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OZIAS

1944’Uzziyâhu, tantôt sous la forme apocopée’Uzziydh, « Jéhovah est ma force. » — Le nom hébreu est transcrit dans la Vulgate par Aziam, II Esd., xi, 4 ; par Ozia I Par., xi, 44.

    1. OZIAS ##

1. OZIAS (hébreu : ’uzziyyàh et’uzzîyydhû, « Jéhovah est force ; » Septante. : ’Ottac), roi de Juda (809-757 ou 811-760, suivant les systèmes chronologiques). Dans IV Reg., xv, 1-7, ce roi porte le nom d’Azarias, ’Azaryàh ou’Azaryâhù, « Jéhovah aide ». Comme il est assez peu probable qu’un roi de Juda ait eu deux noms à la fois, Gesenius, Thésaurus, p. 1011, pense qu’il y a eu erreur des copistes, à cause de la similitude des deux noms rw et nnu, le second ne différant que par l’addition d’un "i. Le nom d’Azarias ne se lit que dans IV Reg., xiv, 21 ; xv, 1-27 ; I Par., iii, 12, tandis que celui d’Ozias est employé plus fréquemment et par des écrivains postérieurs, ce qui tendrait à montrer qu’il avait prévalu comme étant le véritable. IV Reg., xv, 30-34 ; II Par., xxvi, 1-23 ; xxvii, 2 ; Is., i, 1 ; vi, 1 ; Ose., 1, 1 ; Am., i, 1 ; Zach., xw, 5 ; Matth., i, 8, 9. — 1° Quand Amasias, à la suite d’un règne d’abord glorieux, puis déshonoré, eut péri victime d’un complot, voir Amasias, t. i, col. 443446, le peuple de Juda fut unanime à prendre pour roi son fils Ozias, âgé seulement de seize ans. Le jeune roi n’avait donc connu, du règne paternel, que les années malheureuses, et il avait été témoin de la prise de Jérusalem par Joas, roi d’Israël. IV Reg., xiv, 13 ; II Par., xxv, 23. Sa mère Jéchélia, de Jérusalem, lui expliqua sans doute la relation providentielle qui existait entre cette catastrophe et la chute d’Amasias dans l’idolâtrie.

II Par., xxv, 14-16. D’autre part, Ozias était conseillé par un prophète du nom de Zacharie, qui eut, tant qu’il vécut, une heureuse influence sur le prince. Voir Zacharie. Docile aux leçons qui lui étaient données, Ozias ne succomba jamais à l’idolâtrie, durant son long règne de cinquante-deux ans. Il suivit fidèlement les préceptes divins, comme son père l’avait fait durant ses premières années. Seulement, soit indifférence, soit impuissance, il ne détruisit pas les hauts Jieux qui servaient au peuple de rendez-vous idolâtriques où l’on offrait des sacrifices et où l’on brûlait des parfums. IV Reg., xv, 4. Le même reproche est d’ailleurs adressé à d’autres rois dont plusieurs ont été bons toute leur vie. Voir Hauts-lieux, t. iii, col. 456. Il est à croire que, s’il l’avait pu, Ozias se serait rendu sur ce point aux avis que le prophète Zacharie ne dut pas manquer de lui faire entendre. Contrairement à ce qu’avait fait son père, le nouveau roi n’allia jamais au culte de Jéhovah celui des idoles. C’est pourquoi Dieu le fit prospérer, aussi longtemps du moins qu’il ne tomba pas dans une faute grave d’un autre genre. II Par., xxvi, 4, 5,

