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GÉNÉSARETH (TERRE DE)


à Bethsaïde, du côté oriental du lac ; rejoint par la foule, il ordonna à ses disciples de monter en barque et de repasser de l’autre côté, « et, ajoutent les deux évangélistes Matthieu et Marc, après, avoir passé de l’autre côté, ils vinrent en la terre de Génésareth. » Elle se trouvait sur le bord même du lac. La phrase commune des évangélistes xai StauepâaavTSî èVi tJjv tV yjXOov et ; revvvioapsT, signifiant littéralement : « et ils passèrent de l’autre côté en la terre [et] ils vinrent à Génésareth, » pourrait laisser croire que la terre ou le pays où ils abordèrent était différente de Génésareth qui elle-même était à distance du rivage ; le récit de saint Marc, ajoutant immédiatement après : rew^oopér, xoà npoatop La « terre de Génésareth » des Évangiles paraît avoir une extension plus grande que la campagne de Gennésar de l’écrivain juif. La campagne de Gennésar mesurait le long du lac trente stades et en avait vingt en longueur. Cette dimension et la description que fait Josèphe désignent certainement, et c’est l’avis de tous les palestinologues, la petite plaine du Ghûeir, « le petit Ghôr » actuel, au nord-ouest du lac de Tibériàde (fig. 32). La largeur de cette plaine mesurée du’Aïn et-Tîn jusqu’à l’endroit où l’ouadi Kaisarîéh opère sa jonction avec l’ouadi elr-’Amûd, est de 3 700 mètres ou vingt stades ; de Medjdel à la même fontaine’Aïn-et-Tîn, la plus grande longueur du Ghûeir, sur le bord du lac, on

32, — Le Ghoueir. D’après une photographie de M. L. Heidet.

(j.(o6v)ïav, xa èÇeXOiSvrtûv ocùriov Ix toO nXoîou, « ils vinrent à terre à Génésareth où ils abordèrent, et étant sortis de la barque… » laisse voir qu’il n’en est rien. La phrase grecque des évangélistes est la traduction littérale de la phrase hébraïque conçue dans leur pensée qui régulièrement doit se traduire : « et traversant le lac ils vinrent aborder à la terre de Génésareth, où étant’descendus de barque… » Les conclusions fondées sur la f’.rase grecque, c’est-à-dire la distinction enlre le pays où abordèrent les apôtres et la localité où ils se rendirent ; la supposition de deux étapes, l’une par mer, l’autre par terre, et l’éloignement de Génésareth du rivage ; celle de l’identité de cette Génésareth avec Capharnaum où saint Jean, VI, 13, dit qu’abordèrent les disciples, sont autant d’hypothèses qui n’ont point de raison d’être dans le récit évangélique légitimement interprété. La description de la région de Gennésar de Josèphe, Bell, jud. ; III, x, 8, l’indique aussi sur le rivage. « La campagne, -/<âpz, deGénessar, dit cethistorien, s’étend Je long du lac, rapi-rcivet… Elle s’étend, ajoute-t-il plus loin, sur le bord du lac du même nom, itapâttîvEi xcrci tôv eÛY la *’v ^C ô ; j.ûw(iou)i(iv/-, ;. »

trouve 4 700 mètres ou vingt-cinq stades ; trente stades ou 5 600 mètres, nous conduisent tout près des fontaines appelées’Aïn et-Tabigha, que l’on trouve à mille et quelques mètres vers l’est de’Aïn et-Tîn. Les dimensions données par Josèphe font de la petite plaine d’et-Tabigha une partie de la « campagne de Gennésar ». Tout en comprenant le territoire décrit par Josèphe, la « terre de Génésareth » des Évangiles est plus étendue. Après l’avoir nommée, saint Marc, vi, 55-56, ajoute : « et parcourant toute cette région… partout où il entrait, dans les villes et les villages… » donnant à comprendre qu’il s’agit d’un territoire plus étendu que le Ghûeir qui n’a jamais eu dans sa zone restreinte de si nombreuses cités, bourgades et campagnes. Capharnaùm est attribué par le récit de saint Jean, vi, 17, comparé aux récits cités de saint Matthieu et de saint Marc, à la terre de Génésareth. Les Évangélistes lui donnent peut-être toute l’extension du territoire appelé, III Reg., xv, 20, « tout Cennéroth. » La Vulgate, ibid., fait le pays de Cennéroth égal au pays de Nephthali : universam Cennéroth, otnnem scilicet terrant Nephthali. Le texte hébreu est moins précis : « [Ben-Hadad] prit, dit-il, ’Iyyôn, et tout