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JUDAS MACHABÉE


reconnaissance pour découvrir l’armée de Timothée. Ceux qu’il en avait chargés lui rapportèrent que les troupes du général syrien étaient très nombreuses. Toutes les peuplades environnantes s’étaient jointes à lui et en particulier desvrabes. À la nouvelle de l’approche de Judas, Timothée harangua ses soldats. « Si Judas, leur dit-il, traverse le torrent et passe vers nous le premier, nous ne pourrons lui résister, car il aura l’avantage sur nous. S’il craint, au contraire, de passer le torrent et campe au delà du fleuve, passons et nous aurons l’avantage. » Judas plaça les scribes du peuple près du torrent et leur donna ordre de ne laisser aucun homme en arrière, puis il passa le premier et tout le peuple après lui. L’armée de Judas comptait 6 000 hommes, celle de Timothée 120000 fantassins et 2 500 cavaliers. Cependant dès que Timothée avait appris l’arrivée de Judas, il avait renvoyé les femmes, les enfants et le reste des bagages dans la ville de Carnaïm ou Camion, tant était grande la terreur qu’inspirait le chef juif. Dès que la première colonne des Israélites parut, les ennemis furent frappés de terreur ; ils se renversèrent les uns les autres et périrent sous les coups de leurs propres épées. Judas les poursuivit et en tua 30000. Timothée tomba entre les mains de Dosithée et de Sosipater et les supplia de lui laisser la vie, leur promettant en échange de leur rendre les Juifs qu’il retenait prisonniers. Un accord fut conclu sur ces bases et il fut laissé en liberté. II Mach., xii, 20-25. Judas retourna ensuite à Carnion où s’étaient enfuis les Syriens qui avaient échappé au combat. Il prit la ville, brûla le temple et tousceux qui étaient dedans ; 25 000 hommes périrent dans le massacre. I Mach., v, 43-44 ; II Mach., m, 26. Après cette victoire, il rassembla tous les Israélites qui étaient dans le pays de Galaad, pour les ramener en Judée. La route qu’ils étaient obligés de suivre passait par le milieu d’Éphron, ville habitée par des gens de nationalités diverses, défendue par de nombreux et vaillants guerriers et très approvisionnée d’armes et de machines de guerre. I Mach., v, 46 ; II Mach., xii, 27. Les habitants d’Éphron fermèrent leurs portes et les barricadèrent. Judas leur demanda le libre passage, promettant de les laisser en paix et de passer à pied. Ils refusèrent d’ouvrir leurs portes. Judas ordonna alors l’attaque de la ville. L’assaut dura un jour et une nuit ; les habitants mâles furent passés au fil de l’épée et la ville fut détruite jusqu’aux fondements. Les Juifs la traversèrent au milieu des cadavres. Les morts étaient au nombre de 25000. I Mach., v, 46-51 ; II Mach., xii, 27 ; Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 5. Les Juifs traversèrent le Jourdain en face de Bethsan ou Scythopolis, à 600 stades, environ 1Il kilom., au nord de Jérusalem. Les habitants de cette ville s’étaient toujours montrés sympathiques aux Juifs. Judas les remercia et se dirigea vers Jérusalem, où il arriva avec ses troupes, au temps de la fête de la Pentecôte. I Mach., v, 52-53 ; II Mach., xii, 30-31. Le retour de l’expédition fut célébrée par une grande fête et des sacrifices. I Mach., v, 54.

V. Défaite de Gorgias.

Après la Pentecôte, Judas entreprit une nouvelle expédition contre Gorgias, gouverneur de l’Idumée, Il s’empara de Chébron ou Hébron et des villes qui en dépendaient et les brûla. I Mach., v, 65 ; II Mach., xii, 32. Dans une bataille de cette campagne, les Juifs essuyèrent un léger échec, mais un cavalier de cette nation se saisit de Gorgias dont il voulait s’emparer vivant, un cavalier thrace de l’armée syrienne fendit d’un coup d’épée l’épaule du Juif et Gorgias put s’enfuir à Marésa. I Mach., XII, 34-36. Judas prit cette ville, car c’est le nom de Marésa ou Marissa qu’il faut lire dans I Mach., v, 66, au lieu de Samarie. Cf. Josèphe, Ant. jud., XII, viii, 6. Dans cette même campagne, se plaça l’épisode si connu du sacrifice offert pour les morts. Le septième jour de l’arrivée de Judas à Odollam, les Juifs se purifièrent et célébrèrent

