Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome III.djvu/904

Cette page n’a pas encore été corrigée

ri 753

    1. JUBILAIRE##

JUBILAIRE (ANNÉE) — JUCADAM

1754

nexes des champs et soumises aux mêmes conditions qu’eux. Si le vendeur ne les avait pas rachetées avant le jubilé, il rentrait de plein droit en leur possession à cette époque. La raison de cette différence entre les maisons des villes à enceinte et les autres se conçoit. Pour rester fixées au sol attribué à leur ancêtres, les familles avaient besoin de recouvrer périodiquement leurs champs et leurs maisons. Dans les villes importantes, au contraire, le lotissement par famille n’existait pas et la perpétuité des achats favorisait l’établissement d’habitants capables d’assurer le bon état des constructions et de contribuer ainsi à la prospérité de la cité. Les anciens auteurs juifs ont prétendu qu’on ne considérait comme villes entourées de murs que celles qui étaient telles au temps de Josué. Il y en avait alors si peu que la loi n’aurait eu guère de raisons d’être. Rien ne prouve qu’il en ait été ainsi. La loi prévoyait une exception en faveur des lévites. Leurs champs ne pouvaient jamais être vendus, leurs maisons pouvaient toujours être rachetées par eux et, si elles ne l’étaient pas, elles devaient leur être remises à l’époque du jubilé. Il fallait éviter en effet que les lévites fussent évincés des propriétés et des maisons qui leur étaient spécialement attribuées. Lev., xxv, 29-34. — 5° Quand Josèphe, Ant. jud., III, xii, 3, dit que l’année du jubilé les débiteurs étaient délivrés de leurs dettes, il faut restreindre cette affirmation générale à ce sens que ceux qui avaient aliéné leur champ ou leur maison pour obtenir une somme d’argent rentraient en possession de ce champ ou de cette maison, sans avoir rien à rendre. Il est trop clair que si les débiteurs ordinaires avaient été libérés par le jubilé, ils n’auraient jamais trouvé de prêteurs. Voir Dette, t. ii, col. 1394. — 6° Sur les observations d’une famille de Manassé, Moïse régla que les filles héritières ne pourraient se marier hors de leur tribu, afin que leur héritage, même racheté par des parents, ne passât pas à une tribu étrangère en vertu du jubilé. Num., xxxvi, 3-6.

III. La pratique.

Les textes, Lev., xxvii, 16, et Num., xxxvi, 4, montrent que dès l’origine on se préoccupa du jubilé et des conséquences qu’il entraînait. D’autres passages font allusion à la partie de la loi du jubilé qui concerne le rachat des propriétés de famille. Ruth, iv, 1-8 ; Jer., xxxii, 7 ; xxxiv, 8 ; Ezech., vii, 12 ; xlvi, 16. Ézéchiel, xlvi, 17, appelle l’année jubilaire Sénat had-derôr, « année de la liberté. » Isaie, lxi, 1, 2, parle de l’année de grâce et de la liberté rendue aux captifs comme de symboles de la rédemption messianique. Luc, iv, 19. Néanmoins la loi n’était pas toujours respectée. Achab ne se fit pas scrupule de prendre la vigne de Naboth, qui faisait partie d’un domaine familial inaliénable. III Reg., xxi, 2-16. Isaie, v, 8, et Michée, ii, 2, 4, parlent de ceux qui ajoutaient maison à maison, champ à champ, et occupaient tout un pays, au mépris par conséquent de la loi jubilaire. Ces excès appelaien ! la vengeance de Dieu, même quand ils étaient commis contre Israël par des peuples étrangers. Isaïe, xxxiv, 8, semble bien songer à l’année jubilaire quand il prédit conlre les Iduméens l’année de représailles, Senaf sillûm, pour la cause de Sion. — Au retour de la captivité, la condition sociale des Juifs de Palestine se trouva si profondément modifiée que la loi de l’année jubilaire cessa d’être applicable. Les livres d’Esdras, qui parlent de l’année sabbatique, II Esd., x, , 31, ne font aucune mention de.l’année jubilaire. Parmi les inscriptions du Sinaï, on en a trouvé une datant de 189 après J.-C, qui mentionne 1’« année dans laquelle les pauvres du pays ont le droit de faire la cueillette (des dattes) », ce qui suppose chez les Nabuthéens une coutume analogue à celle de l’année sabbatique des Juifs. Cf. Clermont-Ganneau, Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 3 avril 1901, p. 206. Rien de semblable n’a été rencontré nulle part au sujet

de l’année jubilaire. Il y a donc lieu d’admettre, avec les auteurs juifs, que la loi a cessé d’être observée sur ce point à partir de la captivité. — Cf. Reland, Antiquitates sacrse vet. Hebrseor., Utrecht, 1741, p. 266-268 ; Carpzov, De anno jobelseo sec. discipl. Hebrseor., Leipzig, 1730 ; Bahr, Symbolik des mosaischen Cultus, Heidelberg, 1839, t. ii, p. 572-576, 603-612 ; P. Schmalzl,

Das Jubeljahr, Eichstatt, 1889.

