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JOSIAS


au. salaire des charpentiers et des maçons. Les conducteurs des travaux, Johath, Abdias, Zacharie etMosollam, étaient des hommes de zèle et de confiance ; on crut inutile de leur demander des comptes. Des lévites, choisis parmi les plus habiles musiciens, surveillaient les ouvriers. IV Reg., xxii, 3-7 ; II Par., xxxiv, 8-13. Cette entreprise de Josias fut l’occasion d’un incident des plus importants. « Au moment où l’on sortait l’argent qui avait été apporté dans la maison de Jéhovah, le prêtre Helcias trouva le livre de la loi de Jéhovah par la main de Moise. » II Par., xxxiv, 14. Ces expressions excluent formellement l’hypothèse d’une trouvaille antérieure, dont le grand-prêtre aurait réservé la révélation à un moment favorable. Elles ne vont pas cependant jusqu’à l’aire du rouleau en question un autographe de Moise ; c’est la Loi de Jéhovah « par la main de Moïse », c’est-à-dire la Loi que Moise avait jadis écrite et promulguée au nom du Seigneur. Mais les paroles de l’historien restent justes même s’il s’agit d’une copie plus ou moins ancienne ; c’est toujours « la Loi de Jéhovah par la main de Moise ». Helcias remit le volume à Saphan, qui le porta au roi et le lui lut. Après cette lecture, le roi déchira ses vêtements et ordonna de consulter Jéhovah. Il redoutait la colère du Seigneur, parce qu’on n’avait tenu aucun compte des paroles contenues dans lelivre. Saint Jérôme, ! » Ezech., i, i, t. xxv, col. 17, et saint Jean Chrysostome, In Matth., ix, t. lvii, col. 180, disent que ce livre n’était pas le Pentateuque, mais seulement le Deutéronome. Le Pentateuque ne pouvait en effet être entièrement inconnu de Josias, qui venait de prendre tant de mesures contre l’idolâtrie. Il s’agissait du Deutéronome, spécialement de la partie v-xxviii, qui répète le décalogueet contient les malédictions contre les transgresseurs. Depuis cinquante-sept ans, les cultes idolâtriques étaient installés officiellement à Jérusalem et dans tout le royaume. Il n’est donc pas étonnant que cette partie des anciens livres ait échappé à la mémoire de beaucoup d’Israélites, et à la connaissance de Josias et des hommes les plus jeunes parmi son peuple. On ne peut dire cependant jusqu’à quel point Helcias, les prêtres et les lévites partageaient l’ignorance générale. Voir Pentà.teuque, Deutéronome.

Helcias et les envoyés du roi allèrent consulter la prophétesse Holda. Voir Holda, col. 727. Celle-ci annonça que le Seigneur allait déchaîner sur le royaume les malédictions écrites dans le livre qu’on venait de trouver. Ces malédictions étaient méritées par l’idolâtrie persistante du peuple. Quant au roi, parce qu’il s’était humilié devant Dieu, il ne verrait pas de son vivant les calamités annoncées et serait placé dans le sépulcre de ses pères. IV Reg., xxii, 8-20 ; II Par., xxxiv, 14-28. — Il ne semble pas qu’on ait eu besoin de lire à Holda l’écrit trouvé dans le Temple. Elle en connaissait le contenu, ce qui tendrait à démontrer que le Deutéronome était encore connu d’un certain nombre d’Israélites fidèles. — Après avoir reçu la réponse de la prophétesse, le roi fit rassembler le peuple dans le Temple, lut en public le livre de l’alliance qu’on avait trouvé et fit jurer fidélité au Seigneur par tous les hommes de Jérusalem et de Benjamin qui étaient réunis. Il voulut que la Pàque suivante fût Célébrée solennellement selon toutes les règles. Ces régies, formulées par Moise, furent observées sans hésitation, ce qui prouve qu’on les connaissait bien. IV Reg., xxiii, 21-23 ; II Par., xxxv, 1-19. Josias prescrivit aux lévites de mettre dans le Temple l’arche qui en avait été retirée ; il leur rappela qu’ils n’avaient plus à la porter sur leurs épaules, puisqu’elle devait toujours rester dans le Saint des saints, et leur recommanda de se consacrer tout entiers à leur ministère, selon les classifications établies par David et par Salomon. II Par., xxxv, 3, 15. Sur ses propres biens, il donna au peuple trente mille agneaux ou chevreaux pour la Pâque et trois mille bœufs pour les sacrifices. Sa libéralité fut imitée par

