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GÉNÉSARETH (TERRE DE) — GENÈSE (PETITE)


lomètres, non loin de la ruine appelée 'Abu-Sûséh, située à la sortie de Poud’el-'Amoûd. Le dominicain Burchard, en 1283, fait déjà allusion au grand bassin et atteste l’existence, en cet endroit, du Jwrakinos : la fontaine est pour lui celle appelée Capharnaum par Josèphe, Descnptio Terrse Sanctse, édit. Laurent, in-4°, Leipzig, 1873, p. 35. V. Guéri ii, Wilson, Conder croient aussi le Ain et-Tabigha, la véritable fontaine dont parle l’historien juif. Elle est la seule en effet, la nature des lieux et les ruines du canal le montrent, qui ait jamais arrosé cette région sur une étendue un peu considérable. Voir V. Guérin, Galilée, t. i, p. 208-209, 214-215, 224-225. A. Conder, The Survey of Wespern Palestine, Memoirs, Londres, 1881, t. i, p. 382. Buhl, Géographie de}- Alten Palâstina, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 114. IV, Histoire. — La terre de Cénéreth, plus tard de Génésareth, prise par les Hébreux sur les Chananéens, fut occupée par les fils de Nephthali. Voir Nephthali. (tribu de). Le roi de Syrie Ben-Hadad, à la demande d’Asa, roi de Juda, qui voulait détourner Baasa, roi d’Israël, de ses entreprises contre son royaume, envahit Nephthali et ravagea tout le pays de Cénéreth. III Reg., xv, 20. Ce pays dut subir plus tard l’invasion bien plus terrible de Théglathphalasar ; ses habitants furent alors déportés en Assyrie avec le reste de la tribu (734). IV Reg., xv, 29.- Jonathas Machabée (161-143), allant attaquer à Cadés les troupes de Démétrius, roi de Syrie, passa par la terre de Génessar et y campa une nuit, sur le bord du lac. I Mach., xi, 67. Le Sauveur, au commencement de sa vie publique, quitta Nazareth pour venir s'établir dans la terre de Génésareth, à Capharnaum. Le prophète Isaïe, selon l’interprétation de saint Matthieu, faisait allusion à cet événement et célébrait la gloire de ce pays lorsqu’il disait : « La terre de Zabulon et la terre de Nephthali, la voie d’au delà du Jourdain, la Galilée des nations, le peuple assis dans les ténèbres a vu une grande lumière ; la lumière a resplendi sur les hommes assis à l’ombre de la mort. » Is., ix, 1 ; Matth., iv, 13-16. Là, Jésus se mit à prêcher le royaume de Dieu, Matth., iv, 17 ; là, il réunit ses Apôtres et ses disciples et les prépara à leur mission ; là, les foules vinrent à lui, pour l'écouter et lui présenter leurs malades ; là, il fit entendre la plupart de ses discours et de ses paraboles ; là, il accomplit le plus grand nombre de ses miracles, guérissant les aveugles, les sourds et muets, les paralytiques, les lépreux, les démoniaques. Il parcourut le pays dans tous les sens et prêcha dans toutes les villes et les campagnes de la région. Matth., iv, 18-25 ; v, xiii, xiv, 34-36 ; Marc, i, 1645 ; iv, vi, 53-56 ; Luc, lv, 31-44 ; v, vi, etc. La campagne où Jésus accueillit la foule, venue de la Judée, de Jérusalem, des bords de la Méditerranée, de Tyr et de Sidon, est sans doute le Ghoûeir et la plaine d’et-Tabigha qui suit le Ghoûeir, du côté de l’est, et la montagne où il allait souvent prier et passer la nuit dans l’oraison, les collines qui entourent ces plaines. Luc, vi, 12-18 ; cf. vii, 1. C’est à cette même montagne qu’il convoqua ses Apôtres et ses disciples après sa résurrection, pour achever leur instruction et leur formation. Debout sur le rivage il appela les sept, Pierre et ses compagnons occupés à pêcher ; lorsqu’ils furent venus il les invita à manger le pain et les poissons cuits sur les charbons ; il demanda à Pierre : Pierre m’aimes-tu ? et il lui dit : Pais mes agneaux, pais mes brebis. Matth., xxviii, 10, 16-20 ; Marc, xvi, 7 ; Joa., xxi. Marie-Made. leine appartenait à la terre de Génésareth et était probablement de la ville de Magdal ou Magdala, comme l’indique son nom Magdalena. La terre de Génésareth fut ainsi le séjour de choix et de prédilection du Sauveur, le berceau de l'Église chrétienne et son premier centre. Elle ne cessa point d'être chère, dans la suite des siècles, aux chrétiens. Les judéo-chrétiens appelés Minim par les Juifs infidèles, c’est-à-dire hérétiques, y

