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JOURDAIN


que temps après, la catastrophe qui engloutissait Sodome et Gomorrhe faisait disparaître cette partie si fertile et si riche de la Kikkar. Gen., xix, 24-25. VoirMoRTE (Mer).

2° Jacob traversa le Jourdain pour se rendre en Mésopotamie et il le rappelle dans une prière qu’il adresse à Dieu. Gen., xxxii, 10. Le gué par lequel il passa n’est pas indiqué ; nous savons seulement qu’il avait pris la route de Béthel. Gen., xxviii, 19. On peut supposer qu’il prit le gué voisin de l’embouchure du Jaboc, dans les environs de Damiéh (col. 1724), comme il le fit probablement à son retour. Cf. Gen., xxxii, 22.

3° Sur le point d’aller conquérir la Terra Promise à l’ouest du Jourdain, les tribus de Buben et de Gad demandèrent à Moïse de les autoriser à ne.pas franchir le fleuve avec leurs familles, mais à s’établir sur sa rive gauche, et il y consentit, à la condition néanmoins qu’elles aideraient leurs frères à s’emparer du pays de Chanaan. Num., xxxii, 5-32.

4° Il fut accordé à Moïse de voir la Terre de promission, mais non de passer le Jourdain. Deut., iii, 25-27 ; iv, 21 ; xxxi, 2.

5° Le passage du fleuve était l’obstacle le plus grave à la conquête de la Palestine par les Hébreux (col. 1734), aussi en est-il souvent question dans le Deutéronome, iv, 26 ; ix, 1 ; xi, 31 ; xii, 10 ; xxvii, 2-4 ; xxx, 18 ; xxxi, 13 ; xxxii, 47, et il fallut un grand miracle pour que Josué pût franchir cette barrière naturelle. C’est l’événement le plus important de l’histoire du Jourdain pendant la période de l’Ancien Testament. À cause de la route que Moïse avait fait suivre à son peuple pour se rendre dans la terre de Chanaan, il n’y avait aucune autre voie pour y pénétrer que celle du fleuve. Les Israélites ne pouvaient ignorer combien le passage en serait difficile et ils en étaient nécessairement préoccupés ; ce qui explique pourquoi, dans ses discours du Deutéronome, Moïse leur donne si souvent l’assurance qu’ils « traverseront le Jourdain ». Ils campèrent longtemps auprès du fleuve, dans la plaine de Sétim, avant de rien entreprendre. Enfin, le moment venu, Dieu commanda à Josué de « passer le Jourdain ». Jos., i, 2, et il excita leur courage en assurant à Josué que « personne ne pourrait lui résister ». Jos., i, 3. Le successeur de Moise donna donc ses ordres aux chefs du peuple : « Dans trois jours, vous passerez le Jourdain. » Jos., i, 11. Aucune époque ne pouvait être plus défavorable, puisque c’était celle de la crue du fleuve (col. 1733). Jos., iii, 15. Si quelques hommes robustes pouvaient réussir alors à le traverser, comme les espions envoyés à Jéricho par Josué, ii, 23, le passage était tout à fait impossible pour une multitude encombrée de femmes, d’enfants et de troupeaux. Les habitants de Jéricho devaient le considérer naturellement comme impraticable, car autrement, après avoir envoyé, comme ils l’avaient fait, des émissaires au gué du Jourdain pour saisir les espions hébreux, Jos., ii, 7, ils auraient occupé fortement ce gué et forcé Israël à rester sur l’autre rive ; mais rassurés par l’état actuel du fleuve, ils ne prirent aucune précaution. Josué dit alors au peuple ces paroles remarquables, qui attestent que le miracle qui va s’accomplir est la marque de la mission que Dieu lui a confiée, la garantie de la protection efficace que le Seigneur accorde à son peuple et de la conquête de la terre qu’il leur a promise : « Josué dit aux enfants d’Israël : Approchez et écoutez les paroles de Jéhovah, votre Dieu. Et Josué dit : C’est à ceci que vous reconnaîtrez que le Dieu vivant est au. milieu de vous et qu’il chassera certainement devant vous les Chananéens, les Héthéens, les Hévéens, les Phérézéens, les Gergéséens, les Amorrhéens et les Jébuséens. » La solennité de ce langage montre que l’historien sacré est tout pénétré de la grandeur du miracle qu’il va raconter, et qu’il rapporte ces paroles, parce que l’importance du but à obtenir est la raison et l’explication du prodige. Josué continue ainsi son discours : « Voici l’arche de l’alliance. Le maître de toute la terre va passer devant vous dans le Jourdain. Et maintenant prenez douze hommes parmi les tribus d’Israël, un de chaque tribu. Et lorsque les prêtres qui portent l’arche de Jéhovah, le maître de toute la terre, poseront la plante des pieds dans les eaux du Jourdain, les eaux du Jourdain seront coupées et les eaux qui descendent d’en haut s’arrêteront en un monceau. » Jos., iii, 9-13. Et le miracle s’accomplit comme Josué l’avait annoncé. Un monument, érigé à Galgala (col. 84) et formé de douze pierres prises du milieu du lit du fleuve, conserva pour les générations futures le souvenir de cet événement mémorable. Jos., iv, 1-8, 20-24. Douze autres pierres furent également dressées au milieu du Jourdain et marquèrent l’endroit du passage. Jos., IV, 9. Aujourd’hui, on ne peut déterminer le point précis où il s’opéra. Tout ce que nous savons, c’est que le passage est bien vis-à-vis de Jéricho.

