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JUDÉO-CHRÉTIENS — JUDITH


tion de faire circoncire leurs enfants. Act., xxi, 20-21. D’après un écrivain du H æ siècle, Hégésippe, saint Jacques était lui-même un rigide observateur de la Loi à laquelle il ajoutait les pratiques d’un nazaréat perpétuel. Cf. Eusèbe, H. E., ii, 23, t. xx, col. 197. Ce que nous disons de Jérusalem doit s’entendre, proportions gardées, de toute la Palestine et des pays circonvoisins. A Damas, l’évêque Ananie était pieux selon la Loi (£Ùdsë » i ; xarà ràv véfiov) et tous les Juifs de la ville lui rendaient ce témoignage. Act., xxii, 12. — Ailleurs on usa de tempérament. Les Juifs furent libres d’obserer leur Loi dans la mesure où leur piété les y poussait et, pour rendre les rapports sociaux possibles entre eux et les gentils, on obligea ces derniers, dans les églises mixtes ou les Juifs formaient une fraction importante, d’observer certaines prescriptions relatives aux aliments. Act., xv, 20, 29. Il fallait tenir compte en effet des répugnances invincibles des Juifs pour les viandes étouffées ou non saignées, et même de leurs scrupules religieux, notamment au sujet des victimes offertes aux idoles. Nous -voyons saint Paul donner l’exemple de cette condescendance, lorsqu’il vit dans un milieu juif ; il fait circoncire Timothée, Act., XVI, 3 ; il se soumet aux cérémonies de la purification légale, Act., xxi, 26 ; il insinue qu’il aurait pu céder sur la circoncision de Tite, si on ne l’avait exigée comme un droit, Gal., ii, 3-4 ; il proteste qu’il s’abstiendra à jamais de viande si ce metsdoit scandaliser ses frères et perdre une âme rachetée du sang de Jésus-Christ, I Cor., viii, 13 ; Rom., xiv, 15 ; il pose ce grand principe que tout ce qui est strictement licite n’édifie pas, I Cor., x, 23, qu’il faut avoir égard aux scrupules, aux préj ugés des faibles (il parle des judéochrétiens ) en ce qui regarde les aliments et les jours fériés. Rom., xiv, 1-6, 13-15, 19-23. Paul n’est intransigeant que sur les principes et lorsque la pureté de la vérité évangélique est en danger.

III. Derniers vestiges des judéo-chrétiens.

À la veille de la grande révolte qui devait mettre fin à la nation juive, vers l’an 66, les chrétiens de Palestine se réfugièrent au delà du Jourdain, dans une ville de la Décapole, nommée Pella. D’autres s’établirent à Kokabé (ou Choba), en Basanitide, et à Bérée (Alep) en Syrie. Quoique maudits dans toutes les synagogues par leurs compatriotes restés infidèles, ils demeuraient obstinément attachés à la Loi mosaïque. Cependant ils avaient la prétention d’être chrétiens. Ce fut dans le courant du iie siècle qu’on commença à les considérer comme séparés de l’Église catholique. D’ailleurs, de grossières erreurs s’étaient glissées peu à peu dans leur enseignement ; la ligne de démarcation entre les ébionites et les nazaréens n’est pas facile à tracer ; et le seul fait d’observer opiniâtrement une loi morte, désormais sans objet et sans signification, les classait parmi les hérétiques ; de judéo-chrétiens ils devenaient judaisants. Ces petites sectes disparurent enfin dans l’oubli. Voir Judaisants. F. Prat.

JUDI (hébreu : Yehudi, « le Judéen ; s Septante [Jer., xliii, 14, 21, 23] : ’IouSiv), fils de Nathanias, fils de Sélémias, fils de Chusi. Les princes de la cour du roi Joakim l’envoyèrent auprès de Baruch pour que ce dernier leur apportât le rouleau des prophéties de Jérémie qu’il avait lues au peuple. Quand Baruch leur en eut fait la lecture, ils déposèrent le rouleau dans la chambre d’Élisama le scribe et en communiquèrent le contenu au roi. Joakim se fit apporter et lire la prophétie par Judi, mais quand celui-ci en eut lu les trois ou quatre pages, le roi déchira le rouleau avec un canif et le jeta au feu. Jer., xxxvi, 14-23.

JUDICIAIRE(PORTE) (hébreu : Sa’arham-Mifqâd ; Septante : w ! ù.i] toO Maqisxiê ; Vulgate : porta judicialis), porte de Jérusalem située au nord-est du Temple.

