Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/927

Cette page n’a pas encore été corrigée
1797
1798
JUDAS MACHABEE


Annales compendiarii regum et rerum Syrise numis veteribus illustrati, Vienne, 1744, p. 24. Cf. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., in-12, Paris, 1902, t. iv, p. 661-666. Après la conclusion de ce traité les Juifs vécurent tranquilles et se livrèrent à l’agriculture, non sans être inquiétés cependant quelquefois par les chefs syriens laissés à la tête des garnisons du pays, après le retour deLysias auprès du roi. Ces chefs, c’est-à-dire Timothée, Apollonius, fils de Gennæus, Jérôme, Démophon et Nicanor le Cypriarque, continuèrent à tracasser le peuple d’Israël. II Mach., xii, 1-2.

2° Reprise des hostilités entre les Juifs et les Syriens, — En 163-162, c’est-à-dire l’année qui suivit la mort du roi, Judas tenta de s’emparer de la citadelle de Jérusalem, toujours occupée par une garnison syrienne. Il construisit, pour l’assaut, des balistes et d’autres machines de guerre. Cependant quelques-uns des assiégés auxquels se joignirent des impies d’Israël, c’est-à-dire des Juifs gagnés à l’idolâtrie hellénique, parvinrent à sortir et allèrent demander secours au roi de Syrie. Ils firent valoir au prince qu’ils s’étaient engagés à servir son père et à obéir à ses édits et qu’à cause de cela plusieurs des leurs avaient été mis à mort et leurs héritages confisqués. Ils annonçaient en même temps l’attaque de la citadelle et la mise en état de défense par Judas de la ville de Belhsur. Bientôt, ajoutaient les renégats, ils feront pire encore et il sera impossible de les assujettir. I Mach., vi, 17-27 ; Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 3. Profondément irrité, Antiochus convoqua ses amis et les chefs de son armée, il prit à sa solde des mercenaires des royaumes voisins et des îles. Son armée comptait plus de 10000 fantassins, plus d’une vingtaine d’éléphants, une nombreuse cavalerie et des chars armés defaux.I Mach., vi, 28-30 ; II Mach., xiii, 2. Les chiffres varient dans les deux passages, les différences sont évidemment dues à la négligence des copistes. Dans l’armée syrienne se trouvait Ménélas, l’ancien grand pontife, célèbre par tant de crimes et de sacrilèges. Cf. II Mach., iv, 17-50. Il avait excité Antiochus à entreprendre cette expédition dans l’espoir de reprendre le pouvoir en Judée. Ménélas, sans qu’on sache comment, avait gravement mécontenté Ljsias qui insinua au roi que le renégat était la cause de tout le mal. Antiochus le fit arrêter et précipiter dans un amas de cendres suivant la coutume de Bérée, ville où se trouvait alors le roi. II Mach., xiii, 3-8. Judas et ses compatriotes invoquèrent le Seigneur et jeûnèrent pendant trois jours, puis ils s’avancèrent au-devant des Syriens, dans la pensée de les arrêter avant leur entrée en Judée. Ceux-ci marchèrent vers l’Idumée en partant du littoral de la Méditerranée. Une première bataille fut livrée près de Modin, à mi-chemin entre Joppé et Jérusalem. Pendant la nuit les Juifs surprirent le camp syrien et tuèrent 4000 hommes et un grand nombre d’éléphants. II Mach., xiii, 14-17. Un second combat eut lieu à Bethzachara, entre Jérusalem et Bethsur, à environ 70 stades, 12 kilomètres au nord de Bethsur, près de Bethléhem. I Mach., vi, 32 ; Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 4. Antiochus comptait beaucoup sur ses éléphants, il avait groupé autour de chaque bête 1 000 fantassins, munis de cottes de mailles et de casques d’airain et 500 cavaliers d’élite. Un Indien conduisait l’éléphant qui portait sur son dos une tour où étaient placés 2 ou 3 hommes. Le reste de la cavalerie avait été placé en deux divisions sur les ailes, l’infanterie était formée en phalanges. I Mach., vi, 34-38. Cf. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 5e édit., t. iv, p. 629-637. Voir Éléphant, t. ii, col. 1658. L’éclat des boucliers d’or et d’airain frappés par le soleil levant, le bruit produit par la marche de cette armée qui s’avançait en ordre, partie sur les collines et partie dans la plaine, frappa de terreur la population du pays. Cepen dant Judas marcha à la rencontre des Syriens et mit 600 hommes hors de combat. C’est alors qu’Éléazar, frère de Judas, se sacrifia pour son peuple. Il courut au-devant d’un éléphant, se plaça sous lui, le tua et mourut écrasé par le poids de la bête. Ce dévouement n’empêcha pas les Juifs d’être obligés de se retirer devant les Syriens. I Mach., vi, 43-48 ; Josèphe, Ant. jud., XII, 3-5 ; Bell, jud., i, i, 5. Voir Éléazar 8, t. ii, col. 1651. Antiochus détacha une partie de son armée contre Jérusalem et avec le reste alla mettre le siège devant Bethsur. La ville résista vaillamment et Judas envoya des vivres aux assiégés. Un traître nommé Bhodocus livra aux Syriens le s secrets de la défense. Judas le fit mettre en prison. Cependant les habitants de Bethsur manquèrent bientôt de vivres, car on était dans l’année sabbatique pendant laquelle les champs restaient sans culture et les provisions étaient rares ; ils furent donc obligés de se rendre. I Mach., VI, 49-50 ; II Mach., xiii, 19-22 ; Josèphe, Ant. jud., XII, IX, 5 ; Bell, jud., i, I, 5. Antiochus rejoignit alors le corps qui campait devant Jérusalem. Il entreprit un siège en règle, à l’aide de machines de tous genres, lançant des pierres, des dards et du feu. Les Juifs avaient des machines semblables et firent une résistance énergique, mais comme les habitants de Bethsur, ils manquèrent de vivres à cause de l’année sabbatique et dd surcroît de population amenée par Judas et par Simon de diverses parties de la Palestine. La famine [ obligea un grand nombre d’entre eux à quitter la ville.

