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JOURDAIN


fuirent du côté des gués du Jourdain, probablement du côté deDamiéh (col. 1724), pour rentrer dans leur territoire. Mais arrivés aux gués qui étaient occupés par les €alaadites, leur mauvaise prononciation de la lettre schin les trahissait ; ils prononçaient sibboleth au lieu de schibboleth et étaient impitoyablement massacrés sur place. Jud., xii, 4-6. Voir Éphràïm 2, t. ii, col. 1877.

10° Au commencement du règne de Saul, des Israélites avaient passé le Jourdain pour se réfugier dans le pays deGad et échapper aux exactions des Philistins. I Reg., zxiii, 7. Voir aussi, xxxi, 7.

11° C’est probablement pendant les dernières années de Saûl, que les Gadites qui s’unirent à David pendant qu’il était persécuté par le roi d’Israël, avaient accompli un exploit difficile en traversant le Jourdain au moment même de la crue et en.razziant les habitants des deux côtés du fleuve. I Par., XII, 15.

12° Pendant les premières années du règne de David, lorsqu’il était à Hébron, le général de l’armée d’Isboseth, Abner, après son échec de Gabaon, t. i, col. 20, passa le Jourdain pour aller se réfugier à Mahanaim (voir ce mot). II Reg., ii, 29. Voir Béthoron 2, t. i, col. 1705. 13° David lui-même le passa une première fois pour allerbattre les Syriens à Hélam. II Reg., x, 17 ; I Par., xix, 17. — Il le passa une seconde fois dans une circonstance douloureuse, probablement par un des gués de la plaine de Jéricho, avec tous ceux qui lui étaient restés fidèles, lors de la révolte de son fils Absalom. II Reg., XVH, 22. Absalom le passa aussi peu après, >. 24. Quand celui-ci eut été tué et son parti dissous par suite de sa mort, David repassa le Jourdain vis-à-vis de Galgala, où les hommes de Juda étaient venus à sa rencontre. II Reg., xix, 15. Plusieurs Benjamites traversèrent même le fleuve pour aller sur la rive gauche se /aire pardonner l’infidélité qu’ils avaient à se reprocher envers le roi. II Reg., xix, 17 ; III Reg., ii, 8. Afin de faciliter le passage de la maison de David, on se servit d’un radeau ou d’un bac (hâ-âbârâh Septante : Sidêamç) sur lequel on la transporta. C’est l’unique exemple mentionné dans l’Écriture, II Sam. (Reg.), xix, 17 (hébreu), d’un passage du Jourdain opéré de cette manière, (La Vulgate a traduit ce passage d’une façon vague et sans précision.) Josèphe, Ant. jiirf., VII, xi, 2, a rendu hâ-’âbarâh par yitfvpo !, « pont, » ce qui n’est pas admissible, car, en supposant même, par une hypothèse invraisemblable, qu’on eût conçu l’idée de construire un pont, on n’aurait pas eu le temps de l’exécuter avant l’arrivée de David sur le bord du fleuve. Ce qu’on peut accepter dans le Técit de Josèphe, c’est que les gens de Juda et de Benjamin préparèrent, non le pont, mais le radeau ou le bac pour laire leur cour au roi. Cette explication convient parfaitement au texte sacré.

14° Avant la fin du règne de David, Joab et ceux qui l’accompagnaient passèrent le Jourdain pour aller faire le dénombrement, prescrit par le rôi, des tribus transjordaniques. II Reg., xxiv, 5.

15° Ce lut dans le Ghôr, près des rives du Jourdain, entre Sochoth et Sarthan (voir ces noms), que l’architecte du Temple, Hiram, fit fondre les deux colonnes Booz et Jachin, et les vases d’airain destinés au service du sanctuaire. Cet endroit fut choisi, parce que la terre argileuse de la vallée convenait parfaitement pour la fabrication des moules destinés à recevoir le métal fondu. III Reg., vil, 41-46 ; II Par., iv, 11-17. Voir col. 46. 16° Le Jourdain, depuis Salomon, n’est plus mentionné dans l’histoire sainte qu’à l’époque du prophète Élie. Au commencement de la grande famine qui désola Israël pendant tro’s ans, Dieu l’avait envoyé se cacher dans le torrent de Carith, « qui est en face du Jourdain. » III Reg., XVII, 3, 5. Il devait aussi être enlevé de la terre dans le voisinage de ce fleuve, après l’avoir passé miraculeusement avec son disciple Elisée. IV Reg., II, 6, 8. Cet .événement eut lieu vis-à-vis de Jéricho. IV Reg., ii, 4-5.

