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JUDA (ROYAUME DE)


ce moment, l’autorité royale tombe de ses mains, la tribu n’en conserve pas moins une prééminence d’honneur ou de juridiction qui suffît à l’accomplissement de la prédiction patriarcale. Pendant la captivité de Babylone, les juges du peuple continuèrent à être choisis dans la tribu de Juda, comme on peut le croire d’après l’histoire de Susanne. Dan., xiii, 56. Daniel, qui exerça à Babylone une si glorieuse influence, était issu de sang royal et, par conséquent, appartenait à la tribu de Juda. Dan., i, 3, 6. Après la captivité, l’autorité et le gouvernement furent principalement dévolus à la même tribu. Zorobabel, fils de Salathiel, était un prince de Juda. Agg., i, 1 ; ii, 3. Les Machabées, il est vrai, étaient de la tribu de Lévi ; mais ne peut-on pas les considérer comme parlant et agissant au nom de la tribu de Juda, à laquelle les autres avaient été comme incorporées après la captivité? On peut donc dire que Juda conserve sa prééminence d’un bout à l’autre de l’histoirei jusque dans la liste des élus marqués du sceau de Dieu.

Apoc, vii, 5.

A. Legendre.
    1. JUDA (ROYAUME DE)##


7. JUDA (ROYAUME DE). En tant que distinct du royaume d’Israël, il fut constitué au début du règne de Roboam par la scission politique et religieuse des tribus. Voir col. 999-1000, 1301-1302. II est appelé « Juda », III Reg., xii, 23 ; xiii, 4, 12, 14, 21 ; xvi, 21, etc. ; IIPar., xiii, 13-16, par opposition à Israël, xiv, 4-8, ou « maison de Juda », Is., xxii, 21 ; Jer., iii, 18 ; v, 11 ; xi, 10, 17, etc., souvent par opposition à la « maison d’Israël », parce que la tribu de Juda en formait le noyau principal. D’après le récit du IIIe livre des Rois, xi, 13, 32, 36, il semblerait même qu’il ne comprenait que cette seule tribu ; mais cette mention, III Reg., xii, 20, est complétée au t. 21, qui nous apprend que l’armée de Roboam comptait aussi des soldats de la tribu de Benjamin. II Par., xi, 1, 3. De fait une grande partie des villes de cette tribu appartinrent au royaume de Juda, dont la capitale, Jérusalem, était située sur les confins des deux tribus. Voir t. i, col. 1597-1598. L’union de Juda et de Benjamin sous le sceptre de Roboam est explicitement affirmée II Par., xi, 10, 12, 23 ; xv, 2, 8, 9 ; xxv, 5. Le territoire de Juda fut agrandi plus tard par la conquête de quelques districts du royaume d’Israël. Juda, en outre, conserva sur l’Idumée la suzeraineté que David avait établie. Voir col. 834-835. Comme les tribus de Juda et de Benjamin habitaient au sud de la Palestine, on appelle souvent le royaume de Juda royaume du Sud et le royaume d’Israël royaume du Nord. Jérusalem demeura toujours la capitale du royaume de Juda. Sauf à l'époque de l’usurpation d’Athalie, le trône de David fut constamment occupé par des descendants de la dynastie légitime. Cetfe succession régulière de vingt rois par voie de filiation écarta de Juda les révolutions si fréquentes dans le royaume d’Israël. De plus, Jérusalem, sa capitale, était, par le Temple, le centre religieux de tout Israël. La célébration du culte y attirait donc les plus fervents des Israélites. Quoique les rois aient laissé subsister les hauts-lieux, le peuple de Juda fut dans l’ensemble plus fidèle à son Dieu que la population d’Israël. Les princes pieux s’efforçaient d'établir le monothéisme et luttaient par leurs réformes religieuses contre l’invasion envahis, santé du polythéisme dans leur royaume, qui était « le royaume de Dieu ». HPar., xiii, 8. Les prophètes rappelaient les rois impies au devoir et faisaient observer par le peuple la loi mosaïque. — L’histoire du royaume de Juda peut se diviser en deux périodes ; 1° depuis le schisme jusqu'à la ruine d’Israël (975-721) ; 2° depuis la ruine d’Israël jusqu'à la captivité de Babylone (721587).

I. Depuis le schisme jusqu'à la ruine d’Israël. — L’histoire de cette période se partage elle-même en trois parties. — 1° Lutte entre Juda et Israël. — Les deux royaumes séparés restèrent en guerre l’un contre l’autre

jusqu'à l’avènement d’Achab. Roboam, dont l’imprudence et la dureté avaient provoqué la scission, prit des mesures pour se maintenir à Jérusalem et reconstituer, s’il était possible, l’unité rompue par sa faute. Il recruta une armée pour marcher contre Israël, mais le prophète Séméia lui délendit, au nom du Seigneur, d’entreprendre une guerre fratricide. III Reg., xii, 21-24.

