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JOSUÉ (LIVRE DE)


du total donné, nx, 6 ; 6e nom est absent, d’ailleurs, de la version des Septante, mwai, xix, 34, doit être

fautif, si on en juge d’après les données topographiques et l’absence de ce mot dans les Septante. Le chiffre 29, dans xv, 32, résume une liste de 36 noms ; il est évidemment fautif. Le nombre des soldats de Josué est de 30000, "vin, 3, et seulement de 5000, viii, 12 ; le premier chiffre doit être corrigé d’après le second. Eaulen, Einleitung, p. 175-176. D’autre part, le teite grec des Septante diffère souvent du texte massorétique, et si parfois il peut servir à rétablir la leçon originelle, d’autres fois, il est lui-même visiblement altéré. Ainsi, il contient, xvi, 10, au sujet de Gazer, une glose, dont parle saint Augustin, Qusest. in Beptat., t. VI, t. xxxiv, col. 784-785. On connaît les additions faites, xxiv, 30, 33. Cf. Hollenberg, Die alexandrinische Uebersetzung des Bûches Josua, Meurs, 1876 ; H. B. Swete, An introduction to the Old Testament in greek, Cambridge, 1900, p. 236237, 244.

VI. Vérité des récits.

Si le livre de Josué a pour auteur son héros principal, Josué lui-même, témoin et acteur des faits, si, du moins, il a été composé à une époque assez rapprochée des événements, il raconte, non pas, comme le prétendent les critiques rationalistes, les légendes d’Israël sur Jdsué, mais bien l’histoire Téelle et véridique de la conquête et du partage de la Palestine. Les faits relatés par un écrivain contemporain sont dignes de foi et le récit mérite créance, parce que ce sont des faits publics, connus de tous, qu’on n’invente pas. Ils sont, d’ailleurs, exposés H’une manière simple et avec un accent de vérité qui entraîne la con--viction. Les critiques rationalistes déclarent impossibles les miracles du passage du Jourdain, de la prise de Jéricho et de la bataille de Béthoron. Ils prétendent relever des contradictions dans le récit lui-même ou des oppositions inconciliables avec le livre des Juges au sujet de la conquête. Ils affirment que le partage de la Terre Promise répond, non à la réalité, mais à une conception idéale de la prise de possession de cette terre par les tribus d’Israël. Realencyklopâdie fur protest. Théologie und Kirche, 3e édit., Leipzig, 1900, t. ix, p. 392-393. Ils supposent à tort que la conquête du pays de Chanaan a été complète, que Josué a pris toutes les villes et exterminé tous les habitants, et ils s’étonnent de retrouver plus tard certaines localités en la possession des tribus chananéennes, qui n’en avaient pas été dépossédées ou qui les avaient reprises. Vigouroux, Manuel biblique, 11e édit., Paris, 1901, t. ii, p. 9 ; Les Livres saints et la critique, 5e édit., Paris, t. iv, p. 453. L’abbé Paulin Martin, Introduction à la critique générale de l’A. T., De l’origine du Pentateuque (lithog.), Paris, 1888-1889, t. iii, p. 546-606, a longuement réfuté les objections de Reuss sur le partage de la Palestine entre ies tribus et sur les villes lévitiques.

Les écrivains sacrés qui sont postérieurs au livre de Josué lui rendent témoignage en mentionnant certains faits dont il contient le récit. Les premiers mots du livre des Juges, i, 1, considèrent Josué comme ayant été le chef des Israélites dans la guerre contre les Chananéens. Le récit de la prise de Cariath-Arbé, Jud., i, 10-15, si on met les verbes au plus-que-parfait, n’est que la répétition de Jos., xv, 13-19. Sauf pour le nom de la tribu, il y a accord entre Jos., xv, 63, et Jud., i, 21. L’héritage de Manassé est le même, Jos., xvii, 11-13, et Jud., i, 27-28. Le sort des habitants de Gazer est raconté de la même manière, Jos., xvi, 10, et Jud., i, 29. Le résumé de l’histoire des Juges, ii, 11-m, 6, suppose l’existence des tribus chananéennes que Josué n’avait pas exterminées, xiii, 2-6. L’alliance avec les Gabaonites est rappelée, II Reg., xxi, 2, aussi bien que le séjour de l’arche à Silo, Jud., xviii, 31 ; Ps. lxxvii, 60, l’extermination des Chananéens, Jud., ii, 2 ; III Reg., xiv, 24 ;


IV Reg., xxi, 2, la destruction de Jéricho, III Reg., xvi, 34, les conquêtes et le partage de la Terre Promise, Ps. lxxvii, 54-55, et le passage miraculeux du Jourdain. Ps. lxv, 6 ; Ps. cxiii, 3, 5 ; Habac, iii, 8. L’éloge de Josué et de Caleb, Eccli., xlvi, 1-12, résume l’œuvre du héros tout entière, telle qu’elle est exposée dans le livre qui porte son nom. Le diacre Etienne attribue à Josué la conquête de la Palestine. Act., vii, 45.

