Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome IV.djvu/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même la vigne, et son Père le cultivateur, γεωργός, agricola. Joa., xv, 1. Voir Vigneron.

H. Lesêtre.

LAC (grec : λίμνη), grand amas d’eau enclavé dans les terres. La langue hébraïque n’a pas de mot spécial pour désigner un lac proprement dit : elle appelle yâm, « mer, » le lac de Génésareth, Num., xxxiv, 11 ; Jos., xiii, 27, de même que le lac Asphaltite, λίμνη Ἀσφαλτῖτις, Josèphe, Ant. jud., i, IX, etc., qu’elle désigne sous le nom de « mer de sel », mare salis, Gen., xiv, 3, etc., de « mer de l’Arabah », mare solitudinis, Deut., iv, 49, etc. Pour d’autres appellations, voir Morte (Mer). Le lac Mérom est appelé « eaux de Mérom », mê Mêrôm, aquæ Meromi. Jos., xi, 5, 7. Pour les étangs, voir Étang, t. ii, col. 1996. Voir aussi Piscine. — Dans le Nouveau Testament, les écrivains sacrés, habitués à parler dans leur enfance une langue sémitique, donnent aussi au lac de Tibériade, à l’exception de saint Luc, le nom de θαλάσσα, « mer, » mare Galileæ. Matth., iv, 18 ; Marc, i, 16 ; etc., mare Tiberiadis, Joa., vi, 16 ; xxi, 1, etc. Le troisième Évangéliste est le seul qui, grâce à sa connaissance plus exacte de la langue grecque, l’ait désigné par le mot propre de λίμνη, « lac. » Luc, v, 1, 2 ; viii, 22-23. La Vulgate porte : stagnum, « lac, étang, » dans tous ces passages. Pline emploie le terme lacus pour désigner le lac de Génésareth : lacus quem plures Genesaram vocant, H. N., V, xv, 2, comme pour la mer Morte : Asphaltites lacus, H. N., II, cvi, 4 ; V, xv, 2 ; VII, xiii, 3. — Saint Jean, dans l’Apocalypse, se sert métaphoriquement du mot λίμνη pour désigner l’enfer qu’il appelle λίμνη τοῦ πυρός. La Vulgate traduit : stagnum ignis, qu’on a coutume de rendre par « étang de feu », quoiqu’il fallût dire, d’après l’original, « lac de feu. » Apoc. xix, 20 ; xx, 10 (Vulgate, 9), 14-15 ; xxi, 8. Voir Enfer, t. ii, col. 1796. — Saint Jérôme a aussi employé le mot stagnum, Lev., xi, 9, pour traduire l’hébreu yâni, « mer, » transformant ainsi en poissons de lac ou d'étang les poissons de mer. — Le second livre des Machabées, xii, 16, mentionne le lac ou plutôt l'étang de Casphin (λίμνη ; Vulgate, stagnum). C’est probablement le marais qui est au sud-ouest de Kisphin. Voir Casphin, t. ii, col. 331-332.

Le mot lacus se lit plusieurs lois dans notre Vulgate latine, mais il y est employé le plus souvent — 1° dans le sens de « fosse », Ps. vii, 16 ; xxvii (xxviii), 1, etc. (hébreu : bôr ; Septante : λάϰϰος). Voir Fosse, t. ii, col. 2329. — 2° Il a la signification de « pressoir » dans Marc, xii, 1 (ὑπολήνιν) ; Apoc, xiv, 19, 20, ληνός, parce que le pressoir formait un creux ou fosse. — 3° Mais il désigne aussi un amas d’eau (hébreu : miqvêh), Exod., vii, 19 ; un réservoir d’eau (hébreu : miqvâh), Is., xxii, 11 ; une citerne ou une piscine, I Mach., ix, 33 (grec : λάϰϰος). Voir Asphar, t. 1, col. 1123. — Pour lacus Asan, traduction, dans la Vulgate, de l’hébreu Kôr ʿAšân, voir Asan, t. i, col. 1035.

F. Vigouroux.

LACÉDÉMONIENS (grec : Λαϰεδαίμονιοι, Σπαρτιάται ; Vulgate : Lacedæmones, Spartiatæ, Spartiani), habitants du principal État du Péloponnèse (fig. 2). On les appelait aussi Spartiates et c’est le nom qui leur est partout donné dans les livres des Machabées, excepté II Mach., v, 9, où ils sont appelés Lacédémoniens. La Bible mentionne les relations des Juifs et des Lacédémoniens à l'époque des Machabées.