II releva les murailles des villes de Juda et de Benjamin qui lui pétaient demeurées fidèles, II Par., xi, 5-12, et il fortifia les places qui le défendaient contre Israël. Son idolâtrie attira, la cinquième année de son règne, l’invasion de Sésac, roi d’Egypte. Jérusalem fut prise et son roi dut payer au vainqueur une forte rançon.

III Reg., xiv, 21-28 ; II Par., xi, 48-xii, 12. Voir Sésac. Juda ne succomba pas à ce désastre et il se maintint en face d’Israël. La guerre fut continue entre Roboam et Jéroboam. III Reg., xiv, 30 ; II Par., xii, 15. Il en fut de même entre Abia, fils de Roboam, et Jéroboam, III Reg., xv, 7 ; II Par., xiii, 2, entre Asa et Baasa. III Reg., xv, 16, 32. C'était une guerre d’escarmouches et de pillages, avec quelques rencontres en règle, des deux côtés de la frontière et notamment autour de la ville de Rama. G. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. ii, 1897, p. 776. Abia remporta contre Jéroboam une grande victoire.

II Par., xiii, 3-20. Voir t. i, col. 42-43. Le pieux roi Asa éleva des forteresses et augmenta son armée ; il fut vainqueur de Zara, roi d’Ethiopie, II Par., xiv, 6-15. Il employa aux réformes religieuses la paix que lui laissa le royaume d’Israël. III Reg., xv, 9-15 ; II Par., xv. Cependant Baasa entreprit d’entourer Rama de murailles. Asa fit alliance avec Bénadad I' r, roi de Sjrie, qui attaqua Israël. Baasa interrompit les travaux de fortifications de Rama et les habitants de Juda employèrent les matériaux abandonnés à fortifier Gabaa et Maspha.

III Reg., xv, 16-22 ; II Par., xvi, 1-6. Voir t. i, col. 1053, 1344, 1573.

Alliance de Juda et d’Israël.

Sous le règne du

pieux roi Josaphat, un grand changement d’esprit et de politique s’accomplit à Jérusalem. Trois ans après la seconde campagne de Bénadad II contre Israël, Josaphat, qui levait tribut sur les Philistins et les Arabes, II Par., xvii, 10, 11, alla trouver Achab et fit alliance avec lui. Il l’accompagna au siège de Ramoth de Galaad occupée par les Syriens. Achab y fut tué et Josaphat revint à Jérusalem. III Reg., xxii, 1-38 ; II Par., xviii. Le prophète Jéhu reprocha au roi de Juda son alliance avec le roi d’Israél. II Par., xix, 1-3. Josaphat avait lait épouser à son fils Joram Athalie, fille d’Achab. IV Reg., viii, 18 ; II Par., xxi, 6. Voir t. i, col. 123-124. Après sa victoire sur les Moabites, II Par., xx, 1-30, il resta en paix avec Israël. III Reg., xxii, 45. Cependant il refusa d’unir sa flotte avec celle d’Ochozias. III Reg., xxii, 50 ; II Par., xx, 35-37, après un premier insuccès permis par le Seigneur. Joram, roi d’Israël, successeur d’Ochozias, demanda à Josaphat d’unir leurs eflorts contre le roi de Moab. Les deux alliés attaquèrent l’ennemi par l’Idumée et infligèrent aux Moabites une défaite complète. IV Reg., iii, 7-27. Voir Josaphat 3, col. 1649. Joram remplaça Josaphat, son père, sur le trône de Juda ; il imita la conduite idolâtrique des rois d’Israël, ses ancêtres ; par punition de ses crimes, le Seigneur permit que les Iduméens se rendissent indépendants de Juda et que les Philistins et les Arabes ravageassent son royaume. IV Reg., viii, 16-24 ; II Par., xxi. Voir Joram 2, col. 1641. Son fils Ochozias suivit, lui aussi, les exemples d’Achab et il fit, avec son oncle Joram d’Israël, la guerre contre Hazæl, roi de Syrie, pour reprendre Ramoth-Galaad. Il alla à Jezrahel voir le roi d’Israël blessé, et il fut tué par les soldats de Jéhu, révolté contre Joram.

IV Reg., viii, 25-29 ; ix, 16, 27-29 ; II Par., xxii, 1-9. Voir Ochozias.

Nouvelles luttes entre Juda et Israël.

Athalie,