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JUDAS MACHABEE


un lion dans ses actes, etc. » Sous sa direction, la révolte prit les proportions d’une grande guerre. Il eut d’abord à lutter contre Apollonius, gouverneur de Samarie, au nom d’Antiochus, qui avait rassemblé une armée considérable. Il le défit, le tua, s’empara des dépouilles de l’armée syrienne et en particulier de, l’épée d’Apollonius dont il se servit désormais dans les combats.

I Mach., iii, 10-12 ; Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 1. Voir Apollonius 3, 1. 1, col. 777. Séron, gouverneur de Gœlésyrie, s’apprêta à venger son collègue, escomptant par avance la gloire qu’il aurait à vaincre Judas. Il s’avança avec des troupes nombreuses jusqu’à Béthoron. Voir Béthoron 1, t. i, col. 1699. Judas n’avait qu’un petit nombre d’hommes, découragés et fatigués par le jeûne.

II ranima le moral de ses soldats en leur promettant l’appui de Dieu de qui seul dépend la victoire. Séron fut écrasé, huit cents ennemis périrent et le reste s’enfuit dans le pays des Philistins. I Mach., iii, 13-24 ; Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 1. L’effet produit par cette double victoire fut immense et le roi lui-même commença à redouter Judas. I Mach., iii, 25-27. Dans sa colère, il eût voulu exterminer immédiatement les rebelles, mais l’état de ses finances ne lui permit pas de réaliser ses projets de vengeance. Il envahit la Perse pour rançonner le pays et y trouver l’argent dont il avait besoin. En même temps, il confia à Lysias, gouverneur du pays qui s’étend de l’Euphrate à la frontière d’Egypte, une seconde armée et des éléphants, avec ordre d’écraser les Juifs, de détruire Jérusalem et d’établir des colons étrangers au lieu et place de la nation exterminée. Ce fut en l’an 147 de l’ère des Séleucides, 166-165 avant J.-C, qu’Antiochus prit ces mesures. I Mach., iii, 27-37 ; Tacite, Hist., v, 8. Lysias envoya ses lieutenants Ptolémée, fils de Dorymine, Nicanor et Gorgias en Judée avec 40000 fantassins et 7000 cavaliers. Philippe, gouverneur syrien de Jérusalem, demanda à Ptolémée, gouverneur de Cœlésyrie et de fhénicie, de se hâter. Celui-ci fit partir en avant Nicanor avec 20000 hommes. Nicanor voulait surtout fournir au roi de Syrie, par la vente des captifs juifs, la somme dç, 2000 talents montant du tribut que ce prince devait aux. Romains. Il promit aux marchands d’esclaves de leur en livrer quatre-vingt-dix pour un talent. Les marchands accoururent à Emmaus où campait l’armée syrienne avec une grande quantité d’or et d’argent pour profiter de l’offre. I Mach., iii, 38-41 ; [II Mach., vin, 8-11 ; Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 3. Lorsque Judas apprit les ordres d’extermination donnés par Antiochus, il rassembla le peuple pour se préparer à combattre et pour implorer la miséricorde divine. Jérusalem était alors en la possession des Syriens, c’est pourquoi la réunion du peuple eut lieu à Maspha non loin de la ville sainte. Les Israélites jeûnèrent et supplièrent le Seigneur, puis Judas organisa l’armée en établissant une hiérarchie militaire. Ses trois frères et lui furent placés à la tête de quatre divisions ; au-dessous d’eux furent établis des chefs commandant, selon leur grade, à 1000, 100 et 10 hommes. I Mach., iii, 55 ; II Mach., vm, 22. Voir Armées, t. i, col. 671. Puis il renvoya chez eux tous ceux qui venaient de bâtir des maisons, de planter des vignes ou de se marier, pour ne garder, conformément à la loi, Deut., xx, 5-8, que ceux qui étaient complètement libres. Il partit avec eux pour camper au sud d’Emmaus. I Mach., iii, 42-60 ; Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 3. Tandis que le corps principal des Syriens restait au camp d’Emmaus, Gorgias sortit avec cinq mille fantassins et mille cavaliers d’élite pour surprendre les Israélites. Des habitants d’Emmaus lui servaient de guides. Judas, informé de cette sortie, alla de son côté attaquer le gros de l’armée royale à Emmaus, où elle n’était pas encore organisée dans le camp, mais dispersée aux alentours. Gorgias ne trouvant personne au camp Israélite crut que Judas et les siens avaient