17° Le Jourdain fut également le théâtre de plusieurs miracles d’Elisée. Après l’enlèvement d’Élie, il repassa le fleuve en frappant, à son exemple, les eaux avec le manteau que son maître avait laissé tomber. IV Reg., n, 13-14. — Plus tard, il guérit de la lèpre Naaman, chef de l’armée du roi de Syrie, en le faisant baigner sept fois dans les eaux du Jourdain. IV Reg., v, 10, 14. Le Syrien avait dû se rendre à Samarie par un des gués de Bethsan ou par celui qui est voisin du Djisr el-Mudjemiéh, et c’est là peut-être qu’il alla aussi se baigner (voir Naaman). — L’Écriture mentionne un autre miracle opéré par Elisée dans le Jourdain, mais sans donner aucune indication de la partie du fleuve où il s’accomplit. Un des fils des prophètes, pendant qu’il coupait du bois pour construire des cabanes dans la vallée, laissa tomber dans l’eau une hache qu’il avait empruntée. Le prophète la fil surnager, de sorte que celui qui l’avait perdue la recouvra de cette manière. IV Reg., vi, 1-7.

18° Ce prodige fut suivi de la défaite des Syriens du Bénadad qui, ayant été saisis d’une terreur panique comme l’avait prédit Elisée, s’enfuirent précipitamment vers les gués du Jourdain pour rentrer dans leur pays. IV Reg., vii, 15. C’est dans le voisinage de l’embouchure du Yarmouk qu’ils durent chercher à traverser le fleuve. 19° Le successeur de Bénadad, Hazæl, se rendit maître de toute la partie du royaume d’Israël située à l’est du Jourdain. IV Reg., x, 33.

20° L’Ancien Testament parle pour la dernière fois du passage du Jourdain à l’époque des Machabées. Judas et son frère Jonathas franchirent le fleuve pour aller dans le pays de Galaad et pour en revenir. I Mach., v, 24, 52. Au retour, le texte dit expressément qu’ils passèrent par un des gués de Bethsan. Après la mort de Judas, son frère Jonathas, lui ayant succédé, envoya un autre de ses frères, Jean, au delà du Jourdain chez les Nabuthéens afin de leur confier ce qu’il avait de précieux, mais Jean tomba sous les coups d’une bande de pillards à Madaba. Voir Jean Gaddis, col. 1153. Jonathas vengea sa mort en allant surprendre les fils de Zambri (col. 1115) au moment où ils célébraient un mariage ; il se retira ensuite sur les bords du Jourdain. I Mach., ix, 35-42. Le général syrien Bacchide (t. i, col. 1373), qui était alors avec son armée à l’est du fleuve, vint l’y attaquer un jour de sabbat. La position était critique. Jonathas dit à ses compagnons : « Levons-nous maintenant et combattons pour notre vie ; car il n’en est pas aujourd’hui comme les jours précédents. Voilà que la guerre est devant nous et derrière nous ; nous avons d’un côté l’eau du Jourdain, de l’autre des marais et des bois, et il n’y a pas d’issue par où nous puissions nous échapper. Maintenant donc, criez au ciel, afin que nous soyons sauvés des mains de nos ennemis. Et la bataille s’engagea. Et Jonathas étendit la main pour frapper Bacchide, mais celui-ci l’évita et se retira en arrière. Alors Jonathas et ses compagnons se jetèrent dans le Jourdain et ils le passèrent à la nage et leurs ennemis ne passèrent pas le Jourdain après eux. En ce jour-là, Bacchide perdit environ mille hommes. » I Mach., ix, 44-49. Le fleuve, en empêchant les Syriens de poursuivre les Juifs, préserva ces derniers d’être accablés par le nombre. C’est par le récit de cet exploit d’une poignée de braves que se clôt l’histoire du Jourdain dans l’Ancien Testament.

II. HISTOIRE DU JOURDAIN DANS LE NOUVEAU TESTA-MENT. — 1° Le Jourdain doit sa plus grande célébrité au baptême que Notre-Seigneur daigna y recevoir de la main de son Précurseur. Saint Jean-Baptiste (col. 1156) prêchait la pénitence en conférant le baptême « et Jérusalem et toute la Judée et toute la région (icâra t 71ep£ ; c>poç) autour du Jourdain allaient à lui » pour se faire baptiser. Matth., iii, 5-6 ; Marc, i, 5 ; Joa., i, 28. Jésus lui-même s’y rendit ; le Précurseur lui conféra le