IIEsd., 111, 30 (hébreu, 31). Voir Jérusalem 14°, col. 1365. Un passage d’Ézéchiel, xliii, 21, semble indiquer que c’était là qu’on brûlait la victime offerte en sacrifice pour le péché, en dehors du sanctuaire, mais à l’intérieur des murs de la ville : « Tu prendras le veau pour le [sacrifice du] péché, et on le brûlera dans le mifqâd de la maison, hors du sanctuaire. » Mifqâd signifie « un lieu déterminé, désigné ». La Vulgate l’a traduit par in separato loco, dans Ézéchiel, etpar^itdieiaïisdansNéhémie, peut-être parce que le prétoire où l’on rendait les jugements du temps des Romains, était situé au nord du Temple, dans la citadelle Antonia, ou bien peut-être parce que cette porte conduisait à la vallée de Cédron que l’on appelait déjà du temps de saint Jérôme vallée de Josaphat ou du jugement. Voir col. 1652.

    1. JUDITH##

JUDITH (hébreu : Yehûdîf ; Septante : ’IouSi’6), nom d’une Héthéenne et de l’héroïne de Béthulie.

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1. JUDITH, fille de Bééri l’Héthéen et première femme d’Ésau. Gen., xxvi, 34. Elle est appelée Oolibama dans Gen., xxxvi, 2, 18, 25. Voir Bééri 1, t. i, col. 1548.

    1. JUDITH##


2. JUDITH, libératrice de Béthulie. — 1° Biographie. — Elle nous est connue uniquement par le livre qui porte son nom. Ni Philon, ni Josèphe ne la mentionnent. Nul autre écrivain sacré ne la nomme. Elle entre en scène au chapitre viii, au moment où Béthulie, réduite à l’extrémité par la famine, est sur le point de se rendre à Holoferne. — Depuis trois ans et demi qu’elle avait perdu son mari Manassès, elle vivait dans la retraite, la pratique d’une piété austère et un jeûne perpétuel qu’interrompaient seuls le sabbat et les jours de fête. Sa vertu éprouvée faisait taire la médisance, viii, 1-8. Ayant appris que les assiégés allaient se rendre dans cinq jours si le secours ne venait pas, elle mande les chefs, les reprend de leur pusillanimité, relève leur courage et leur promet la délivrance, avant cinq jours écoulés, s’ils s’en rapportent pleinement à elle pour l’exécution d’un projet dont elle ne peut encore leur confier le secret. Ils consentent à tout, ꝟ. 9-36. Après leur départ, Judith s’enferme dans son oratoire et là, revêtue d’un cilice (d’après la Vulgate), la tête couverte de cendres, elle adresse à Dieu une longue et fervente prière, IX. Ensuite, elle reprend les parures d’autrefois, depuis longtemps abandonnées ; et Dieu ajoute à sa beauté naturelle un éclat surhumain (d’après la Vulgate). Alors, en compagnie d’une servante portant une besace remplie de provisions de bouche, elle sort de la ville, se dirige vers le camp des Assyriens et, comme elle l’avait prévu, elle est conduite en présence d’Holoferne, x. Accueillie avec bienveillance, elle expose les motifs de sa venue. Béthulie ne peut plus tenir longtemps. Les habitants, pressés par la famine, ont eu recours à des aliments interdits par la Loi. Dieu est irrité contre eux. Leur perte est inévitable. Voilà pourquoi Judith s’est réfugiée auprès du chef assyrien, auquel Dieu destine la victoire, xi. Ces paroles flattent Holoferne qui l’invite à sa table. Elle s’y refuse, prétextant l’observation exacte de la Loi mosaïque. On la laisse libre ; on l’autorise même à sortir tous les matins du camp pour prier à sa fantaisie et faire ses ablutions accoutumées. Cependant, le quatrième jour, Holoferne envoie l’eunuque Bagoas (Vulgate : Vagao) la presser d’assister à un festin qui se donnait dans la tente du généralissime. Judith s’y rend, mais ne touche qu’aux mets préparés par sa servante. Sa vue inspire au chef ennemi une passion violente que les fumées d’un vin généreux portent à l’excès, XII. La nuit venue, tous les invités se retirent les uns après les autres et Judith reste seule avec Holoferne plongé dans l’ivresse, pendant que la servante surveille les abords de la tente. S’armant de courage et invoquant dans son cœur le Dieu des forts, l’héroïne prend