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JUGE — JUGEMENT DE DIEU


xxii, 8 ; Deut., i, 17 ; xix, 17 ; II Par., xix, 6. C’est pourquoi le nom d"’ëlohîm, « dieux, » leur est donné poétiquement. Ps. lxxxi (lxxxii), 6 ; cf. Joa., x, 34, 35. Leur devoir est de juger avec équité. Deut., xvi, 18, 19. — 2° Ce devoir ne fut pas toujours dignement rempli. Les écrivains sacrés parlent assez souvent de mauvais juges qui tiennent plus compte de la qualité des personnes que de leur droit. Eccle., iii, 16 ; Is., i, 23 ; v, 7 ; x, 2 xxviii, 7 ; Jer., ii, 8 ; v, 28 ; xxi, 12 ; Ezech., xxii, 27 Ps. lxxxi (lxxxii), 2 ; Ose., vii, 7 ; Am., v, 7 ; vi, 12 Mich., iii, 11 ; Soph., iii, 3 ; Hab., 1, 4 ; Eccli., xx, 31

Luc., xviii, 2, etc.

H. Lesêtre.
    1. JUGEMENT DE DIEU##


1. JUGEMENT DE DIEU, expression de ses volontés générales ou particulières à l’égard des hommes.

I. Jugements divins en général.

1° Dieu juge, sdpat. 6 xptvtav, judicat, exerce son autorité et sa surveillance sur toute la terre, pour traiter chacun comme il le mérite et châtier les méchants. Gen., xviii, 25 ; Is., xxxiii, 22 ; Ps. vii, 12 ; l (xlix), 6 ; lxxv (lxxiv), 8 ; xciv (xchi), 2. — 2° Les jugements de Dieu, miSpâtîm, xppaxa, tudicia, sont tout d’abord ses lois. Lev., xviii, 4, 5, 26 ; xix, 37 ; xx, 22 ; Deut., iv, 1, 5, 8, 14 ; vii, 11, 12 ; II Esd., ix, 13. Ce sont ensuite les décisions de sa justice, toujours irréprochables. Ps. xix (xviii), 10 ; cxix (cxvill), 75, 137 ; Jer., xi, 20 ; Tob., iii, 2. Ces décisions sont tantôt favorables, Is., nx, 9, 14, et tantôt vengeresses. Is., lui, 8 ; lxvi, 16 ; Jer., i, 16 ; iv, 12 ; Ezech., xxxviii, 22. Les jugements divins sont appelés Sepdtîm, quand ils ont le caractère de châtiments. Tels sont les jugements contre l’Egypte et ses dieux, Exod., vi, 6 ; vu, 4 ; xii, 12 ; Num., xxxiii, 4 ; Ezech., xxx, 14, 19 ; contre Jérusalem, Ezech., v, 10, 15 ; xi, 9 ; xiv, 21 ; xvi, 41 ; contre Moab, Ezech., xxv, 11 ; contre Sidon, Ezech., xxviii, 22, 26 ; contre les impies. Prov., xix, 29. — Les jugements de Dieu atteignent également les particuliers en cette vie. Prov., xxix, 26 ; II Mach., vii, 35, 36. Aussi le Psalmiste, conscient de ses fautes, demande-t-il à Dieu de ne pas entrer en jugement avec lui. Ps. cxliii (cxlii), 2. — Dans la vie future, l’homme aura à subir deux autres jugements, l’un particulier, l’autre général ou dernier.

II. Jugement particulier.

C’est celui que chaque âme doit subir immédiatement après sa sortie du corps par la mort. — 1° Dans l’Ancien Testament l’idée du jugement particulier n’y apparaît pas dans toute sa clarté. Elle est à l’état implicite dans plusieurs anciens textes et la révélation n’en est devenue bien manifeste que dans les derniers écrits de l’Ancien Testament. Les Hébreux n’ont d’abord connu nettement d’autre jugement que celui que Dieu exerce sur la terre, et de là pour eux la difficulté de résoudre le problème du bonheur des impies et des épreuves des justes. Voir Impie, col. 846. Dans le texte de l’Ecclésiastique, xxxviii, 23, où il est dit : « Rappelle-toi mon jugement (en grec : tô xpt(Aa guitoïï, son jugement) ; le tien sera pareil : hier à moi et à toi aujourd’hui, » le jugement est le « sort » du mort, qui sera demain le sort du vivant. Un autre texte paraitplus expressif, Eccli., xi, 28 : « Il est facile à Dieu, au jour de la mort, de rendre à chacun selon ses œuvres. » On peut croire qu’il s’agit ici du jugement qui suit la mort. Cf. Hurter, Theol. dogmat. compend., Inspruck, 1879, t. iii, p. 475. Le texte de II Mach., xii, 43-46, suppose nécessairement le jugement particulier : Judas Machabée fait offrir des sacrifices pour les défunts « afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés ». Il y a donc un examen divin après la mort, pour discerner ceux qui ont besoin de ces suffrages des vivants. Le livre de la Sagesse mentionne, avec encore plus de clarté, le jugement qui suit la mort. L’auteur enseigne d’abord que rien n’échappe à Dieu et que l’impie aura à rendre compte de ses pensées. Sap., i, 8-10. Puis, après avoir affirmé l’immortalité de l’âme, il montre les justes se

