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JOURDAIN


impétuosité, à travers la gorge profonde et étroite de l’ouadi et-Teim, pour se diriger vers la plaine fertile qu’il arrose au pied des montagnes de la Galilée septentrionale. Il reçoit dans sa course le tribut des sources nombreuses qui jaillissent de l’Anti-Liban et de l’Hermon. A neuf kilomètres environ au-dessous d’Hasbeya, le Tuisseau de’Aïn Seraiyib, qui sort de l’Hermon, lui fournit, à l’est, l’appoint considérable de ses eaux. Voir Ed. Robinson, Later BiblicalResearches, p. 415. Un peu plus bas, à peu près vis-à-vis de Khiyam, les rangées de collines de l’ouadi et-Teim disparaissent et la vallée s’élargit de manière à former une plaine large et assez unie. Le Nahr Hasbani, en sortant de la gorge pour pénétrer dans la plaine volcanique qui se dirige vers le Bahr el~ Hûléh, ne suit pas la partie la plus basse de cette plaine, mais continue son cours dans un lit qu’il s’est creusé dans le basalte à travers le plateau occidental qui est plus élevé. À un kilomètre et demi environ au-dessous d’el-Ghadjar, il y a un pont à trois arches sur la rivière. Le Nahr Hasbani reçoit encore plusieurs affluents avant de disparaître dans les marécages du Bahr el-Hûléh, entre autres le Nahr Bareighit, qui est formé par les sources de l Am Derdârah et de’Ain Hôs, près de Kuleiyéh, dans le Merdj’Ayùn. Son embouchure est sur la rive droite. Il est presque à sec en automne. — Sur le Nahr Hasbani, voir Newbold, dans le Journal of the Asiatic Society, t. xvi, 1856, p. 13-15 ; Ed. Robinson, Physical Geography of the Holy Land, in-12, Londres, 1865, p. 133 ; G. H. Whitney, Hand-Book of Bible Geography, 2e édit., in-12, Londres, 1872, p. 199200 ; L. Lortet, La Syrie d’aujourd’hui, in-4°, Paris, 1884, p, 560 ; Survey of Western Palestine, Memoirs, t. i, p. 97.

2° Seconde source du Jourdain, le Leddan. — C’est la source que Josèphe appelle « le petit Jourdain ». Bell, jud., IV, 1, 1 (tbv nwpbv xa>oû|AEVov’IopSâvrjv, into cov Tîiç XpuariS ^ oa i vec&v). Elle prend naissance à 145 mètres d’altitude à Tell el-Qadi, l’ancienne ville de Dan. Le nom actuel de Tell el-Qadi n’est que la traduction du nom ancien, car Qadi et Dan signifient l’un et l’autre « juge », le premier en arabe, le second en hébreu ; Tell veut dire « monticule ». Tell el-Qadi est en effet une petite éminence, voir fig. 471, t. ii, col. 1243, qui émerge de la plaine entre deux plateaux et qui, au nord, la domine seulement de 10 à 12 mètres, tandis que, du côté du sud, elle s’élève de plus de 20 mètres. Elle est de forme oblongue et irrégulière, se dirigeant d’est en ouest ; de 320 mètres de long et de 250 de large ; elle forme la ligne de séparation entre le terrain de formation volcanique et le terrain calcaire. La plaine septentrionale est d’origine volcanique ; toute la plaine du Bahr el-Hûléh, au midi, est calcaire. Sur le Tell s’élevait autrefois la ville de Lais, connue plus tard sous le nom de Dan. Voir Dan 3, t. ii, col. 1240.

— Quand on arrive à Tell el-Qadi du côté de l’ouest, le premier objet qui frappe la vue est une grande source d’eau claire et limpide qui jaillit de l’extrémité occidentale de la petite colline entre des rochers basaltiques. Voir t. ii, fig. 470, col. 1241. C’est une des plus abondantes du monde entier. On l’a comparée à la célèbre fontaine de Vauctuse. L’eau s’écoule de là avec impétuosité, écumeuse et bouillonnante, dans un lit escarpé, et forme aussitôt un ruisseau deux fois plus considérable que le Nahr Hasbani. Cependant toutes les réserves d’eau ccrtenues dans le Tell ne s’échappent point par cette seule Issue. Sur le Tell même, plus haut que la grande source, en jaillit une seconde, voir t. ii, col. 1243, dans une cavité assez considérable et elle donne naissance à un autre ruisseau qui s’écoule par une fissure sur le bord de la colline et se précipite par le côté sud-ouest en faisant marcher des moulins. Les deux ruisseaux s’unissent aussitôt après et reçoivent le nom de Nahr el-Leddan. Le Leddan continue son

cours à l’ombre des arbustes épais qui croissent sur ses rives et au bout de huit kilomètres, il mêle ses eaux à celles du. Nahr Banias. À sa source, il est à 154 mètres au-dessus du niveau de la mer, il n’est plus qu’à 45 mètres à son confluent. Sa pente est donc en moyenne de quatorze mètres par kilomètre. Voir The Survey of Western Palestine, Memoirs, t. i, p. 85, 139-142.