Traité de paix d’Antiochus V avec les Juifs.


Cependant la Providence vint au secours des Juifs. Philippe, revenu de Perse et de Médie, à la tête d’une armée, voulait prendre possession de la tutelle d’Antiochus V pour laquelle l’avait désigné le père du roi, et par le fait même, la direction des affaires du royaume. Lysias, à cette nouvelle, rassembla les chefs de l’armée, leur montra la difficulté de s’emparer de la cité sainte et l’utilité de faire la paix avec les Juifs pour combattre le nouvel ennemi. La paix fut en effet conclue à la condition qu’Antiochus laisserait au peuple d’Israël toute liberté de suivre ses lois. Le roi partit alors pour Antioche, après avoir offert un sacrifice et des dons au Temple et donné à Judas le titre de gouverneur de tout le pays qui s’étend de Ptolémaide jusqu’à Gérar. Avant de partir, il viola cependant une des clauses du traité et détruisit une partie des fortifications qui entouraient la colline du Temple. I Mach., 56-62 ; II Mach., xiii, 23-24. Sur la route, Lysias rassura les habitants de Ptolémaide, émus de la convention. Philippe qui s’était emparé d’Antioche fut battu et Antiochus reprit sa capitale. I Mach., vi, 63 ; II Mach., xiii, 26 ; Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 6-7. Le traité conclu entre Lysias, Antiochus V et les Juifs, fut respecté en tout ce qui touchait la loi religieuse. Aucun roi syrien ne renouvela la folle tentative d’Antiochus Épiphane et ne tenta d’imposer le culte païen aux Israélites. L’année 162 est donc la fin de la guerre religieuse, les conflits qui suivent sont surtout des luttes entre les deux partis juifs, le parti des amis des Grecs et le parti national. On en revient à la situation antérieure à la révolte des Machabées. Sans doute les premiers sont plus enclins à favoriser les institutions helléniques, les seconds plus attachés aux coutumes et à la foi nationale, mais les points essentiels demeurent hors de conteste ; les premiers sont les Sadducéens, les seconds, les Pharisiens. J. vVellhausen.XKe Phartsâer und die Sadducâerfin-S", Greifswald, 1874, p. 84.

VIL Guerre de Judas contre les généraux de Démétrius I er Soter. — Peu après leurs succès contre Philippe, Lysias et Antiochus Eupator eurent à combattre un autre adversaire plus redoutahle que le premier, c’était Démétrius I er Soter, fils de Séleucus IV Philopator, neveu d’Antiochus Éphiphane et cousin