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1959
1960
PAIN — PAIX


multiplie deux fois les pains. Une première fois, il nourrit avec cinq pains cinq mille hommes, sans compter les femmes et les enfants. Matth., xiv, 17-21 ; Marc, vi, 38-44 ; Luc, iv, 13, 14, Joa., vi, 9, 10. Une autre fois, avec sept pains, il nourrit quatre mille hommes, non compris les femmes et les enfants. Matth., xv, 3438 ; Marc, viii, 5-9.

IV. Le pain eucharistique. — 1° Notre-Seigneur se présente aux Juifs comme étant lui-même le « pain de vie descendu du ciel », qu’il faut manger pour ne point mourir, et le pain qu’il promet de donner, c’est sa chair. Joa., vi, 41, 48-51. — 2° À la dernière Cène, il se donne lui-même en nourriture, mais en laissant à son corps les apparences du pain. Matth., xxvi, 26 ; Marc, xiv, 22 ; Luc, xxii, 19 ; 1 Cor., xi, 23, 24. — 3° Saint Paul dit que le pain que rompent les fidèles est la communion au corps du Christ et que ce pain unique est un symbole d’union entre les fidèles. I Cor., x, 16, 17. Il ajoute que manger ce pain sans discerner le corps du Seigneur, c’est se rendre coupable envers ce corps lui-même. I Cor., xi, 27-29. — 4° La « fraction du pain » désigne ordinairement le sacrifice eucharistique chez les auteurs sacrés et les premiers écrivains ecclésiastiques. Luc, xxiv, 35 ; Act., ii, 42, 46 ; xx, 7, 11 ; xxvii, 35 ; I Cor., x, 16. Cf. Didaché, xiv, 1 ; S. Ignace, Ad Éphes., xx, 15, t. v, col. 661 ; Batiffol, Études d’histoire et de théologie positives, 2° sér., Paris, 1905, p. 34-39. Voir Fraction du pain, t. iii, col. 2345.

V. Le pain au sens figuré. — 1° Le pain figure d’abord la nourriture de l’âme. C’est ce pain qu’offre la sagesse, Prov., ix, 5, le pain de l’intelligence. Eccli., xv, 3. Notre-Seigneur ne veut pas donner le pain des enfants aux chiens, c’esl-à-dire sa doctrine et ses bienfaits aux païens. Matth., xv, 26 ; Marc, vii, 27. Il s’appelle lui-même « pain de vie », en tant qu’objet et auteur de la foi. Joa., vi, 35. — 2° On donne aussi le noni de pain à ce dont une âme méchante se repaît, l’impiété, Prov., iv, 17 ; le mensonge, Prov., xx, 17 ; xxm, 3 ; la volupté, Eccli., xxiii, 24 (17). Le peuple est comme un pain que dévorent les méchants. Ps. xiv (xui), 4 ; lui (lu), 5. — 3° Pour signifier qu’on est en butte aux épreuves, on dit qu’on mange le pain des larmes, Ps. xlii (xli), 4 ; lxxx (lxxix), 6 ; un pain de cendre, Ps. en (ci), 10 ; le pain de la douleur, Ps. cxxvii (cxxvi), 2 : le pain du deuil, Jer., xvi, 7 ; Ose., ix, 4 ; le pain de l’affliction et de l’angoisse, c’est-à-dire en quantité insuffisante. III Reg., xxii, 27 ; Ezech., xii, 18, 19. — 4° Manger son pain quelque part, c’est s’y arrêter pour y séjourner. III Reg., xiii, 8 ; Am., vii, 12. Manger le pain de quelqu’un, c’est être son ami. Ps. xii (xl), 10 ; Joa., xiii, 18. Cf. Matth., xxvi, 23 ; Marc, xiv, 20 ; Luc, xxii, 21 ; Joa., xiii, 26. Ne pouvoir manger son pain, c’est être accablé par les occupations, au point de ne pas disposer d’un instant. Marc, iii, 20.

— La « pose du coude sur le pain. » paraît désigner l’avarice. Eccli., xii, 24 (19), — Dans Jérémie, xi, 19, les mots nashîtâh’es belahmô sont traduits par les versions : « Jetons du bois dans son pain, » du bois empoisonné, comme traduit le chaldéen. Mais c’est naMîtâh qui signifie « mettons », jetons, tandis que na&hîtâh vient de sàhat, « faire périr. » Aussi beaucoup traduisent-ils l’hébreu : « Faisons périr l’arbre (le bois) avec son fruit (ce qui se mange, léhérn), » expression proverbiale qui s’harmonise mieux que la première avec le contexte, et exprime d’ailleurs la même idée

de destruction.

H. Lesêtre.
    1. PAITRE##

PAITRE (FAIRE) (hébreu : râ’àh ; Septante : ëoaxeci, êdcxw ; Vulgate : pasco), faire brouter l’herbe à un troupeau, le nourrir. Voir Berger, ii, 2°, t. i, col. 1616.

— Notre-Seigneur confia à saint Pierre le soin de faire paître ses agneaux et ses brebis. Voir Pasteur et Pierre 1.