Troisième source du Jourdain à Banias.

La

troisième et dernière source du Jourdain est celle de Banias, ainsi appelée parce qu’elle prend naissance à Banias, l’ancienne Panéas ou Césarée de Philippe, à 369 mètres d’altitude. Voir t. ii, col. 450. C’est la plus orientale, la plus pittoresque et la plus-célèbre des sources du Jourdain, à quarante minutes environ de Tell el-Qadi. Banias est situé dans une gorge tranquille, au pied des dernières pentes méridionales de l’Hermon, dans un nid de verdure où la fraîcheur des eaux fait prospérer, avec les joncs et les plantes vivaces, l’olivier, le peuplier, le noyer et le laurier-rose. Au nord-ouest du village, à une petite distance, se dresse à pic un grand rocher calcaire, de trente mètres de hauteur. A sa base s’ouvre une large caverne nommée Mogharet er-Râs en-Neba, aujourd’hui obstruée par les énormes blocs de pierre qu’un tremblement de terre a violemment détachés de, la partie supérieure. On voit encore les restes de niches et d’inscriptions qui consacraient la grotte au dieu Pan. Voir t. ii, fig. 153, col. 451. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, 1. 1, p. 109-113 ; Victor Guérin, Galilée, t. ii, p. 310. Au-dessous, non plus de la caverne même, comme autrefois, mais en avant, les eaux sourdent de divers côtés, au milieu des rochers et des arbres, abondantes, claires, fraîches et délicieuses, visitées souvent par les troupeaux de brebis qui viennent s’y abreuver et auxquelles ce qui reste encore de la grotte sert d’étable. Voir, t. ii, fig. 154, col. 454. La fontaine donne aussitôt naissance à un ruisseau, qui s’unit au Nahr Banias et en prend le nom (fig. 296). Il se précipite en écumant et en mugissant au milieu des débris de rochers et des ruines amoncelées d’antiques édifices et il se dérobe bientôt au regard derrière le rideau d’épaisse végétation dont il couvre ses rives. Le volume de ses eaux est moindre que celui du Nahr el-Leddan, mais il est supérieur à celui du Nahr Hasbani et c’est pour cette raison sans doute que Josèphe et.les anciens n’ont connu que deux sources du Jourdain, celle de Dan et celle de Césarée de Philippe. L’historien juif s’est d’ailleurs trompé sur la véritable source du Nahr Banias. Il raconte, Bell, jud., III, x, 7, que le Panium ou la grotte de Pan n’est que la source apparente du fleuve, mais que ses eaux viennent en réalité, par une voie souterraine, du lac Phiala, à cent vingt stades de Césarée ; d’après lui, c’est ce qu’aurait démontré une expérience faite par Philippe, tétrarque de Trachonitide : ce prince fit jeter, dit-il, dans le lac Phiala de la paille et elle vint sortir à Panium. Cette fable, longtemps accréditée, est aujourd’hui reconnue fausse. Voir Survey of Western Palestine, Memoirs, t. i, p. 85, 109-113.

4° Confluent des trois sources du Jourdain dans le Merdj el-Hûléh. — Le confluent des trois rivières qui forment le Jourdain a été déterminé en 1852 par Edouard Robinson. « Jusqu’en 1852, dit-il, Physical Geography of the Holy Land, p. 138-139, on ignorait si les trois principales sources du Jourdain entraient séparément dans le lac Hûléh ou bien mêlaient leurs eaux au-dessus du lac. Pour résoudre le problème, au mois de mai de cette année, nous partîmes de Tell el-Qadi dans la direction du lac Hûléh à l’est du Leddan. Après avoir descendu un certain nombre de terrasses, à travers des champs très fertiles et bien arrosés, sans aucune trace de marécage, nous arrivâmes en une heure du Tell au Nahr Banias. Il coulait là avec rapidité dans une vallée