2° Ozias déploya une grande activité militaire. Dans une première campagne, dont on ne peut fixer la date exacte, mais qui n’eut probablement lieu que quand le jeune roi fut en. âge de faire la guerre, il poussa jusqu’à Élath, à la pointe septentrionale du golfe Élanitique. Voir la carte, t. i, col. 1099. Cette ville iduméenne, jadis utilisée par Salomon comme port pour sa flotte, III Reg., IX, 26, avait été réoccupée par les Iduméens sous le roi Joram. IV Reg., viii, 20-22. Voir Élath, t. ii, col. 1645. Ozias la reprit, la rebâtit et la garda sous sa puissance. II Par., xxvi, 2. L’entreprise’dénotait une certaine vigueur, car il y avait 270 kilomètres de désert à traverser pour aller 4e Jérusalem à la ville en question. Le roi était sans doute dans l’intention de se créer une flotte nouvelle et de reprendre les voyages d’Ophir. Rien n’indique qu’il ait pu donner suite à ce.projet. Jadis le prophète Abdias, 17-19, avait prédit que Juda rentrerait en possession de la montagne d’Ésaû. Ozias se tourna ensuite contre les Philistins. Il démantela les villes de Geth, deJabnia et d’Azot, et il construisit de nouvelles villes dans le pays philistin, afin de dominer plus sûre ment la contrée. Au sud oe la Palestine, il réduisit les Arabes de Gurbaal. En territoire iduméen, il soumit les Maonites. Voir Maonites, t. IV, col. 704. À l’est du Jourdain, les Ammonites, autrefois vaincus par Josaphal, II Par., xx, 2-23, payèrent tribut à Ozias. Le roi de Juda affermissait ainsi sa domination sur tous les pays d’alentour. À cette même époque, Jéroboam II, qui régnait en Israël (824-783 ou 783-743), tenait ferme en face du royaume de Syrie et étendait aussi ses conquêtes, voir Jéroboam II, t. iii, col. 1303, de sorte que la nation entière jouissait d’une grande sécurité. Pendant ce temps, les rois d’Assyrie tournaient l’effort de leurs armes contre l’Arménie et les pays du nord. Voir Assyrie, t. i, col. 1166. Rien ne faisait donc obstacle à la prospérité matérielle d’Israël et de Juda. Entre les deux rois, le texte sacré ne signale d’ailleurs ni hostilité ni entente. Néanmoins, en roi prévoyant, Ozias eut soin de mettre sa capitale hors d’atteinte. Sous le règne de son père Amasiàs, Joas, roi d’Israël, s’était rendu maître de Jérusalem et avait abattu quatre cents coudées des murailles, de la porte d’Éphraïm à la porte de l’Angle. Il Par., xxv, 23. Ozias s’empressa naturellement de réparer le dommage. Cette partie de la première enceinte était la plus exposée, car elle s’étendait sur le côté nord de la ville, qui n’est point défendu, comme les trois autres, par de profondes vallées. Voir Jérusalem, t. iii, col. 1358. Des tours furent bâties sur la porte de l’Angle, sur la porte de la Vallée et sur l’angle lui-même. Voir le plan, t. iii, col. 1355. Cet angle était probablement celui que la muraille de la ville formait avec la muraille du Temple. Cf. Séjourné, Les murs de Jérusalem, dans la Revue biblique, 1895, p. 43. Josèphe, Ant. Jud., IX, x, 3, est plus explicite au sujet de ces constructions. D’après lui, Ozias rebâtit toutes les parties des murs qui tombaient en ruines par vétusté et grâce à l’incurie des rois précédents, ainsi que ce qui avait été démoli sous Amasias. Il éleva aussi beaucoup de tours de cent cinquante coudées de haut. Ces indications sont probablement exagérées. Le roi mit tout son soin à tenir son armée sur un bon pied de guerre. Cette armée, divisée en sections, avait ses officiers au nombre de 2600, et comptait un effectif de 307 500 guerriers, dont la force imposante tenait les ennemis en respect. Les armes ne manquaient pas à ces soldats : boucliers, lances, casques, cuirasses, arcs et frondes, tout était préparé pour la guerre. De plus, sur les tours de l’enceinte de Jérusalem et sur les angles des murs, Ozias fit installer des machines pour lancer des traits et de grosses pierres. Ces machines n’étaient pas imitées de celles qui pouvaient se trouver chez les étrangers ; leur construction était l’œuvre d’un habile inventeur du pays. Voir Machines de guerre, t. iv, col. 505. On ne peut dire à quel modèle appartenaient ces catapultes et ces balistes. Elles ne paraissent pas avoir fait grande impression sur les envoyés de Sennachérib, quand, sous le roi Ezéchias, ceux-ci se présentèrent au pied des murs de Jérusalem pour sommer les habitants de se rendre. II Par., xxxii, 18. Elles pouvaient cependant rassurer contre des envahisseurs moins puissamment outillés, comme par exemple, les Israélites. Grâce à cet armement et à cette activité militaire, le roi de Juda se fit respecter de ses voisins, affermi, sa puissance et étendit au loin sa renommée. II Par., xxvi, 2, 6-9, 11-15.

3° Le roi Ozias fut aussi un grand agriculteur et un grand éleveur de troupeaux. Au sud de la capitale, dans Je désert de Juda, il creusa beaucoup de citernes pour les troupeaux qu’il possédait en grand nombre, et il bâtit des tours pour permettre aux gardiens de se défendre contre les pillards. IJ se rappelait sans doute ce qu’un de ses prédécesseurs, Joram, avait eu à souffrir des brigands philistins et arabes. II Par., xxi, 16, 17. Il prit les mêmes précautions défensives dans la plaine de Se-