pris la fuite. Le matin, Judas parut dans la plaine avec 3000 hommes en face du camp de Nicanor. L’armée juive n’avait ni boucliers ni épées, les Syriens portaient des cuirasses et étaient protégés par de la cavalerie, mais Judas rappela à ses compatriotes que Dieu avait délivré leurs ancêtres du Pharaon et leur promit qu’il serait encore cette fois le libérateur de son peuple. Ils marchèrent avec courage et furent vainqueurs. Les Juifs poursuivirent les fuyards jusqu’à Gézéron et jusqu’aux campagnes d’Idumée, d’Azot et de Jamnia. Trois mille Syriens périrent. I Mach., iv, 1-16 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, vii, 4. Sur l’ordre de Judas, les Juifs, ne s’occupèrent pas du butin pour être prêts à combattre Gorgias avant le sabbat. I Mach., IV, 17-18 ; II Mach., viii, 25-28. En effet Gorgias parut bientôt : il vit la déroute des siens, le camp en flammes et les Juifs prêts à livrer bataille. Il s’enfuit hors de Judée. I Mach., iv, 19-22. Les Juifs pillèrent alors le camp syrien et en retirèrent des richesses considérables en or, en argent, en hyacinthe et en pourpre. Ce fut une grande joie dans toute la Judée. I Mach., tv, 23-25. L’armée juive, continuant ses triomphes, tua dans les combats successifs qu’elle livra aux Syriens plus de 20000 hommes des troupes de Timothée et de Bacchide, s’empara de nombreuses forteresses, partagea un butin considérable entre les malades, les orphelins, les veuves et les vieillards, prit une grande quantité d’armes qu’elle déposa dans les arsenaux et porta le reste des dépouilles à Jérusalem. Philarque, conseiller de Timothée et qui avait fait beaucoup de mal aux Juifs, fut mis à mort ; Callisthènes, qui avait mis le feu aux portes sacrées, fut brûlé en punition de son crime. Nicanor humilié s’enfuit par la Méditerranée, sous un déguisement, et arriva seul à Antioche. II Mach., viii, 30-36. L’année 166-165 avait été une série de victoires pour Judas.

L’année suivante, 148 de l’ère des Séleucides, 165-164, à l’automne de l’an 165, Lysias vintlui-même en Judée, à la tête de 60000 fantassins d’élite et de5O00 cavaliers. Il campa à Béthoron et Judas vint à sa rencontre avec 10 000 hommes seulement. Il pria le Seigneur et n’hésita pas à attaquer Lysias ; 5000 hommes de l’armée syrienne tombèrent sous les coups des Israélites et Lysias s’entuit à Antioche pour y rassembler une armée plus nombreuse et venger sa défaite. I Mach., IV, 28-35 ; Josèphe, Ant. jud., XII, vii, 5. Après sa victoire sur Lysias, Judas se préoccupa de purifier le Temple. L’armée se transporta à la montagne de Sion et la profanation du sanctuaire lui apparut dans toute son horreur. Le Temple était désert, l’autel souillé, les portes brûlées, les cours envahies par la végétation, les chambres des prêtres détruites. Les Juifs déchirèrent leurs vêtements et se couvrirent la tête de cendres, puis ils sonnèrent les trompettes et poussèrent de grands cris. Après avoir détaché une partie de ses hommes pour se protéger contre les Syriens qui occupaient toujours la citadelle, Judas choisit, parmi les plus vénérables, des prêtres auxquels il confia le soin de purifier les lieux saints. Ceux-ci accomplirent leur mission, emportèrent les pierres profanes, c’est-à-dire celles qui avaient servi à la construction de l’autel païen, et les placèrent dans un , lieu impur. Il y eut un moment d’hésitation sur le parti à prendre à l’égard de l’autel des holocaustes ; on se décida à le détruire, on en mit les pierres sur la montagne du Temple, dans un lieu convenable, en attendant qu’un prophète indiquât ce qu’on devait en faire. Puis, conformément à la loi, ils en bâtirent un nouveau avec des pierres entières. Ils reconstruisirent également le sanctuaire et sanctifièrent les parois. D’après la tradition rabbinique, c’est à l’angle nord-ouest du sanctuaire, dans une chambre appartenant au grand-prêtre, que furent placées les pierres de l’ancien autel. Mischna, Middoth, I, 6. Cf. H. Derenbourg, E’ssai sur ^histoire et la géographie de, 1a Palestine, in-8°, Paris, 1867, 1. 1,