1° Onias Ier, qui exerça les fonctions de grand-prêtre de 323 à 300 avant Jésus-Christ, écrivit au roi Arius ou Aréus Ier de Sparte (voir Arius, t. 1, col. 965) et reçut en réponse une lettre dans laquelle ce prince déclarait avoir trouvé dans un écrit relatif aux Spartiates et aux Juifs l’affirmation que ces deux peuples étaient frères et descendaient d’Abraham. Il en concluait que les Juifs feraient bien de lui écrire « sur leur prospérité », c’est-à-dire de le tenir au courant de leurs affaires. Lui-même leur déclarait que les troupeaux et les biens des deux peuples seraient communs. Un envoyé du roi était chargé de développer ces propositions. I Mach., xii, 19-23 ; Josèphe, Ant. jud., XII, iv, 10. Arius régna à Sparte de 309 à 265 avant Jésus-Christ, l'échange de ces lettres eut donc lieu entre 309 et 300. À ce moment-là les Spartiates étaient opprimés par les rois de Macédoine, il était donc naturel qu’ils cherchassent un appui auprès des Juifs qui dépendaient alors des Ptolémées.

[Image à insérer] 2. — Tétradrachme d’argent de Lacédémone. Tête casquée de Pallas, à droite. — ʀ. Hercule nu, assis, à gauche, sur un rocher recouvert d’une peau de lion ; la main droite appuyée sur la massue : il est accosté des lettres ΛA(ϰεδαίμονιοι).

2° Le grand-prêtre Jonathas chercha à son tour l’amitié des Spartiates. Il écrivit en son nom, au nom des anciens, des prêtres et de tout le peuple une lettre adressée à la nation Spartiate. Il y rappelait la lettre d’Arius à Onias, dont il donnait une copie. Onias avait reçu avec honneur l’envoyé d’Arius et les lettres où il était question d’alliance et d’amitié. Sans doute les Juifs n’avaient pas besoin de cela, car ils avaient pour consolation les Saints Livres. Néanmoins ils avaient voulu envoyer une députation vers Sparte, pour renouveler la fraternité et l’amitié entre les deux nations, car il s'était déjà écoulé un temps assez long depuis la venue des ambassadeurs d’Arius. Ils n’avaient du reste pas oublié les Spartiates et s'étaient souvenus d’eux dans les sacrifices, comme il convient de le faire à l'égard de frères. Ils se réjouissent de leur gloire. Pour eux, ils avaient traversé de nombreuses tribulations et des guerres, mais ils, n’avaient pas voulu être à charge à leurs amis et alliés. Dieu les avait secourus et sauvés. Jonathas envoyait à Sparte Numénius, fils d’Antiochus, et Antipater, fils de Jason, qui après avoir porté dans cette ville les lettres relatives au renouvellement de l’amitié et de l’alliance, devaient se rendre à Rome dans le même dessein. I Mach., xii, 2, 5-18.

La plupart des commentateurs croient que l’opinion énoncée dans ces deux passages, à savoir l’origine commune des Spartiates et des Juifs, n’est pas soutenable. Cf. B. Haneberg, Histoire de la révélation biblique, trad. franc., in-8°, Paris, 1856, t. ii, p. 107. Quoi qu’il en soit, cela n’importe pas à la véracité de la Bible. L'écrivain sacré rapporte simplement les deux documents, il en constate l’existence sans garantir l’exactitude des opinions qu’ils expriment. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., in-12, Paris, 1902, t. iv, p. 625. M. Vigouroux croit qu’il pouvait exister en réalité un lien de parenté, sinon entre la nation Spartiate, au moins entre quelques Spartiates et les Juifs. Il en donne pour preuve le fait que Jason se réfugia à Lacédémone pour y trouver un asile, à cause de sa parenté. II Mach., v. 9. Cf. F. Vigouroux, Manuel biblique, il' édit., t. ii, p. 227. Cf. Les Livres Saints, p. 626, n. 4. En fait, dans ce passage l’auteur rapporte le motif qui détermina Jason sans en garantir le bien fondé. Cf. R. Cornely, Introd. in libros sacros, in-4°, Paris, 1885-1887, t. ii, part. 1, p. 462. E. Stillingfleet, Origines sacræ, in-4°, Londres, 1662, iii, 4, 15, suppose que les Juifs regardaient les Spartiates comme représentant les Pélasges qu’ils supposaient descendre de Péleg (Vulgate, Phaleg), fils d’Héber. Gen. x, 25 ; xi, 16. Cf. H. Ewald, Geschichte des Volkes Isræl,