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LÈPRE


tant pourra s’étendre par la suite. Ce phénomène obligera à un nouvel examen et l’extension de la plaie sera un nouveau signe de la lèpre. — 2. Lèpre sous-cutanée. Lev., xiii, 9-17. Quand on reconnaîtra sur la peau une tumeur blanche x se’ê{-lebànâh, oùXj] Xeûxi], color albus), avec coloration des poils en blanc et apparence de chair vive, c’est une lèpre invétérée. Si au contraire l’éruption de couleur blanche couvre tout le corps de la tête aux pieds, ce n’est pas la lèpre. Elle ne surviendrait en pareil cas que si la chair vive commençait à apparaître à travers l’éruption blanche. — 3. Lèpre après ulcère. Lev., xiii, 18-23. Quand un ulcère a été guéri et que sur la cicatrice apparaît une tumeur blanche ou une tache d’un blanc rougeâtre, le prêtre doit l’examiner. Une dépression de la peau et la coloration en blanc des poils indiqueront que la lèpre a envahi l’ulcère. S’il n’y a ni dépression ni poils blancs, le malade sera mis en observation pendant sept jours. Si au boutde ce temps la tache s’est étendue, c’est encore la lèpre ; sinon, c’est simplement la cicatrice de l’ulcère.— 4. Lèpreaprès brûlure. Lev., xiii, 24-28. Le prêtre doit procéder exactement de même quand il y a eu une brûlure suivie de cicatrice. L’ulcère et la brûlure, en mettant la chair à nu, facilitaient l’inoculation de la lèpre, dans un pays où elle était endémique ; aussi fallait-il surveiller de près les cicatrices de ces plaies. — 5. Lèpre du cuir chevelu. Lev., xiii, 29-37. Celui qui a une plaie à la tête, sous les cheveux ou sous la barbe, doit aussi être examiné. S’il y a dépression et poils jaunâtres et minces, c’est la teigne (né(éq, 9p « 0<j|i.a, inocula) appelée lèpre de la tête ou de la barbe. Quand il n’y a ni dépression de la peau ni décoloration des poils, le malade est mis en observation durant sept jours. S’il n’y a pas de modification apparente, le malade se rase au bout des sept jours, sans cependant toucher à la place atteinte de la teigne. Au bout de sept autres jours, on l’examine encore. Si la teigne ne s’est pas étendue sur la peau, le malade n’a qu’à laver ses vêtements et n’est pas impur. Si au contraire la teigne s’est étendue, cela sutfit pour que l’impureté soit déclarée. Il s’agit ici de la teigne, maladie très distincte de la lèpre, puisque cette dernière respecte le cuir chevelu. Cf. domSauton, La lêprose, p. 364. — 6. Fausse apparence de lèpre. Lev., xm, 38, 39. Les taches blanches (béhârôt lebânâf, « ùfi<j(tata aÙYâÇovta Xsuxav6îÇ<mix, « éclats brillants blanchâtres, » candor) sur le corps, quand elles deviennent d’un blanc sombre (kêhôf lebânôf, subobscurus albor), indiquent une affection qui n’est pas la lèpre (bohaq, àXtpôç, macula). — 7. Lèpre des chauves. Lev., xiii, 40-43. Quand un chauve a sur la tête une plaie d’un blanc rougeâtre, comportant une tumeur (ie’êl) d’un blanc rougeâtre semblable à celles que la lèpre produit sur le corps, ce chauve est un lépreux. — 8. Évolution des signes de la lèpre. On voit que l’auteur sacré distingue différents degrés dans le développement des signes de la lèpre ou des maladies similaires : tout d’abord apparaît la tache ou tumeur blanche, qui par elle-même n’est pas caractéristique de la lèpre ; puis la tache évolue tantôt vers le blanc sombre, et alors ce n’est pas la lèpre, tantôt vers le blanc transparent, laissant voir la chair vive, et prenant en conséquence une teinte rougeâtre, ce qui caractérise la lèpre. Le mot àXtpdi ; par lequel les Septante désignent le mal appelé bohaq en hébreu, Lev., xm, 39, est, dans Hippocrate, Aphorism., 1248, le nom d’une dartre blanche et farineuse ; le mot Xe-Jxr], Lev., xm, 4, 10, est dans les auteurs grecs le nom de la lèpre blanche. Hérodote, i, 138 ; Aristote, Générât, animal., v, 4, etc. Le législateur prescrivait que ces différents signes fussent examinés avec grand soin. Dès leur première apparition, celui qui était atteint devait se présenter au prêtre, sans avoir le droit de diagnostiquer lui-même sa maladie ; les deux périodes consécutives de sept jours permettaient aux signes extérieurs de se développer suffisamment pour être sûrement reconnus,