Helcias et d’autres chefe, qui donnèrent de leur côté-sept mille six cents agneaux et huit cents bœufs. Jadis, sous David, I Par., xvi, 1-3, et Salomon, I Par., vii, 8, on avait offert de solennels sacrifices ; sous Asa, II Par., xv, 11, 12, et sous Joas, II Par., xxiii, 16-20, on avait renouvelé officiellement l’alliance avec le Seigneur ; sous Ézéchias, il y avait eu à la fois renouvellement de l’alliance, purification du Temple et célébration de la Pâque, II Par., xxix, 10, 17 ; 1-27 ; mais, en cette dernière occasion, les prêtres étaient en petit nombre. II Par., xxix, 34. Sous Josias, au contraire, tout se réunit pour donner à la triple solennité un éclat extraordinaire, ce qui permet à l’historien sacré de dire : « Aucune Pâque pareille à celle-là n’avait été célébrée en Israël depuis les jours du prophète Samuel ; aucun des rois d’Israël n’avait célébré une Pâque comme celle de Josias, avec les prêtres et les lévites, tout Juda et ce qui s’y trouvait d’Israël, et les habitants de Jérusalem. » II Par., xxxv, 18 ; IV Reg., xxiii, 22. Le retour à Dieu fut sincère et durable de la part d’un certain nombre d’Israélites. Quant à Josias, « il n’y eut pas de roi qui, comme lui, revînt à Jéhovah de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa force, selon toute la loi de Moïse, et après lui on n’en vit pas de semblable. » IV Reg., xxiii, 25.

Le roi, après ces grandes solennités, ne continua qu’avec plus d’ardeur le travail commencé la douzième année de son règne pour extirper de partout les traces de l’ancienne idolâtrie. L’historien des Rois, IV Reg., xxiii, 4-20, fait l’énumératiou des mesures qu’il prit à cet égard et dont beaucoup sont antérieures à la grande Pâque. Cette énumération constitue l’inventaire de tout l’attirail idolâtrique introduit dans le royaume par Manassé. Le pieux roi fit donc enlever du Temple tout ce qui servait au culte de Baal, d’Astarthé et de l’armée des cieux ; il brûla tous ces objets hors de Jérusalem, dans la vallée de Cédron, en fit porter la cendre à Béthel, où se trouvait l’autel idolâtrique de Jéroboam, et la répandit sur les tombes du peuple. Il abattit les demeures des courtisanes qui avaient été édifiées dans le Temple même, et dans lesquelles les femmes tissaient des tentes pour Astarthé. Il fit disparaître des dépendances du Temple les chevaux consacrés au soleil par ses prédécesseurs et en brûla les chars ; les autels élevés par Manassé dans les parvis du Temple furent réduits en poussière. Il supprima les hauts-lieux qu’on avait créés à deux portes de la ville, et tous ceux qui existaient dans le pays, de Gabaa à Bersabée ; il souilla ceux qui avaient été établis au mont des Oliviers sous Salomon, en l’honneur d’Astarthé, de Chamos et de Moloch, et mit des ossements sur leur emplacement. Il souilla également Topheth, dans la vallée de Géennom, où l’on passait les enfants par le feu en l’honneur de Moloch. Voir Moloch. Il chassa de partout les prêtres des idoles, les devins, et tous ceux qui exerçaient des professions idolâtriques. Les prêtres lévitiques qui avaient exercé un ministère dans les hauts-lieux furent déchus de leur emploi et ne purent plus servir dans le Temple de Jérusalem. L’autel de Béthel eut le sort qui lui avait été prédit jadis, au moment où Jéroboam relevait, un prophète était venu dire : s Autel, autel, il naîtra un fils à la maison de David ; son nom sera Yo’Sîydhû, Josias ; il immolera sur toi les prêtres des hauts-lieux qui brûlent sur toi des parfums, et l’on brûlera sur toi des ossements humains. >/ III Reg., xii, 2. Josias accomplit la prophétie. Il fit les mêmes exécutions dans les villes de Samarie.

IV Reg., xxiii, 4-20, 24.

Tant de zèle ne put cependant conjurer la ruine de Juda, irrévocablement décrétée par le Seigneur. Le malheureux royaume, coupable de tant d’infidélités, n’avait plus même un quart de siècle à subsister. Les fils de Josias, qui vont lui succéder les uns après les autres pendant ce court espace de temps, ne tiendront aucun compte des réformes religieuses opérées par leur