Sans confirmer directement la vérité du livre de Josué, les monuments contemporains de l’Egypte la justifient indirectement, en nous faisaut connaître la situation politique du pays de Chanaan, conforme à celle que suppose le récit sacré. D’autre part, les explorations géographiques ont constaté l’exactitude des données topographiques de ce livre. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., Paris, 1896, t. iii, p. 3-16. Procope, De bello vandalico, t. III, c. xx, rapporte qu’il y avait à Tigisis, dans l’Algérie actuelle, deux stèles sur lesquelles les habitants avaient fait graver en langue phénicienne cette inscription qu’il reproduit en grec : ’H[j, eïç è<j|j.ev oî epÛY 0VT£ 5 " 7C <* ^pourâtiou’Iïi<toû toû). » ]<rTOÛ, uioû Nauïj. Cf. Verdière, Émigration des Chananéens chassés de Palestine en Afrique, dans les Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Selles-Lettres ; Journal officiel, 1 er et 14 juillet 1874, p. 4561, 4912-4913 ; M. Budinger, De coloniarum quarumdam phœniciarum primordiis cum Debrseorum exodo conjunctis, dans les Sitzungsberichlc der Akademie der Wissenschaften in Wien. Philos. -Bistor. Classe, t. cxxv, 1891, x, p. 30-38.

VII. Commentaires.

Des Pères.

Origène,

Eclecta in Jesum Nave ; Homilise m librum Jesu Nave, t. iii, col. 819-948 ; S. Éphrem, In Josue, Opéra syriaca, Rome, 1737, t. i, p. 292-307 ; Théodoret, Qusestiones in Josuam, t. lxxx, col. 457-486 ; S. Augustin, Locutiones in Heptateuchum, t. VI, t. xxxiv, col. 537-542 ; Qusestiones in Heptateuchum, t. VI, ibid., col. 775-792 ; Procope de Gaza, Comment, in Josue, t. lxxxvii, col. 9911042 ; S. Isidore de Séville, Qusestiones m librum Josue, t. lxxxiii, col. 371-380, ou V. Bédé, Qusestiones super Jesu Nave librum, t. xciii, col. 417-422 ; Raban Maur, Comment, in librum Josue, t. cviii, col. 999-1108, Rupert, In librum Josue, t. clxvii, col. 999-1024. La plupart des Pères ont recherché le sens allégorique plutôt que le sens littéral. — 2* Au moyen âge. — Hugues de Saint-Cher, Postilla, Venise, 1754, t. i ; Nicolas de Lyre, Postilla, Venise, 1588, t. n ; Denys le Chartreux, Opéra, Cologne, 1533, t. n ; Tostat, Opéra, Venise, 1728, t. v. — 3° Dans les temps modernes. — 1. Catholiques.

Cajetan, Comment, m hb. Josue, etc., Rome, 1533 ; Vatable, Annotationes m V. T., Paris, 1545 ; édit. expurgée, Salamanque, 1584 ; Clarius, Scholia, Venise, 1542 ; A. Mæs, Josuse imperatoris historia illustrata atqueexplicata, Anvers, 1574 (dans Migne, Cursus completus Sac. Script., t. vu-vin) ; Arias Montanus, De optimo imperio seu in libr. Josue comment., Anvers, 1583 ; Serarius, Josue, 2 in-f°, Mayence, 16094610 ; Bonfrère, Josue, Judices et Ruth, Paris, 1731 ; C. Magalian, Comment, m Josuse historiam, 1611 ; Marcellius, Comment, in l. Josue, 1661 ; Calmet, Commentaire littéral, 2e édit., Paris, 1724, t. ii, p. 1-143 ; J. Félibien, Pentateuchus historicus seu libri quinque historici, Josue, etc, Paris, 1704 ; Hellbig, In libros Josue, Judicum, Ruth, Cologne, 1717 ; Monterde, Comment, theol. in. hb. Josue, Ruth, Valence, 1702 ; Clair, Le livre de Josué, Paris, 1877. — 2. Protestants. — Sans parler des anciens commentateurs, Drusius, 1618, Osiander, 1681, Sébastien Schmidt, 1693, Le Clerc, 1708, citons Maurer, Commentar ïiber dos Buch Josua, Stuttgart, 1831 ; Rosenmuller, Scholia in V. T., Leipzig, 1833 ; Keil, Bïblischer Kommentar ûber das A. T., 2e édit., Leipzig, 1874, t. n ; Espin, Joshua, dans le Speaker’s Commentary, Londres, 1872 ; Fay, Das Buch Josua, Bielefeld, 1870,

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