terre du Serment, en souvenir de la promesse solennelle faite par le Seigneur à Abraham en plusieurs circonstances. Gen., xiii, 15 ; xvii, 8, etc.

go Terre Sainte (hébreu : ’admaf hag-gâdéS ; Septante : t] yvî r| âyia). — Tel est le nom que nous rencontrons dans Zacharie, ii, 16 (Vulgate, 12), et qui caractérise si bien, aux yeux des Juifs et des Chrétiens, le pays des merveilles divines. Nous le retrouvons Sap., xii, 3 ; II Mach., i, 7, et dans Philon, Légat, ad Caium, édit. Mangey, Londres, 1742, t. ii, p. 586. Mais il devint d’un usage constant au sein du christianisme dès le second siècle. Cf. Justin, Dial. cum Tryphone, 113, t. VI, col. 735. C’est celui qu’on emploie encore le plus fréquemment de nos jours, et à juste titre ; si, en effet, la Palestine fut, sous l’Ancien Testament, une terre privilégiée, ne l’est-elle pas bien plus depuis que le Fils de Dieu l’a foulée de ses pieds et arrosée de son sang ? « Autrefois, écrivait sainte Paule à Marcella, les Juifs vénéraient le saint des saints, parce qu’il renfermait les chérubins, le propitiatoire et l’arche d’alliance. .. Le sépulcre du Seigneur ne te paraît-il pas plus vénérable ? Chaque fois que nous y entrons, nous voyons le Sauveur couché dans son linceul, et, pour peu que nous nous y arrêtions, nous voyons l’ange de nouveau s’asseoir à ses pieds. » Cf. S. Jérôme, Epist. xlvi, t. xxii, col. 486. — Sur ces différents noms, on peut voir Reland, Palxstina, t. i, p. 3-47.

Signalons enfin certains noms que les peuples voisins ont donnés à la Palestine, en dehors de ceux que nous avons déjà indiqués. Au début de la conquête

égyptienne, cette partie de la Syrie s’appelait ! "**'