Le dessèchement du lit du Jourdain sous Josué ne nous est connu que par l’Écriture, mais l’histoire profane enregistre un fait extraordinaire analogue, quoique naturel, qui eut lieu sous le règne de Bibars. L’histoire de ce sultan rapporte qu’en 1257, pendant qu’on réparait. le pont appelé Djisr Damiéh (col. 1724), il se produisit dans une partie étroite de la vallée, à quelques kilomètres au-dessus de ce pont, un éboulement si considérable qu’il barra le cours du fleuve, de telle sorte que, pendant plusieurs heures, son lit fut à sec depuis ce point jusqu’à la mer Morte. Voir Smith, Diclionary of the Bible, 2e édit., 1893, t. i, part, ii, p. 1787-1790. La manière dont est raconté le miracle dans le livre de Josué exclut une explication de ce genre, mais on peut observer que, si Dieu s’était servi d’un moyen analogue pour ouvrir à son peuple l’accès de la Terre Promise, le passage n’en aurait pas moins été miraculeux, parce que la Providence se serait servie d’un mojen naturel pour exécuter ses desseins au moment précis qu’il avait annoncé à Josué et à Israël.

6° À partir de Josué, le Jourdain n’apparaît plus qu’épisodiquement dans l’histoire du peuple d’Israël. Du temps des Juges, Aod, après avoir tué Églon, roi de Moab, occupa les gués du fleuve au-dessus de la mer Morte et fit périr ainsi, avec l’aide des Israélites qui s’étaient rendus à son appelles Moabites qui voulurent quitter la rive droite du Jourdain pour se réfugier dans leur pays. Jud., tu, 28-29.

7° Débora, dans son cantique, nous apprend que les tribus transjordaniques, pendant l’oppression des tribus du nord par les Chananéens, restèrent tranquilles au de la du fleuve qui leur servait d’abri, sans porter secours à leurs frères. Jud., v, 17.

8° Du temps de Gédéon, les Madianites, les Amalécites et d’autres Bédouins traversèrent le Jourdain aux gués de Bethsan (col. 1735) pour aller ravager la Palestine et campèrent dans la vallée de Jezræl. Jud., vi, 33. C’était la route quils suivaient depuis sept ans pour porter de là leurs ravages jusqu’à Gaza. Jud., vi, 1, 4. Gédéon les battit dans leur camp (col. 148), et, pour compléter leur défaite, il fit occuper les gués du Jourdain, afin d’empêcher les vaincus de lui échapper. Jud., vu, 24. Voir Bethbéra, t. i, col. 1667. Ces gués devaient être ceux de Bethsan et du voisinage. Gédéon traversa lui-même le fleuve à la poursuite des ennemis, Jud., vin, 4, et il ne revint qu’après les avoir atteints et mis à mort leurs chefs Zébée et Salmana.

9° Quelque temps après, à l’époque de Jephté, les Ammonites, pendant qu’ils tenaient sous le joug le pays de Galaad, passèrent le Jourdain pour piller les habitants de Juda, de Benjamin et de la tribu d’Éphraim, Jud., x, 8-9, Jephté ayant battu les enfants d’Ammon, les Éphraïmites se plaignirent de n’avoir pas été appelés à prendre part à la guerre. La querelle s’envenima, et on en vint aux mains ; les Éphraïmites furent vaincus et s’en »