le sabbat. Le lendemain, Judas vint avec les siens pour emporter les cadavres des morts et les ensevelir dans les tombeaux de leurs pères. Or ils trouvèrent sous les tuniques de ceux qui avaient été tués, des amulettes en l’honneur des divinités de Jamnia ; il parut évident à tous que ces actes d’idolâtrie avaient été la cause de leur mort. Ils se mirent alors en prière, afin que les fautes des victimes fussent oubliées, et Judas exhorta le peuple à se préserver de l’idolâtrie que Dieu avait ainsi punie. Il fit une collecte : elle rapporta 12000 drachmes qui furent envoyées à Jérusalem et un sacrifice expiatoire fut offert à l’aide de cette somme. II Mach., xii, 38-46. — Judas entreprit ensuite une guerre contre les Philistins, il prit Azot, renversa les autels, brûla les statues des dieux, pilla les villes et rentra en Judée.

I Mach., v, 68.

VI. Campagne de Judas contre Lysias.

1° Défaite de Lysias. — En l’an 149 de l’ère des Séleucides, 164163 avant J.-C., Antiochus IVÉpiphane mourut à Tabès, ville de Perse, située entre Ecbatane et Persépolis. La tristesse qu’il éprouva en apprenant que ses généraux avaient été battus par Judas s’ajouta à celle qu’il éprouvait de ses propres échecs en Perse, et une affreuse maladie le conduisit au tombeau. I Mach., vi, 1-16 ;

II Mach., ix, 1-29. Voir Antiochus 3, t. I, col. 693. Son fils Antiochus V Eupator, encore enfant, lui succéda et malgré la volonté de son père qui lui donnait Philippe pour tuteur, Lysias s’empara de la tutelle et de la direction du gouvernement. I Mach., vi, 14-17 ; II Mach., x, 10-11 ; Josèphe, Ant. jud., XII, ix, 1 ; Polybe, xxxi, 11. Lysias assembla aussitôt une armée de 80000 hommes, toute la cavalerie et 80 éléphants, pour marcher contre les Juifs, s’emparer de Jérusalem et en faire une ville grecque. Il comptait tirer de l’argent du Temple et vendre le sacerdoce juif, comme il faisait des sacerdoces païens. Il commença par mettre le siège devant Bethsur, place forte située à 160 stades, environ 27 kilom. au sud de Jérusalem. II Mach., xi, 5. Le texte dit 5 stades mais c’est évidemment une erreur de copiste. Voir Bethsur, t. i, col. 1746. Judas invoqua le Seigneur et s’avança au-devant des Syriens. L’armée juive avait demandé à Dieu de lui envoyer un ange. La prière de ces hommes vaillants fut exaucée et ils virent marcher devant eux un cavalier habillé de blanc, protégé par des armes d’or et brandissant une lance. Comme des lions ils s’élancèrent sur l’ennemi et lui tuèrent 11000 fantassins et 1600 cavaliers. Lysias s’enfuit honteusement avec le reste de ses soldats. II Mach., xi, 6-12. Hors d’état de continuer la guerre, le général syrien proposa à Judas un traité de paix, se faisant fort de faire accepter par le roi les conditions que demanderaient les Juifs. En effet le roi consentit à tout. Une lettre de Lysias l’apprit bientôt à Judas et l’invita à nommer des plénipotentiaires pour régler les détails de la convention. À la lettre de Lysias étaient jointes deux lettres d’Antiochus V Eupator, l’une adressée à Judas, l’autre au sénat des Juifs, c’est-à-dire au conseil des anciens et à tout le peuple. Dans la première le roi concédait aux Juifs le droit de vivre selon leurs lois et usages et leur garantissait la possession du Temple. Dans la seconde, il annonçait qu’il avait reçu leur ambassadeur Ménélas et qu’il donnerait des saufsconduits à tous les Juifs qui voudraient descendre de Jérusalem dans toutes les autres régions du pays. En même temps les Juifs recevaient des légats romains, Q.Memmius et T. Manlius ou Manilius, qui confirmaient les promesses de Lysias et demandaient aux Juifs d’envoyer quelqu’un auprès du roi afin que les envoyés de Rome pussent appuyer leurs demandes. Toutes ces lettres étaient datées du 15 xanthique de l’an 148 (163 avant J.-C), suivant la manière de compter du second livre des Machabées, II Mach., xi, 13-38 ; de l’an 149 suivant la manière de compter del’auteur du premier livre. E. Frohlich,