PAIX (hébreu : Sâlôm ; berâkdh (deux fois IV Reg. r xviii, 31 ; Is., xxxvi, 16) ; chaldéen : selôm ; Septante r etpTJvvj ; Vulgate : pcuc), absence de tout ce qui peut gravement troubler l’homme, soit à l’extérieur, soit à l’intérieur.

I. Dans les relations de peuple à peuple. — 1° La paix est la sécurité dont jouit un peuple quand il n’a rien à craindre de ses voisins. La Loi prescrivait aux Israélites d’offrir la paix à une ville ennemie avant de l’attaquer. Deut., xx, 10. Elle était promise aux Israélites, à la condition qu’ils seraient fidèles à Pieu. Ley. T xxvi, 6. Aussi était-ce à Jéhovah que l’on attribuait lebienfait de la paix. Num., vi, 26 ; III Reg., ii, 33 ;

II Par., xiv, 6 ; xx, 30 ; Ps. xxix (xxviii), 11 ; Is., xxvi, 12 ; .Agg., ii, 10. — 2° La paix fut souvent troublée par la guerre dans le cours de l’histoire d’Israël. Ordinairement, suivant la coutume des anciens peuples, la paix était rompue à l’improviste, sans que celui qu’on attaquait pût s’en douter. En voyant accourir Jéhu et ses guerriers, le roi Joram lui fit demander par trois fois : « Est-ce la paix ? » IV Reg., ix, 17, 19, 22. Celui qui voulait éviter la guerre faisait des propositions de paix. Deut., ii, 26 ; Luc, xiv, 32 ; Act., xii, 20. On concluait la paix pour faire cesser la guerre ou l’empêcher. Jos., ix, 15 ; x, 1, 4 ; IV Reg., xviir, 31 ; Is., xxxvi, 16 ;

I Mach., vi, 49 ; ix, 70, etc. Car il y avait temps pour la guerre et temps pour la paix, Eccle., iii, 8, et il était indigne de verser le sang en temps de paix.

III Reg., ii, 5. Des messagers apportaient la bonne nouvelle de la paix. Jud., xxi, 13. — 3° La paix est plusieurs fois signalée comme régnant chez un peuple ou entre deux peuples, Jud., iv, 17 ; I Reg., vii, 14 ;

II Reg., xvii, 3 ; III Reg., v, 12 ; IV Reg., xx, 19, et elle fait l’objet de tous les vœux. I Par., xii, 18 ; Ps. cxxii (cxxi), 6, 7, 8 ; cxxv (cxxiv), 5 ; cxxviii (cxxvii), 6, etc. Les faux prophètes l’annoncent en vain. Jer., vi, 14 ; vin, 11 ; xiv, 13 ; xxiii, 17 ; Ezech., xjn, 10, 16.

II. Dans les relations sociales. — 1° La paix est chère à tous les mortels. Esth., xiii, 2. Dans l’Écriture elle signifie l’ensemble de tous les biens. Comme dans l’antiquité on n’avait jamais une sécurité complète et qu’on était à tout moment exposé à devenir la victime de ses ennemis, souhaiter la paix à quelqu’un, c’était lui souhaiter la jouissance de tous les biens. Pour saluer quelqu’un, on lui disait : ëâloni lekd, « paix à toi, » le mot èâlôm signifiant à la fois « santé » et « paix ». Gen., xliii, 23 ; Jud., vi, 23 ; xix, 20 ; Tob-, xii, 17 ; Dan., x, 19, etc. Notre-Seigneur emploie lui-même cette forme de salutation vis-à-vis de ses Apôtres. Luc, xxiv, 36 ; Joa., xx, 21, 26. En arabe, la formule devient salâm’aleik, « salut sur toi, » ou salâm’aleikoum, « salut sur vous, » d’où le mot salamalec pour désigner les longues et démonstratives salutations à la manière des Orientaux. On laisse « partir en paix » les amis qui s’en vont, Exod., iv, 18 ; Jud., xviii, 6 ; I Reg., i, 17 ; xx, 13, 22, 42 ; xxix, 7 ; II Reg., xv, 9 ; IV Reg., v, 19 ; Judith, viii, 34, et on leur souhaite d’aller en paix à leur destination. II Par., xviii, 16, 26 ; Act., xv, 33 ; xvi, 36 ; III Joa., 14. Notre-Seigneur aime à dire : « Va en paix ! » à ceux qu’il a guéris. Marc, v, 34 ; Luc, vii, 50 ; viii, 48. Il veut que ses disciples disent, , en entrant dans une maison : « Paix à cette maison ! » Si elle est habitée par un homme de paix, la paix se reposera sur lui ; sinon, elle reviendra au disciple. Luc, x, 5, 6 ; Matth., X, 13. — 2° Les pacifiques, ceux qui aiment la paix et la font régner autour d’eux, sont particulièrement loués par la Sainte Écriture. Gen., . xxxi v, 21 ; xlii, 11-33 ; I Reg., xvi, 4, 5. Ils ont les promesses de la prospérité, Ps. xxxvii (xxxvi), 37, et de la joie. Prov., xii, 20..Notre-Seigneur dit qu’ils seront appelés les fils de Dieu, Matth., v, 9, qui est le Dieu de paix, II Cor., xiii, 11, ce qui suppose qu’ils seront traités en conséquence ici-bas et dans l’autre vie.