H. Lesêtre.
    1. JUBILÉ##

JUBILÉ (hébreu : yôbêl ; Septante [Ambrosianus] : t(*6ïjX ; Vulgate : jubilæus), nom de l’instrument qui servait à annoncer l’année jubilaire. Le yôbêl avait retenti en deux circonstances mémorables : autour de Sinaï, pour indiquer au peuple le moment d’en approcher, Exod., xix, 13, et autour de Jéricho, pour en faire tomber les murs. Jos., vi, 5. En dehors de ces deux textes, le yôbêl n’est plus mentionné qu’au sujet de l’année jubilaire. Théodotion et la Vulgate se contentent de reproduire phonétiquement le mot hébreu. Les Septante traduisent par açeuic, « remise. » Aquila, le Syriaque et plusieurs autres versions ont une traduction analogue. Josèphe, Ant. jud., III, xii, 3, dit que le mot signifie èXeviŒpïa, « liberté. » Ces dernières traductions prêtent à yôbêl un sens en rapport avec l’effet produit par l’année jubilaire, h’hiphil du verbe ydbal, qui veut dire « conduire, présenter », se prête difficilement à justifier cette étymologie. Plusieurs autres explications ont été cherchées, mais elles ne sont pas plus satisfaisantes. Les Talmudistes avaient traduit yôbêl par « bélier », d’après le sens que le mot possède en arabe. Cf. Robertson, Thésaurus linguse sanctx, Londres, 1680, p. 282. C’est cette dernière traduction qui se trouve confirmée par une inscription phénicienne, Massil., lin. 7, Corp. Inscr. semit., 1881, part, i, t. i, p. 224, dans laquelle se lit le mot yôbêl avec le sens de i bélier ». Cf. A. Bloch, Phônizisches Glossar, 1891, p. 32. Dans Josué, vi, 5, qërén hay-yôbêl, veut dire « corne de bélier », ce que VAmbrosianus traduit par aiXmyi tov Î(i)6ï|>, et la Vulgate par vox tubse longior. Dans l’Exode, xix, 13, yôbêl est employé seul avec le sens de « trompette », crâXmYl, buccina. Nous sommes donc ici en face d’un mot archaïque et étranger, qui cessa d’être en usage après le livre de Josué. Par une suite de métonymies, le yôbêl, nom du bélier, est devenu successivement celui de la corne de l’animal, du son qu’on en tire et enfin de la solennité dontce son donne le signal. Cf. Corne, t. ii, col. 1011. De là le nom de l’année jubilaire, sénat hayyôbêl, « année du yôbêl, » Lev., xxv, 13, ou simplement le yôbêl, « jubilé. » Lev., xxv, 10. En français, le mot olifant a désigné successivement, par une métonymie analogue, l’éléphant ou oliphant, l’ivoire, la corne faite avec l’ivoire et même toute espèce de cornes. Au yôbêl s’attachait une idée joyeuse, à cause des transformations sociales qu’entraînait l’année jubilaire. Il est donc à croire qu’en se servant, pour le traduire, du mot jubilæus, saint Jérôme a voulu se rapprocher du mot jubilum, qui désigne les cris de joie que poussent les gens de la campagne. Silius Italicus, xiv, 475 ; Calpurnius, Eclog., i, 80. — Le yôbêl ne constituait pourtant pas un instrument spécial ; ce n’était vraisemblablement qu’une corne ou trompette ordinaire, comme le montre l’emploi qui en fut fait au Sinaï et à Jéricho. D’ailleurs le Lévitique, xxv, 9, dit que pour annoncer l’année jubilaire on faisait retentir le ëôfaron trompette, hesôfar devenait donc yôbêl soit par une sonnerie particulière, soit simplement en raison de la circonstance.

H. Lesêtre.
    1. JUBILÉS (LIVRE DES)##


JUBILÉS (LIVRE DES). Voir Genèse (Petite), col. 180.

    1. JUCADAM##

JUCADAM (hébreu : Yoqde’âm ; Septante : ’Apmâu.’; Alexandrinus : ’UvSa&y.), ville des montagnes de Juda. Jos., xv, 56. Elle fait partie du groupe de Maon, da