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JOURDAIN


et par les pluies diluviennes qui onl versé une immense quantité d’eau dans tous les ouadis qui aboutissent au Ghôr, devient trouble, élève son niveau de plusieurs mètres, ronge l’argile de ses bords, déracine les plus gros arbres et transporte à la mer une masse énorme de débris. En été, au contraire, à partir du mois de juin, lorsque les neiges ont disparu et que les pluies ont entièrement cessé, les eaux sont presque limpides, jamais entièrement claires cependant, car elles emportent toujours les limons déposés sur ses rives. Mais, à cette époque, elles sont d’un vert foncé, très agréables à boire, et proviennent surtout des sources qui se déversent au nord du lac de Tibériade, des torrents Zaaréh, Yarmouk Jabbok, qu’il reçoit de l’est, et des rivières Derdârah, Djaloud. Faria et Kelt, qui lui arrivent de l’ouest dans

Densité : iOOO.

Résidu salin laissé par un litre 0, 873

Eau 999, 127

Composition.

Chlore 0, 425

Acide sulfurique 0, 034

Acide carbonique traces

Soude 0, 229

Chaux 0, 060

Magnésie 0, 065

Potasse traces

Silice, aluminium, fer traces

Matière organique traces

Total 0, 873

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302. — Passage à gué du Jourdain.

la partie inférieure de son cours. » L. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, p. 417-418.

L’eau du Jourdain est célèbre à cause de son excellent goût. Un voyageur italien dit qu’elle est dolce si corne il zuccaro. Tous les voyageurs s’accordent avec raison à reconnaître qu’elle est agréable à boire. Quoiqu’on la puise souvent trouble, elle se clarifie rapidement à l’air. Beaucoup de pèlerins et de voyageurs ont prétendu qu’elle ne se corrompait point, quelque long temps qu’on la conservât, mais la vérité, c’est qu’il faut la faire bouillir avec soin, pour détruire les germes de corruption qu’elle renferme, si l’on veut la garder. Du reste, quoiqu’elle soit très potable, l’eau du Jourdain diffère par sa nature chimique, et spécialement par sa salure, de celle des autres fleuves, dans la dernière partie de son cours. En voici la composition, d’après l’analyse qu’a fait faire M. Lartet sur des échantillons puisés le 21 avril 1864 à douze kilomètres en amont de l’embouchure, au gué d’el-Ghôranyéh : « Cette analyse, dit M. Lartet, montre bien qu’à l’exception du brome, dont on n’a pu y constater la présence, les eaux de ce fleuve, dont le volume doit égaler celui de la masse déversée par tous les affluents’réunis, contiennent les mêmes éléments salins que la mer Morte. On ne doit point s’étonner de ce fait et en tirer une conclusion trop hâtive et trop absolue à l’égard de l’origine de la salure de la mer Morte… Le Jourdain coule longtemps au milieu des sédiments que nous avons considérés comme ayant dû être déposés autrefois par la mer Morte, alors qu’elle s’élevait à un niveau de beaucoup supérieur, et qui sont restés imprégnés de matières salines en rapport avec la composition actuelle des eaux du lac. Il n’est donc pas étonnant, malgré la sécheresse du pays et l’interposition de limon déposé par le Jourdain sur ses propres bords, que ce fleuve, drainant pendant les trois quarts de son cours ces dépôts encore imprégnés de leur salure originelle, leur emprunte une forte proportion des sels qu’il restitue