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JUIF — JUJUBIER

sabbat et des fêtes, purifications légales, manière spéciale de saigner la viande de boucherie, de faire le pain, etc.) avec défense de les molester sur ce point.

4. Dispense de toutes les obligations de droit commun qu’ils regardaient comme incompatibles avec leur religion. C’est ainsi que les Juifs qui étaient citoyens romains furent exonérés du service militaire et qu’ils furent tous dispensés du culte officiel des empereurs. On poussa quelquefois la condescendance jusqu’à respecter leurs scrupules les moins fondés.

5. Droit de prélever l’impôt de la capitation, se montant à un demisicle ou didrachme, payable par tous les adultes mâles et destiné à l’entretien du temple de Jérusalem. On sait combien les Romains voyaient de mauvais œil ces cotisations dont l’emploi échappait à leur contrôle. Aussi s’alarmèrent-ils, à plusieurs reprises, de ces envois d’or périodiques à Jérusalem. Un légat d’Asie, Flaccus, les interdit et confisqua les sommes recueillies à Apamée, à Laodicée, à Adrymète, à Pergame et probablement ailleurs. Cicéron, Pro Flacco, 28. Mais le droit des Juifs fut confirmé par une foule d’édits et subsista jusqu’à la ruine du Temple. Cf. Joséphe, Ant. jud., XVI, vi, 2-7.

Situation sociale et politique.

Dans cet ordre de choses, les Juifs de la diaspora n’étaient guère moins favorisés. D’une manière générale, on peut dire qu’ils formaient un petit État dans le grand et une ville fermée dans la ville qui leur donnait l’hospitalité. Quelquefois un quartier spécial leur était assigné (à Rome c’était le Transtévère ; à Alexandrie, le quartier situé à l’est du Eruchéion), mais il est probable qu’ils n’y étaient pas cantonnés d’une façon exclusive. Partout où ils étaient en nombre, les Juifs se constituaient en communauté autonome, administrant ses propres affaires, réglant elle-même les différends et les procès, avec la tolérance et parfois avec l’assentiment explicite du gouvernement central ou des autorités locales. Ils avaient une sorte de sénat (γερουσία, γέροντες, πρεσβύτεροι) présidé par un dignitaire nommé ἄρχων, γερουσιάρχης. A Alexandrie, le chef unique, appelé ethnarque, jouissait de la plus grande autorité. Josèphe, Ant. jud., XIV, vii, 2 (pour Sardes, voir XIV, x, 17). A Rome, il ne leur était pas permis de se réunir en une seule assemblée. Les communautés juives pouvaient « juger elles-mêmes leurs affaires litigieuses, avoir leurs propres juges, leurs propres codes… En matière civile, l’autonomie des Juifs ne s’appliquait en principe qu’aux affaires où les deux parties étaient juives ; dans un procès mixte, même si le défendeur était Juif, le tribunal local ou romain était seul compétent… En matière pénale, au début de l’ère chrétienne, les magistrats juifs exerçaient un pouvoir disciplinaire étendu, comportant le droit d’incarcérer et de flageller, Act., ix, 2 ; xviii, 12-17 ; xxii, 19 ; xxvi, 11 ; II Cor., xi, 24 ». Th.Reinach, dans Saglio, Dictionn. des antiq. grecques et rom., t. iii, p. 627. Origène dit qu’ils prononçaient même des sentences capitales, Epist. ad Afric, 14, t. xi, col. 84. Mais, pour avoir une sanction, elles devaient être confirmées par l’autorité romaine ou devaient être exécutées clandestinement, comme les jugements de la Sainte-Vehme germanique. On peut d’ailleurs supposer que les membres des communautés juives accordaient, d’un consentement tacite, à leurs magistrats, beaucoup plus de pouvoir que ne leur en conféraient les lois de l’Empire ou les constitutions des villes libres.

F. Prat.

JUJUBIER (hébreu : na‘ăṣûṣ ; Septante : στοιβή ; Vulgate : fruteta, saliunca ; Is., vii, 19 ; lv, 13 ; Nouveau Testament : ἄκανθα ; Vulgate : spinæ ; Matth., xxvii, 29 ; Joa., xix, 2), arbuste épineux.

I. Description.

Le genre Zizyphus, de la famille des Rhamnées, comprend des arbrisseaux à feuilles alternes-distiques, coriaces, munies de stipules épineuses. Les fleurs disposées en petites cymes axillaires et contractées ont 5 divisions et produisent un fruit charnu qui renferme un noyau osseux.

L’espèce la plus cultivée en Orient est le Zizyphus vulgaris de Lamarck qui donne des drupes succulentes de la forme d’une olive. En Afrique et jusque près de la mer Rouge on trouve le Zizyphus Lotus dont le fruit arrondi est probablement le « lotus » connu des Grecs.

[Image à insérer] 312. — Zizyphus Spina-Christi Willd.
Dessin d’après nature. Rameau cueilli à Jéricho
par le Frère Jouannet-Marie, des Écoles chrétiennes (avril 1890).

Enfin les déserts de Jéricho et du Sinaï ont fourni aux cultures de Syrie et d’Egypte le Zizyphus Spina-Christi (fig. 312 et fig. 308, col. 1741), ainsi nommé parce qu’on croit assez communément que les rameaux ont servi à tresser la couronne de Notre-Seigneur, quoique d’autres auteurs veuillent y voir le Pahurus aculeatus, autre Rhamnée épineuse, très répandue dans toute la région méditerranéenne et voisine des jujubiers, dont elle diffère surtout par son fruit qui est sec et pourvu tout autour d’un large rebord ondulé-crispé.

F. Hy.

II. Exégèse.

1° Rien dans le contexte de Is., vii, 19, n’obligerait à voir dans han-na’ăṣûṣîm, autre chose qu’un terme général pour désigner les buissons d’épines. Et c’est ainsi que l’entendent la Vulgate et la Peschito. Mais dans Is., lv, 13, où le mot han-na’ăṣûṣ est opposé à une plante déterminée, le cyprès, et où il est mis en parallèle avec le sirpad, il semble que nous ayons plutôt une espèce particulière de plante épineuse. Les anciens commentateurs juifs expliquent en général le mot na’ăṣûṣ par l’arabe Sidr qui est une espèce de Zizyphus ou jujubier et dont le fruit s’appelle Nabėk. D’après les uns, ce serait le Zizyphus vulgaris très commun en Palestine ; pour d’autres c’est le Zizyphus lotus ou encore le Zizyphus Spina-Christi, qu’on trouve dans la vallée du Jourdain, mais plus rarement aux environs de Jérusalem. Ce jujubier était connu en Egypte : des fruits de cet arbuste trouvés dans les tombes se voient dans un grand nombre de nos musées. Cependant le nom de l’arbre lui-même n’a pu encore être déterminé. Serait-ce le , nabas, arbre dont les