demeurèrent longtemps et y accomplirent de nombreux prodiges, comme l’attestent les écrivains juifs euxmêmes. Midrasch Kohélet, i.xxxv, p. 63. Cf. Carmol, Itinéraires de la Terre-Sainte traduits de l’hébreu, in-8°, Bruxelles, 1847, p. 260 et 310. Pendant la guerre des Juifs (66-70), ces chrétiens eurent sans doute beaucoup à souffrir du passage des armées romaines et juives qui se livrèrent plus d’une fois dans cette région d’acharnés combats. Cf. Josèphe, Vita, passim. Après la guerre, nous les y retrouvons persécutés par leurs compatriotes demeurés infidèles et expulsés des villes de Capharnaum et Tibériade. Lorsque Constantin eut donné la paix à l'Église, plus’eurs Juifs de ce pays, de condition distinguée, se convertirent. Parmi eux il faut citer Joseph de Tibériade, à qui l’empereur conféra la dignité de comtede l’empire. L'Église l’honore parmi ses saints et célèbre sa fête le 22 juillet. Joseph fut plein de zèle et fit bâtir avec le secours de l’empereur plusieurs églises dans la contrée de Génésareth, entre autres une à Tibériade et une à Capharnaum. S. Épiphane, Adversus hæreses, xxx, col. 409 et 424. Cf. Acta Sanc t., julii t. v, édit. Palmé, p. 238-252. — Sur les scènes évangéliques dont on voulut consacrer ainsi le souvenir, voir L. Heidet, Tabighâh und seine Erinnerungen, dans la revue Das heilige Lande, Cologne, 1895-1896, p. 210-228 ; Tabigha, ibid., 1898, p. 158-167. L. Heidet.

    1. GENÈSE##


1. GENÈSE, premier livre du Pentateuque. Voir Pentateuque.

    1. GENÈSE (PETITE)##


2. GENÈSE (PETITE), ^| leirrï| Yiit<nz, livre apocryphe (t. i, col. 770-771), appelé aussi Livre des Jubilés, ta 'lojgYjiaîa, parce qu’il est divisé en années jubilaires. Le catalogue des livres apocryphes qui porte le nom de saint G-élase l’identifie avec le Livre des filles d’Adam (voir t. i, col. 769 et 770). Cf. J. A. Fabricius, Codex pseudepigraphus Veteris Testamenti, 2e édit., 1722, p. 125. On lui donne le nom de Genèse, parce qu’elle s’occupe des faits racontés dans le premier livre du Pentateuque et on la qualifie de Xeuxt] ou xisivT], « petite, » non parce qu’elle est plus courte que la Genèse, elle est au contraire plus étendue, mais parce qu’elle a peu d’importance en comparaison du livre de Moïse. On lui a donné aussi quelquefois, chez les Grecs, le nom d’Apocalypse de Moïse, parce qu’il a la forme d’une révélation faite au législateur des Hébreux. En éthiopien, elle est appelée Kufalé, « Division des jours. » Sur les divers noms de cet apocryphe, voir H. Rônsch, Das Buch der Jubilàer oder die kleine Genesis, in-8°, Leipzig, 1874, p. 461-482.

I. Contenu.

La Petite Genèse i raconte les mêmes faits que la Genèse de Moïse, en les exposant selon l’idée que s’en faisaient les Juifs du commencement de notre ère. Le récit est mis dans la bouche de « l’ange de la face » de Dieu. Cet ange décrit à Mcïse, pendant les quarante jours qu’il passa sur le mont Sinaï, les évé-' nements qui se sont accomplis « depuis la première création » jusqu'à l’entrée des Israélites dans la terre de Chanaan, le tout divisé par périodes jubilaires de 49 ans, au nombre de 50, ce qui fait un total de 2450 ans. Chaque événement est daté. Nous lisons, par exemple, c. xxii, 1 : « Et il arriva dans la première semaine du quarante-quatrième jubilé, la seconde année, c’est-àdire l’année dans laquelle mourut Abraham, qu’Isaac et Ismaël vinrent du puits du Serment pour célébrer la fête des semaines, c’est-à-dire la fête des prémices de la moisson avec leur père Abraham. » L’un des principaux objets de l’auteur a été de disposer ainsi par ordre chronologique d’ans, de mois, de jours, cf. Gal., iv, 10, tous les événements de l’histoire du monde et des patriarches jusqu'à Moïse. Il veut, de plus, compléter ce qu’il ne trouve pas assez développe dans le Pentateuque et explique ce qui ne lui semble pas assez clair.