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GENÈSE (PETITE)

Il s’occupe longuement des questions liturgiques. Il s’étend sur la circoncision, les sacrifices, le sabbat, le » fêtes, les aliments que la loi mosaïque permet de manger, etc. Il fait remonter à l’époque patriarcale l’institution des fêtes judaïques. C’est ainsi que les anges racontent, c. xvi, 20-21, 29, après la naissance d’Isaac : « Et [Abraham] bâtit là un autel au Seigneur qui l’avait sauvé et le réjouissait dans la terre de son pèlerinage, et il célébra une fête joyeuse (la fête des Tabernacles) en ce mois pendant sept jours, auprès de l’autel qu’il avait bâti, près du puits du Serment, et il contruisit des tentes de feuillage en cette fête pour lui et pour ses serviteurs et il fut le premier à célébrer la fête des Tabernacles sur la terre… C"est pourquoi il fut ordonné dans les tablettes célestes concernant Israël qu’il célébrerait la fête des Tabernacles avec allégresse pendant sept jours le septième mois. » Un certain nombre de légendes dans le genre de celles qu’on rencontre dans les livres désignés sous le nom de Midraschim sont intercalées dans le récit.

II. Auteur.

L’auteur de la Petite Genèse était un Juif de Palestine, instruit et zélé pour l’observance de la loi, qui vivait au I er siècle de l’ère chrétienne. On a voulu en faire un Essénien. Ad. Jellinek, Beth ha-Midrasch, 6 in-8°, Leipzig, 1853-1878, t. iii, p. xxxii, ce qui ne s’accorde point avec l’estime qu’il professe pour les sacrifices sanglants, rejetés par les Esséniens ; un Juif helléniste d’Alexandrie, Z. Frankel, Das Buch der Jubilâen, dans le Monastschrift fur Geschichte und Wissenschaft des Judenthums, 1856, p. 311-316, 380-400, opinion réfutée par B. Béer, Noch ein Wort ûber das Buch der Jubilàen, in-8°, Leipzig, 1857 ; un Samaritain de la secte de Dosithée, Béer, Das Buch der Jubilàen, In-8°, Leipzig, 1856, malgré les éloges décernés au mont Sion et non au mont Garizim. Voir A. Dillmann, dans la Zeilschrift der deutschen morgent ândischen Gesellschdft, t. xi, 1857, p. 162, etc. Plusieurs’critiques pensent qu’il était pharisien, , parce qu’il croit à la résurrection des morts, etc., A. Dillmann, dans Herzog, Real-Encyklopâdie, 2e édit., t. xii, 1883, p. 365 ; mais on leur objecte qu’il n’attachait pas d’importance à la tradition écrite, contrairement à la pratique pharisaïque. — D’après quelques-uns, N. C. Headlam, dans J. Hastings, Dictionary of the Bible, t. ii, 1899, p. 791, l’auteur de la Petite Genèse a eu surtout en vue les chrétiens. Lorsqu’il s’élève contre « ceux qui ont abandonné les ordonnances que Dieu avait données à son peuple en faisant alliance avec lui », il fait sans doute allusion aux prescriptions auxquelles il attache le plus d’importance, le sabbat, les fêtes juives, la circoncision, etc., c’est-à-dire les articles de la loi mosaïque que n’observaient pas les chrétiens. Cf. Act., XV. — Quoi qu’il en soit, M. H. Charles, Ethiopie version of the Hebrew Book of the Jubilees, in-4°, Oxford, 1895, p. ix, le caractérise en ces termes : « Le livre des Jubilés, qui est réellement un commentaire hagadique de la Genèse, est important comme étant le monument principal et, en pratique, le seul du pharisaïsme légal, tel qu’il était au siècle qui a précédé immédiatement l’ère chrétienne. Comme nous avons l’autre face du pharisaïsme, sa face apocalyptique et mystique, représentée dans le livre d’Hénoch, nous avons ici son complément naturel dans ce légalisme dur, inexorable, au joug duquel, suivant l’auteur, la création est soumise depuis le commencement et doit être soumise jusqu’à la fin. »

III. Langue.

L’auteur écrivit en hébreu ou en araméen. Saint Jérôme nous en fournit la preuve. Il dit en effet, à Fabiola, Epist. lxxviii, 18 (cf. aussi 24), t. xxii, col. 711, 715, qu’il a trouvé le mot hébreu (iiDl, Dn), iîessa, Num., xxxil, 21, dans la « Astctt) Genesis » et là seulement. Un fragment syriaque le nomme aussi « le livre hébreu appelé Jubilés ». Quelques mots hébreux de l’original ont d’ailleurs été conservés dans les versions

et dans les citations des Midraschim. H. Charles, Ethiopie version, p. ix-x, 179-182. — Sal. Rubin a fait une traduction de cet apocryphe en hébreu : Das Buch der Jubilàen oder die ktéine Genesis, in-8°, Vienne, 1870.