dressant contre les impies qui les ont persécutés, et ceux-ci reconnaissant trop tard qu’ils se sont trompés. Ces derniers raisonnent ainsi dans le èe’ôl et tout se termine par un combat de toutes les créatures avec Dieu contre ces insensés. Sap., vi, 1-21. Dieu a donc jugé ces justes et ces pécheurs, auxquels il ménage un sort si différent. Enfin, s’adressant aux puissants de ce monde qui se sont servis des dons de Dieu pour faire le mal, l’auteur leur dit : « Il vous apparaîtra soudain de terrible manière, car un jugement impitoyable attend ceux qui commandent. » Sap., vi, 6. Ce jugement est appelé dans le texte xpfoic àTcôtoiJioç, Vulgate : judicium durissimum ; c’est un « jugement tranchant », décisif, sans appel et sans pitié, porté par ce Dieu qui apparaîtra soudainement et terriblement. On ne peut prêter ici au mot xpîucç le simple sens de « châtiment », ni songer à une intervention providentielle pour remettre sur la terre les puissants orgueilleux à leur place. Les textes qui précèdent ont déjà transporté la scène dans l’autre vie, « t immédiatement après vient la mention de la torture, fortior cruciatio, qui attend ces coupables, torture qui ne les atteint guère en ce monde. Cf. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 1896, t. iv, p. 592-599.

Dans le Nouveau Testament.

1. Le jugement

particulier fait l’objet d’allusions significatives de la part de Notre-Seigneur. Le divin Maître recommande de s’accorder avec son adversaire pendant qu’on est en ce monde, in via, parce qu’ensuite on se trouvera en face du juge, qui enverra dans la prison d’où l’on ne sort que quand on a payé jusqu’à la dernière obole. Matth., v, 25-26. Il dit que les hommes, au jour du jugement, rendront compte même d’une parole inutile. Matth., xii, ’36. Ce jugement doit suivre la mort, puisque, aussitôt après qu’ils sont sortis de ce monde, Lazare et le mauvais riche sont montrés déjà en possession de leur sort éternel. Luc, xvi, 22. Dans la parabole des noces, Matth., xxii, 11-14, et dans celle des talents, Matth., xxv, 30, le Sauveur fait apparaître le souverain Maître pour interroger et demander des comptes, condamner aux ténèbres extérieures et aux tourments ceux qui l’ont mérité. — 2. Saint Paul parle du jour où Dieu jugera les secrets des hommes, c’est-à-dire les choses coupables qu’ils ont tenues cachées. Rom., ii, 16. Ce jour est celui de la mort. « Il a été réglé pour les hommes qu’il faut mourir une fois, et ensuite c’est le jugement. » Hebr., ix, 27. À ceux qui ont abusé des dons de Dieu s’impose la terrible attente du jugement. Hebr., x, 21, 27. Quelques-uns de ces textes pourraient aussi s’entendre du jugement dernier ; mais il est naturel et légitime d’y reconnaître d’abord la mention du jugement qui suit immédiatement la mort.

III. Jugement dernier.

C’est le jugement que Dieu rendra à la fin des temps, après la résurrection générale, en présence de tous les hommes rassemblés, pour proclamer la fixation du sort éternel de chacun.

Dans l’Ancien Testament.

1. La notion du jugement

dernier suit le développement de la révélation sur la nature de l’autre vie. Dans les auteurs sacrés les plus anciens, il n’est question que des jugements de Dieu dans la vie présente. Ces jugements sont quelquefois décrits d’une manière grandiose qui peut figurer le jugement dernier, mais qui ne s’y rapporte pas littéralement avec certitude. Cf. Joël, ii, 2-11, 30-32 ; iii, 1-3 ; Soph., i, 14-18, etc. Quand Joël, iii, 2, dit : « Je rassemblerai toutes les nations, je les ferai descendre dans la vallée de Josaphat et là j’entrerai en jugement avec elles, » beaucoup d’interprètes pensent qu’il s’agit du jugement dernier ; mais d’autres l’entendent seulement de celui que Dieu doit exercer contre les nations qui ont déporté son peuple, quand lui-même l’aura ramené en Palestine. Le prophète Zacharie, xiv, 1-15, décrit avec des traits analogues le jugement que