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JUDAS MACHABÉE — JUDAS FILS DE SIMON


détermina la déroute complète de son armée. Les Juifs .poursuivirent les fuyards jusqu’à l’entrée de Gazara. Au son des trompettes, tous les hommes des villages environnants sortirent en armes et le massacre fut général. Judas ordonna de couper la tête de Nicanor et son bras avec l’épaule et de les porter à Jérusalem. Il fit couper la langue de l’impie en petits morceaux et ordonna de la jeter en pâture aux oiseaux. La main fut suspendue devant le Temple, et la tête au sommet de la .citadelle. Une fête solennelle tut instituée en souvenir de cet événement, au jour anniversaire de la victoire, ’la veille du jour de Mardochée. I Mach., vii, 39-50 ; II Mach., xv, 20-40 ; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 5 ; H. Derenbourg, Essai sur l’histoire et la géographie de la Palestine, Impartie, p. 63. Judas était désormais maître de la Judée. Josèphe, Ant. jud., XII, x, 6 ; xi, 2, place à cette époque la mort d’Alcime et reconnaît dès lors Judas comme grand-prêtre, mais d*après I Mach., lx, 54-56, Alcime mourut plus tard, sous Jonathas, en Tan 159. De plus il est inadmissible qu’un homme aussi pieux que Judas ait usurpé une dignité à laquelle il n’avait aucun droit. Josèphe se contredit du reste lui-même, car il affirme qu’après la mort d’Alcime la dignité de grand-prêtre demeura vacante pendant sept ans. Ant. jud., XX, x. Cf. Wieseler, dans les Studien und Kritiken, 1877, p. 293-298 ; Grætz, dans le Monatsschrift fur Geschichie und Wissenschaft des Jùdenthums, 1883, p. 1-6.

VIII. Traité avec les Romains.

Pour l’indépendance de son pays, Judas pensa qu’il n’y avait rien de mieux à faire que de lui assurer l’amitié et l’alliance des Romains. Ceux-ci étaient intervenus à plusieurs reprises dans les affaires des rois de Syrie et il était évident que Démétrius n’oserait pas aller contre leur volonté*. La renommée de la grandeur romaine était parvenue en Judée, grossie, comme il arrive toujours, par l’imagination populaire. Aux exploits réels des Romains la rumeur publique en ajoutait d’autres ; on leur prêtait toutes les vertus et on les croyait maîtres du monde. Deux faits surtout avaient frappé Judas : leur force et la bienveillance qu’ils témoignaient à ceux qui se joignaient à eux. La description de la puissance et l’esquisse des institutions de Rome qui se trouve dans I Mach., viii, 1-16, est très curieuse surtout en ce qu’elle montre quelle était sur ce point l’idée que les Juifs avaient de la grande république. Cf. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, t. iv, p. 621-625. Judas envoya à Rome deux ambassadeurs, Eupolème et Jason. Ils devaient solliciter du Sénat une alliance offensive et défensive et sa protection contre les rois de Syrie. En d’autres termes, ils demandaient à être admis au nombre de ceux que le peuple romain appelait ses alliés, socii. La proposition plut au Sénat, le traité fut .conclu et gravé sur des tables d’airain, suivant l’usage de Rome. Il était rédigé dans les termes ordinaires. Chacun des deux peuples s’engageait à venir en aide à l’autre et à ne fournir à ses ennemis ni blé, ni armes, ni argent, ni vaisseaux ; les Juils s’engagaient en plus à ne pas fournir des troupes auxiliaires. Toute addition au traité devait être faite d’un commun accord. I Mach., VIII, 17-29 ; Josèphe, Ant. jud., XII, x, 6. Les termes dans lesquels est rapportée la convention sont exactement les mêmes que ceux dans lesquels est conçu un traité avec Astypalace et daté de l’an 105 avant J.-C. Co/pus Ànscript. græcarum, n° 2485. Cf. E. L. Hicks, Af Manual ofgreek hxstorical Inscriptions, in-8°, Oxford, 1882, p. 347-349 ; Mommsen et Mendelssohn, dans les Acta Societatis philolog. Lipsiensis, t. v, 1875, p. 91-100. IX. Mort de Judas Machabée.