IV. Date..— L’opinion aujourd’hui la plus commune est que la Petite Genèse a été composée vers l’an 50 de notre ère. Krûger la fait remonter à l’an 320 avant J.-C. Die Chronologie im Bûche der Jubilàen, dans ZDMG., t. xii, 1858, p. 279-281 ; J. Langen, Das Judenlhum in Palàstina sur Zeit Christi, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1866, p. 84, à l’an 140-160 ; H. Ewald la fait descendre aux dernières années du I er siècle après J.-C, mais toutes ces dates sont en contradiction avec le contenu du livre. Le temple de Jérusalem existait encore quand il a été écrit ; il est donc antérieur à la fin de r r siècle. La haine que manifeste l’auteur contre les Iduméens témoigne qu’il vivait sous la domination des Hérodes. Il connaît le Testament des douze patriarches et le Livre d’Hénoch.

V. Traductions et éditions.

i" Traduction grecque.

— La Petite Genèse fut traduite en grec à une époque inconnue. Les deux plus anciens auteurs qui l’aient citée sont saint Épiphane et saint Jérôme. Le premier, Hxr., xxxix, 6, t. xii, col. 672, la mentionne sous son double nom : ’Ev toi ; ’IwëïjXat’oiî èuptrastat, T ? j xa AsuTOYSvéusi xaXou[icvif). Ce dernier nom est celui que lui ont donné ordinairement les auteurs anciens, sauf les variantes de ce titre. Quelques lignes plus loin, dans le même passage, l’auteur des Hérésies la cite sous le simple nom de Asxtï] Tlveoi ;. Saint Jérôme, Epist. lxxviii, ad Fabiol., 18, t. xxii, col. 711, la mentionne également sous ce dernier nom et par conséquent d’après la version grecque. George Syncelle, Cédrénus, Michel Glycas et Zonaras ont fait souvent usage de la Asjroi Téveiriç, comme ils l’appellent, et c’est principalement grâce aux extraits qu’ils en ont rapportés qu’on a pu reconstituer une partie de la traduction grecque de cet apocryphe. Voir George Syncelle, Chronogr., édit. de Bonn, 1829, t. i, p. 4-5, 7-13, 183, 192, 203, etc. ; Bonn, 1836, p. 198, 206, 392 ; Cédrénus, Histor. Compend., édit. de Bonn, 1838, t. i, p. 6, 9, 16, 48, 53, 85 ; Glycas, Annal, édit. de Bonn, 1836, p. 198, 206, 392 ; Zonaras, Annal, édit. de Bonn, 1841, t. i, p. 18. — Les fragments grecs de la Petite Genèse ont été recueillis pour la première fois par J. A. Fabricius, Codex pseudepigraphus Veteris Testamenti, 2e édit., 2 in-12, Hambourg, 1722, t. i, p. 119 ; t. ii, p. 849-864. H. Charles en a reproduit aussi quelques passages à leur place respective, dans son Ethiopie version of Jubilees, p. 5-9, 36, etc.

Traduction syriaque.

On possède un court fragment

de la Petite Genèse en syriaque, ce qui permet de croire qu’elle avait été traduite en cette langue, et probablement de l’hébreu original. H. Charles, Ethiopie version, p. x, 183. Publié d’abord par Ceriani, dans ses Monumenta sacra et profana, t. ii, fasc. i, p. 9-10.

Traduction éthiopienne.

Ce livre apocryphe nous

est surtout connu par une traduction éthiopienne. Ce n’est qu’en cette langue qu’on le possède en entier ou à peu de chose près. Cette traduction a été faite directement sur la version grecque, dont elle a conservé un certain nombre de mots : SpOç, gocXavoç, Xtip, ayTvoç, <fipa.-[i, etc. Elle est très servile, mais très exacte, quoique les manuscrits qui nous l’ont conservée soient assez corrompus. Dillmann en a donné d’abord une version allemande dans les Jahrbùcher des biblisclien Wissenschaft, 8, t. ii, 1850, p. 230-256 et t. iii, 1851, p. 1-96 ; puis une édition du texte éthiopien, Liber Jubilseorum sethiopice, ad duorum librorum manuscriptorum fidem, in-4°, Kiel, 1859. Littmann l’a aussi traduit en allemand, dans Kautzsch, Apokryphen und Pseudepigraphen, 1899. H. Charles a fait paraître une nouvelle édition du texte, d’après quatre manuscrits : The Ethiopie version of the Iwbrew Book of Jubilees, in-4°, Oxford, 1895. On