et, en cas de retour offensif, le malade avait à se représenter. — Moïse base le diagnostic de la lèpre sur des signes facilement reconnaissables. Les savants d’aujourd’hui rangent aussi parmi les symptômes de la lèpre l’apparition de taches qui vont en grandissant, jusqu’à dépasser en largeur la paume de la main, et qui ont des colorations variées, d’un rouge pâle ou vineux, parfois livides ou violacées, puis d’un brun fauve et cuivré et d’un gris ardoise ou noir. Toutefois « il est certain que Moïse n’a jamais eu l’intention de faire un traité de pathologie, qu’il a parlé le langage du temps et que, par conséquent, il englobait, sous le nom de lèpre, toutes les maladies que l’on confondait alors avec elle : la gale, le psoriasis, la teigne, la syphilis, etc. D’autre part, l’étude attentive du texte mosaïque, les caractères attribués à cette maladie, qui s’attaque non seulement à l’homme, mais aussi aux animaux, aux vêtements, aux maisons, cette étude, dis-je, ne permet pas de croire que Moïse parlait uniquement de la léprose, en tant qu’espèce nosologique bien déterminée. Il semble même que, le plus souvent, la description des symptômes et les prescriptions s’adressent à une maladie telle que la syphilis, et il est démontré aujourd’hui que la syphilis existait du temps des Hébreux ». Dom Sauton, La léprose, p. 4.

2° Précautions imposées aux lépreux. — Moïse prescrivit aux lépreux l’isolement ; c’était le moyen le plus simple et le plus efficace pour arrêter la propagation du mal. Le lépreux, déclaré impur à la suite de l’examen fait par le prêtre, devait se retirer de la société de ses semblables. Pour qu’on le reconnût et qu’on pût l’éviter, il portait des vêtements déchirés, gardait la tête nue, se couvrait la barbe de son mante au et criait aux passants : tâmê’, tâmê’, « impur impur ! » Il habitait seul, dans un endroit isolé. Lev., xih 1-46 ; Num., v, 2-4 ; xii, 14, 15. Cet isolement avait pour but d’éviter tout danger de contagion. Il n’était pas défendu cependant aux lépreux d’habiter ensemble pour s’entr’aider. Les Juifs pensaient que l’accès des villes enceintes de murailles au temps de Josué était seul interdit aux lépreux. Dans les derniers temps ceux-ci pouvaient même fréquenter les synagogues, à condition d’y entrer avant les autres, de s’y asseoir à part et d’en sortir les derniers. C. Iken, Antiquitates hebraicse, Brème, 1741, p. 266 ; Negaim, xiii, 12. Mais ils n’étaient pas admis dans Jérusalem. Josèphe, Bell, jud., V, v, 6. — Quand un prêtre était atteint de la lèpre, il lui était défendu de manger des choses saintes, c’est-à-dire des aliments provenant des sacrifices. Lev., xxii, 4. — Dans le Deutéronome, xxiv, 8, il est encore recommandé de bien observer toutes les prescriptions relatives à la lèpre et de suivre exactement ce que diront les prêtres et les lévites. La loi qui commande aux juges de déférer au tribunal de Jérusalem les cas embarrasants, range parmi ces cas, d’après la Vulgate, la distinction « entre lèpre et lèpre ». Deut., xvii, 8. Le texte hébreu dit seulement « entre plaie et plaie ». Les plaies, coups, blessures, etc., étaientdu ressort des tribunaux composés de lévites et d’anciens, tandis que, seuls, les lévites et les prêtres avaient charge d’examiner la lèpre.

3° Purification du lépreux. — 1. La guérison. — Le texte de la loi suppose le lépreux « guéri de la plaie de la lèpre », nirpd’néga’-hassâra’at, IStou r| âtpr, t-/|c Xéwpaç, lepram esse mundalam. Il est certain d’autre part que la lèpre est rebelle à tout remède et ne s’arrête que spontanément et pour un temps. La guérison dont parle le texte sacré doit donc s’entendre tout d’abord des fausses lèpres, c’est-à-dire des dermatoses qu’il n’était pas possible aux lévites de distinguer d’avec la lèpre proprement dite, et qui guérissaient au bout d’un certain temps, soit d’elles-mêmes soit par application de remèdes. Il faut ensuite l’entendre de ces arrêts prolongés qui se constatent dans l’activité du mal, et qui peuvent durer de longues années. Pendant ces périodes,