L’intervention des Romains vint trop tard. Démétrius, dés qu’il avait appris la mort de Nicanor et la défaite de son armée, avait -chargé Bacchide et Alcime de les venger. Ils suivirent la route qui conduit à Galgala, campèrent à Masaloth

qui est en Arbelles et prirent cette ville, après avoir tué un grand nombre d’hommes. On n’est pas parvenu à identifier ces localités. Toujours est-il qu’au mois dû Nisan de l’an 152 des Séleucides, c’est-à-dire en marsavril 160 avant J.-C, ils approchèrent de Jérusalem. L’armée syrienne comprenait 22 000 fantassins et 2000 cavaliers. Quand elle parvint à Bérée, près de Jérusalem, Judas avait établi son camp à Laïsa avec 3000 hommes. Le nombre desennemis effraya les Juifs, la plupart s’enfuirent et il ne resta à Judas que 800 hommes. Il ne perdit pas courage, malgré les instances de ceux qui étaient restés avec lui et qui le suppliaient d’éviter le combat. L’armée syrienne sortit de son camp ; les cavaliers étaient divisés en deux corps, les frondeurs et les archers marchaient en tête ; Bacchide commandait l’aile droite. Le combat fut acharné. Judas attaqua le corps à la tête duquel était Bacchide, il l’écrasa et le poursuivit jusqu’à Azot. L’aile gauche syrienne fit alors un mouvement tournant et Judas fut pris entre les deux corps. Le combat fut très vif, un grand nombre de Juifs succombèrent et parmi eux Judas. Le reste s’enfuit. Jonathas et Simon emportèrent le cadavre de leur frère et l’ensevelirent dans le tombeau de leurs pères à Modin. Tout le peuple porta le deuil du grand homme et de toutes parts on entendait cette exclamation douloureuse : « Comment est-il tombé, le héros qui sauvait le peuple d’Israël ? » « Un grand nombre des actions d’éclat du glorieux Machabée n’ont pas été conservées ; elles étaient trop nombreuses pour qu’on pût garder mémoire de toutes. » Ces paroles qui terminent son histoire sont le plus bel éloge que l’écrivain sacré puisse faire de ce grand homme. I Mach., ix, 1-22 ; Josèphe, Ant. jud., XII, xi, 1-2. Sa vaillance et son génie apparaissent encore mieux quand on voit comment, après sa mort, le parti des renégats releva la tête. Les Juifs fidèles étaient sans chels ; les amis de Judas furent livrés à Bacchide qui fut maître absolu du pays. Il y eut dans Israël une tribulation telle qu’on n’en avait pas vu depuis le jour où il n’avait plus paru de prophète dans Israël. I Mach., IX, 23-27.

Bibliographie. — E. Schùrer, Geschiclite des Judischen Volkes ifa Zeitalter Jesu-Crisli, 2 S édit., t. i, in-8°, Leipzig, 1890, p. 157-173 ; Cl. Régnier Conder, Judas Maccabœus and the Jewish war of indépendance, in-16. Londres, 1894 ; H. Weiss, Judas Makkabaus, Ein Lebenbild aus den lelzten grossen Tagen des Isrælitischen Volkes, in-8°, Fnbourg-en-Brisgau, 1897 ; B. Niese, Krilik der beiden Makkabâerbùcher, in-8°, Berlin, 1900.

E. Beurlier.

4. JUDAS (grec : ’IouSaç), fils de Calphi, général juif qui tut un des chefs de l’armée de Jonathas Machabée. I Mach., xi, 70. Il échappa avec Mathathias, fils d’Absalom, à une embuscade qui avait été tendue aux troupes juives dans les environs du lac de Génésareth. Voir Génésar 1, col. 173.

5. JUDAS (grec : ’Io’jSa ;), fils de Simon Machabée, frère de Jean Hyrcan et de Mathathias, et neveu de Judas Machabée. I Mach., xvi 2, 14. Simon, devenu vieux, le chargea, avec Jean, de combattre contre Cendébée, qui commandait l’armée syrienne du littoral. Il confia aux deux frères une armée de 20 000 fantassins et un corps de cavalerie. Les deux jeunes gens passèrent la nuit à Modin près de Gédor ou Cédron. Cendébée tut mis en déroute, mais Judas fut blessé dans le combat. I Mach., xvi, 3-9 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, vii, 3. L’an 167 de l’ère des Séleucides, au mois de Sabalh, c’est-à-dire en janvier ou février 135 avant J.-C, Judas se rendit à Jéricho avec son père et Mathathias. Ptolémée, fils d’Abobus, gouverneur de la plaine de Jéricho, les reçut perfidement dans une petite forteresse appelée ûoch, où il avait caché des soldats. Il leur donna un grand festin et lorsque Simon et ses fils furent enivrés, il se leva, s’em-.